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Je suis le problème, Talon est la solution
Publié le mercredi 25 novembre 2015  |  La Nouvelle Expression
Me
© aCotonou.com par DR
Me Joseph Djogbénou, président d`honneur du Parti « Alternative Citoyenne », candidat potentiel à la présidentielle de 2016.




(Une tribune de Me Joseph Djogbénou )

’ Lorsqu’aux États-Unis, Michael Bloomberg, Jonh Kerry, Bob Dole, Georges W. Bush, John Mc Cain, Willard Mitt Romney et Donald John Trump décidèrent de briguer la magistrature suprême, je n’ai eu rien à dire. Ils sont blancs, ils sont américains.


Lorsqu’en France, Jean Taittinger, Emile-Justin Menier, Jean - Baptiste Doumeng, Olivier Dassault, Thierry Bretton, Jean - François Fontaine et Bernard Tapie sont entrés en politique, je n’ai eu rien à dire, ils sont français, et blancs, et peut-être bien que je n’en ai pas eu connaissance.
Lorsqu’en Thaïlande, Taksin Shinawatra, ou au Singapour, Leen Kuan Yew hommes d’affaires, gouvernèrent ces pays, et que, en Suisse, Christoph Blocher s’impliqua dans les affaires publiques, j’en reste indifférent.

Lorsqu’en Afrique du Sud Thabo Mbeki, Jacob Zuma, Cyril Ramaphosa et Robert Guemede décidèrent de briguer la magistrature suprême, je n’ai eu rien à dire. Ils sont d’une autre Afrique, qui est du Sud.

Lorsqu’en République Démocratique du Congo, Moiise Katumbi, qui finança en 2006 l’élection de Joseph KABILA, décida de gouverner la grande et riche province du Katanga pour entreprendre de postuler à la Présidence de la République de son pays, je ne dis rien, soit parce que je ne le savais pas, soit parce que j’en suis indifférent.
Lorsque les cinq (5) plus grandes fortunes du monde, notamment, Bill Gates (Américain, dont la fortune est estimée à 79,2 milliards de dollars), Carlos SLIM ( Mexicain, dont la fortune est estimée à 77,1 milliards de dollars), Waren Buffet ( Américain, dont la fortune est estimée à 72,7 milliards de dollars), Ortega Amancio ( Espagnol, dont la fortune est estimée à 64,5 milliards de dollars), Larry ELLISON ( Américain dont la fortune est estimée à 48 milliards de dollars) déterminent la politique du monde, et donc celle du Bénin, par leur influence sur les gouvernements américains et européens, leur participation dans les banques et les sociétés d’assurance, je ne dis rien. Ces fortunes soulagent ma conscience parce qu’elles ne sont pas béninoises.

Lorsqu’au Bénin, ISSA Salifou, Adjovi Sévérin, Séfou Fagbohoun, Christian Lagnidé, Lionel Zinsou ont tenté ou décidé de briguer la magistrature suprême, je n’ai eu rien à dire, je ne dis rien, cela convient à mon idéal politique.

Lorsque dans le même pays, des députés, des ministres, le président de la République, investissent dans le BTP, dans les télécommunications, dans le tourisme et dans l’hôtellerie, détiennent des parts importantes de marché dans des secteurs économiques majeurs tels que le coton et les véhicules d’occasion, par eux - mêmes ou par prête-nom, cela me va bien, et je n’ai aucun problème sur le terrain de l’éthique.

Mais lorsque Patrice Talon décide de traduire en acte son engagement constant en politique et aux côtés des politiques, cela devient pour moi une préoccupation.
Lorsqu’il ajoute que les dérives auxquelles nous avons assisté ces dernières années appellent des réformes politiques et institutionnelles profondes, des réformes économiques courageuses et des décisions sociales d’envergure, qui nous éloignent de la division, de la discrimination et garantissent à l’avenir l’épanouissement de chacun et de tous, je deviens perplexe.

Lorsqu’il ajoute surtout que ces réformes ne peuvent surtout être assurées que par une personnalité détachée de l’exercice du pouvoir qui n’aspire pas au renouvellement de son mandat, je suis circonspect.

Dans le fond, j’ai peu d’exigences à l’égard des autres qu’à l’égard de celui qui se bat, et qui combat avec vaillance les dérives dictatoriales du régime en place sur fond d’arbitraire et d’injustice, au péril de sa carrière et de sa vie. Je préfère la compromission de tous à l’audace de quelques-uns.

J’ai peu de préoccupations à l’égard de ceux qui n’apportent rien à l’économie qu’à l’égard de ceux qui, au prix de leur confort, de leur vie, se battent afin que la dignité commune produise celle de chacun, l’épanouissement de la collectivité soit celui de l’individu.

Je n’ai point de souci, surtout lorsque, se contentant de s’indigner, on ne diagnostique rien, on ne propose rien, on ne s’engage à rien.

Je ne veux pas que des hommes d’affaires entrent en politique, ils sont à peine des citoyens; je veux juste que les politiques, qui ne sont pas hommes d’affaires, pillent nos affaires.

Et pour cela, j’en appelle à toutes les compromissions, je suggère même une insurrection institutionnelle qui torde le coup au droit, en vue d’un ralliement opportuniste à Yayi contre la démocratie, juste pour éliminer Patrice Talon.

Je ne tiens surtout à la morale que lorsqu’elle est partiale, partielle voire parcellaire.

Je suis, au fond, le problème. Mais la solution, c’est Talon.’
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