Candidature unique de l’opposition à la présidentielle de 2016. Un rêve que caressent toujours les acteurs, bien que la réalité contraste avec de telles ambitions. Les alliances Abt, Un, Soleil, And, Fdu et les partis Prd et Rb vivent sous la nostalgie de la nuit du 19 mai 2015. Pourtant, l’union qui a consacré l’élection de Me Adrien Houngbédji au perchoir ne tient plus qu’à un fil. Elle est davantage fragilisée par l’option de la participation à tout prix, à la gestion du pouvoir au lendemain de l’élection présidentielle de 2016, qui a tôt fait d’aveugler les leaders du cadre de concertation des forces de l’opposition. Les déchirures sont perceptibles, et sauf un miracle, l’opposition aura de la peine à coller les morceaux. Les opposants ont de belles idées, de belles envies, mais n’ont pas les moyens politiques pour atteindre leurs objectifs.
D’une part, l’incertitude et la division ont regagné les états majors des partis ou alliances de partis politiques membres du cadre de concertation, et d’autre part, les positions sont tranchées sur les choix de candidatures à la magistrature suprême. Il est une évidence que le candidat Abdoulaye Bio Tchané qui n’est pas à son premier essai, veuille aller jusqu’au bout de ses ambitions de franchir les marches du palais de la Marina au soir du 6 avril 2016. L’And est en proie à la division. Il est désormais avéré que les leaders de cette alliance n’iront pas en rang serré à la présidentielle de 2016.
Des intérêts divergents…
D’aucuns prêcheront pour l’homme d’affaires Patrice Talon, d’autres pour le candidat des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) et d’autres encore pour l’opérateur économique Sébastien Ajavon. C’est dire que Valentin Aditi Houdé et ses pairs ne serviront pas la cause du cadre de concertation des forces de l’opposition. En effet, les candidatures des deux hommes d’affaires constituent déjà une source de division de l’opposition. La présence de Talon et Ajavon dans la course donne naissance à deux pôles qui vont cristalliser les divergences de l’opposition. De plus, les deux anciens sponsors politiques ont des affinités dans cette opposition ce qui entraîne du coup, des discordances de voix.
Au niveau de l’alliance Soleil que préside l’honorable Sacca Lafia, les dés sont pipés. Officiellement, l’alliance Soleil, du moins pour ce qui en reste a déclaré son soutien au magnat du coton, Patrice Talon. D’autres personnalités très influentes de ce regroupement politique ont jeté leur dévolu, les uns sur le Général Robert Gbian, les autres sur le président du patronat, Sébastien Ajavon.
Si les soutiens de l’And, de l’alliance Soleil, de l’alliance Abt manquent déjà à l’appel, il serait légitime d’affirmer que l’opposition a du pain sur la planche. Et dans le camp des partis Rb et Prd, l’avenir n’est pas moins obscur. Le mutisme règne en maître et juste derrière, des négociations avec les potentiels candidats déclarés. De mieux en mieux, Léhady Soglo envisage soit de se porter candidat, soit de soutenir le candidat Fcbe ou l’un des hommes d’affaires, Talon ou Ajavon. Le professeur Mathurin Nago de l’alliance Fdu, n’a pas définitivement enterré son rêve pour le fauteuil présidentiel. En politique, rien ne vaut les intérêts, et tout le monde entend bien négocier le virage de 2016. D’ailleurs, malgré le processus des primaires en cours au sein de l’alliance, l’Un continue de jouer la carte de la prudence. Tous semblent donc déterminés à tirer des dividendes du prochain quinquennat. Une vision qui complique davantage les négociations et il serait difficile voire impossible de concilier les ambitions à trois mois du premier tour de la présidentielle de 2016. Il faut plutôt affronter la réalité et miser sur les jeux d’alliances au second tour. C’est plus raisonnable. Car, la réalisation de ce rêve de candidature unique exige de grosses concessions de la part des cadors de l’opposition et qu’il ait surtout des renoncements à d’évidentes candidatures. Décidément, l’opposition n’est pas sortie de l’auberge.
Arnaud DOUMANHOUN