Présidentielle de 2016 : La classe politique prise de court

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Publié le jeudi 26 novembre 2015 | La Presse du Jour

© Autre presse par DR
Election

Tout est allé très vite. Ce qui paraissait, il y a quelques mois comme des rumeurs, se révèle désormais vrai. Les deux plus grands opérateurs économiques du Bénin, Patrice Talon et Sébastien Ajavon, seront effectivement candidats pour la présidentielle de l’année prochaine. Croyant très fermement en leurs chances pour remplacer Yayi, ils mobilisent déjà les Béninois à leur cause. Un vrai casse-tête pour la classe politique nationale.

Habituellement au premier plan à l’approche des élections, notamment celle élisant le président de la République, la classe politique béninoise se retrouve aujourd’hui à jouer les seconds rôles. Certains diront que les différentes chapelles de cette classe politique s’activent à proposer leur candidat à travers des primaires. Seulement, ces primaires durent en temps. On se demande également l’utilité de ces primaires qui sont annoncées. Au sein de la mouvance au pouvoir comme dans l’opposition, ces choix «démocratiques» du candidat unique pourraient être source de division des groupes. De part et d’autres, les germes de division sont déjà là. Du côté de la mouvance présidentielle, le candidat de Yayi ne fait pas l’unanimité. Si ce choix venait à être effectif, pas sûr que Lionel Zinsou bénéficie de toutes les forces de l’alliance soutenant les actions du régime en place. Pas sûr que les ministres François Abiola, Issiffou Kogui N’douro et pourquoi pas d’autres se laissent faire. D’ailleurs, on annonce certains caciques du régime vers d’autres présidentiables. Dans l’opposition, précisément à l’Union fait la Nation, la situation est semblable. Le processus de désignation du candidat unique, de plus en plus, se révèle être une formalité à remplir. Puisque c’était annoncé, il fallait aller au bout. Mais finalement, que vaudra le candidat de l’Union fait la Nation ? Puisqu’au même moment, des partis de ce même regroupement politique sont dans une autre dynamique. Le nouveau regroupement politique derrière lequel se trouve justement l’Union fait la Nation est dans le schéma de supporter un candidat. Il y a de fortes chances que ce candidat ne soit pas Emmanuel Golou ou Eric Houndété, les deux en compétition aux primaires de l’Un. Par contre, au niveau du Parti du renouveau démocratique (Prd), l’heure est aux calculs, à la prudence. Courtisé de toutes parts, le plus grand parti du Bénin, considérant les résultats des dernières législatives, semble prendre son temps pour choisir son camp. Le Prd travaille pour ne pas se tromper dans son choix. Seule certitude, le Prd ne présentera pas un candidat à l’interne. Il se prépare pour se mettre dans la peau de faiseur de roi externe au parti. Même hésitation à la Renaissance du Bénin (Rb). Rien ne s’annonce de ce côté. Tout ceci, en réalité, fait désordre. La situation est telle parce que la classe politique est prise de cours par les non-politiques. Le terrain politique étant laissé aux non-politiques, la classe politique ne sait où mettre la tête. La suite des événements risque d’échapper aux partis politiques traditionnels. Surtout que les autres, Talon, Koupaki, Ajavon etc. sont en train de gagner du terrain dans les populations. D’ailleurs, ils ont déjà récupéré des partis politiques. Ils vont encore en récupérer. Tout ceci fragilise à coup sûr les partis et alliances de partis existants. Que vaudront-ils au moment venu ?

Jean-Marie Sèdolo