La gratuité, dans l’enseignement, fait parler d’elle à nouveau au Bénin. Mais, cette fois, elle concerne les jeunes filles du second cycle du cours secondaire. Partie du cours primaire, elle ne tarda pas à atteindre le premier cycle du secondaire, avant que le weekend écoulé le président de la République ne l’étende au second cycle. Elle revient donc, cette mesure prise en vue de faciliter aux jeunes filles l’instruction, dans l’objectif de rompre avec cette tradition de chez nous qui leur impose des conditions trop peu favorables à la scolarisation. Soit ! Car après tout, le constat se fait plus que désolant de voir des jeunes filles abandonner les classes, soit trop tôt, soit dans certaines conditions fort regrettables, et pour diverses raisons. C’est justice, par conséquent, de permettre aux enfants de sexe féminin d’étudier au même titre que ceux du sexe masculin ; et ce, d’autant qu’il est aisé de démontrer de nos jours que des jeunes filles réussissent brillamment à l’école, pendant que bien des garçons échouent.
Trêve de dérives traditionnelles donc, et place à la réalité qui, dorénavant, éloigne des stéréotypes et autres idées reçues l’école béninoise, qui doit être mixte dans tout le sens de l’acception. Seulement, parlant de gratuité de l’école au Bénin, la réalité sur le terrain ne fait pas de l’expérience déjà faite une mesure à applaudir sans réserve, à apprécier sans nuance, à envisager sans recul. Tout est loin d’être rose en effet, en matière de gratuité de l’enseignement au Bénin. Ce ne sont pas les chefs d’établissement qui démentiront une telle affirmation. Bien au contraire ! La gratuité a fait et fait couler encore de l’encre et de la salive, tant et si bien que si l’on doit prendre l’avis des acteurs de l’école, notamment les Associations de parents d’élèves et les autorités en charge des établissements scolaires, ils ne manqueraient pas de souhaits à exprimer et de propositions à faire aux autorités étatiques, aux fins d’une meilleure politique en la matière. Car la gratuité n’a pas fait que du bien, en dehors de ce qu’elle permet l’inscription massive des jeunes filles.
Le non-paiement des frais d’inscription constitue même un sujet de grande inquiétude pour les directeurs des établissements, ceux-ci ne sachant parfois pas où donner de la tête lorsque la masse des apprenantes se déverse sur eux. Au même moment, où les établissements manquent de tout : salles de classe, matériel de travail, moyens financiers pour divers usages, etc. Et tout cela, par la faute, justement, de l’Etat qui peine à leur octroyer les subventions promises. Moralité : la gratuité de l’enseignement fait du bien en termes de scolarisation massive des jeunes filles, mais elle ne fait guère du bien aux établissements censés les accueillir et leur offrir un enseignement de qualité. C’est un secret de polichinelle.
C’est du pléonasme même, au regard de la répétition des plaintes qui se sont régulièrement fait jour, depuis la prise de cette mesure pour la toute première fois. La nouvelle décision relative au second cycle du secondaire, quelque part, pèche donc incontestablement par manque de réalisme, confirmant ainsi tout ce qui se dit de mal de la gratuité de l’enseignement au Bénin, quand bien même la mesure vise à résoudre un problème majeur.
Sébastien DOSSA