Jusqu’à un passé récent, l’Union fait la nation donnait l’impression d’évoluer en vase clos. Se croyant peut-être suffisamment aguerrie pour obtenir la victoire au terme de la prochaine présidentielle, cette alliance de partis et mouvements politiques donnait l’impression de ne compter que sur ses forces. Le dépôt la semaine écoulée des dossiers des deux candidats à la candidature unique de l’Union donnait le signal de ce qu’un grand virage était sur le point d’être amorcé. Eric Houndété d’un côté et Emmanuel Golou de l’autre, ont passé jusqu’ici le clair de leur temps à démontrer la pertinence de leur candidature à ce bloc politique, oubliant qu’il ne suffit pas d’être désigné pour remporter la victoire.
Ne voulant pas connaître à nouveau les déboires de 2011, les dirigeants de l’Un se sont finalement rendus à l’évidence. Puisque le but recherché est de gagner cette élection majeure, il valait mieux envisager dès maintenant la piste d’une candidature externe. En effet, la rivalité et le degré d’engagement des deux prétendants à la candidature unique sont tels qu’il serait risqué de porter son choix sur l’un au détriment de l’autre. Il n’est pas exclu que le perdant à ce niveau se lance dans la course en toute indépendance. Mais, même en considérant l’intégralité des forces de l’Union ou de ce qu’il en reste, ce serait vraiment suicidaire que les ténors de cette alliance continuent de se recroqueviller sur eux-mêmes. En effet, leurs adversaires à savoir les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), le Parti du renouveau démocratique (Prd), la Renaissance du Bénin (Rb), pour ne citer que ceux-là, évoquent de plus en plus l’idée d’une ouverture en vue d’une grande coalition.
De plus, le cadre de concertation de l’opposition né des suites de l’élection de Adrien Houngbédji au perchoir et auquel appartient l’Un tend vers une union des forces. Dans ce contexte, à quoi bon forcer une candidature au sein de l’Union si de l’autre côté, le schéma qui se dessine laisse sérieusement penser à la possibilité d’une victoire ? Bruno Amoussou, fort de ses expériences et de sa connaissance du milieu politique béninois, a compris qu’il valait mieux rentrer dans la danse au lieu de foncer droit dans le mur. On va à une élection, non pour y participer, mais pour gagner. Si tel est le vœu de l’Un et de ses deux candidats, le réalisme recommande de tout remettre à plat afin de penser sérieusement la posture de l’alliance pour le compte de la présidentielle.
A tout point de vue, l’ouverture de ce regroupement à d’autres forces politiques est nettement préférable à une candidature à l’interne qui, le cas échéant, ne passerait le cap du premier tour qu’au moyen d’un miracle.
Moïse DOSSOUMOU