La bataille pour le renouvellement des membres de la municipalité de Cotonou s’annonce très serrée. Contrairement aux deux premières élections, les formations politiques sont nombreuses à vouloir conquérir "la métropole" du Bénin. La ville de Cotonou est convoitée et la Renaissance du Bénin (Rb) qui y règne depuis une décennie devrait s’inquiéter. A commencer par l’actuel maître des lieux, Nicéphore Soglo ou encore son dauphin Léhady Soglo.
Les choses ont bien évolué à Cotonou.
La configuration politique. Peut-être plus profondément qu’on le pense. Les Renaissants qui ont jusque-là géré sans partage la « Maison blanche » de Cotonou doivent craindre désormais quant au renouvellement de leur mandat. Car les prochaines joutes électorales constitueront une épreuve redoutable entre les actuels locataires de la mairie et les nouveaux conquérants qui menacent d’utiliser toutes les armes pour déloger les Soglo. Ils sont en effet nombreux à vouloir mettre le grappin sur Cotonou. Les « Houézèhouè » comptent bien y rester. Pour eux, Cotonou reste un fief traditionnel. Il y a des Renaissants convaincus qui ne trahiront sous aucun prétexte leur leader : Nicéphore Soglo. Certes, le mythe Soglo reste encore présent dans certains cercles à Cotonou et va continuer à faire recette. Mais, il y a de petits bouleversements. Les Soglo ont fait leur preuve à la tête de la mairie. Et il y a des déçus qui voudront bien que d’autres hommes apportent leurs solutions aux problèmes de la ville. Si l’échec à Cotonou ne relève pas de la seule responsabilité de l’équipe dirigeante, il y a eu tout de même des promesses de gascon. Outre la déception qui se lit dans le rang de plusieurs fidèles renaissants, les défections au sein de la Rb ne devraient pas du tout arranger les choses pour l’actuelle équipe municipale. Les dernières en date, celles des députés Epiphane Quenum et Ali Camarou pourraient compliquer l’équation pour les Soglo. L’ancien vice-président de la Rb, Epiphane Quenum, l’un des fidèles des fidèles est bel et bien l’un des fondateurs du Rassemblement pour la démocratie et la République (Rdr). Et il entend bien faire fort dans le Littoral. Ses déballages sur son ancien parti (Lire Le Matinal du mardi 17 septembre 2013) pourraient faire tâche d’huile. Mieux samedi dernier, Epiphane Quenum et Ali Camarou, les co-fondateurs du Rdr, ont annoncé la participation de leur parti aux prochaines communales. La nouvelle formation politique selon eux, travaillera à faire régner à Cotonou une nouvelle gestion afin de donner aux populations ce que la Rb n’a pas pu leur offrir. Une annonce pour le moins éloquente. Même s’il n’est pas dans la logique de l’affrontement, le Rdr ne rendra pas la tâche facile aux Soglo. Il contribuera à effriter l’électorat de la Rb. Ce qui sera un mauvais point pour les Soglo qui ont tout à perdre dans une telle bataille.
Le Frap, les Fcbe et le Prd, les autres concurrents…
En réalité, d’autres formations politiques pourront tirer profit de la brèche qu’ouvre désormais le Rdr dans la citadelle Rb. Bien argentées, elles réussiront à échauder la Rb qui perd de jour en jour de ses plumes même sur son propre terrain. Le Front républicain pour une alternative patriotique (Frap) et les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) convoitent très bien la mairie de Cotonou. D’ailleurs, elles ne ratent aucune occasion pour peindre en noir le bilan des dirigeants. A maintes reprises, le Frap a qualifié de calamiteuse la gestion de Léhady Soglo et de son père. L’objectif est évident : décrédibiliser l’équipe en place et négocier les suffrages des citoyens. Si le combat est encore loin d’être gagné, ces formations politiques qui bénéficient du soutien du pouvoir comptent tout de même batailler dur pour le contrôle de Cotonou. A tout le moins, les membres du Frap sont déterminés à arracher à la Rb, la mairie. Les anciens alliés des « Houézèhouè » ne seront pas du reste. L’Union fait la Nation et le Parti du renouveau démocratique (Prd) comptent peser de tous leurs poids au cours des prochaines échéances électorales. Ils comptent s’investir à fond pour consolider leur présence au sein d’une municipalité qui reste la vitrine du Bénin. Le Prd qui est très engagé dans cette bataille, n’écartait, il y a quelques mois, aucune solution (alliance avec d’autres formations politiques) pour bouter la Rb hors de la mairie. Le Réso Atao, lui, fortement dominé par le transfuge du Prd, le député Mohamed Atao Hinnouho ne cache pas non plus ses ambitions. Implanté à Cotonou, il compte jouer toutes ses cartes lors des prochaines communales qui pourraient se révéler épiques compte tenu des enjeux dont elles sont faites. Et puis, il ne faut pas minimiser les chances du parti « Restaurer l’espoir » de Candide Azannaï. L’électorat de Cotonou est donc très sollicité. Les configurations politiques ayant changé, les résultats des prochaines élections municipales et communales seront tout autres. Les lignes bougent. Et des formations politiques peuvent apprendre les dures réalités à leurs dépens. Mais le charisme de Nicéphore Soglo et le mythe de la Rb sont loin de « s’éteindre ».
