Le 17 décembre 1999, par sa résolution 54/134, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 25 novembre Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Au Bénin, le Réseau Ouest Africain pour l’édification de la paix Wanep-Bénin avec l’appui de son partenaire financier la GIZ lance une série d’activités pour sensibiliser la population sur les différentes sortes de violences dont sont victimes les femmes et les filles et les risques qu’encourent leurs auteurs. La première est une émission publique tenue mercredi 25 novembre dernier sur l’esplanade du stade de l’Amitié.
Dans l’après-midi de ce mercredi 25 novembre, l’esplanade du stade de l’Amitié de Kouhounou était aux couleurs de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. Pancartes à l’effigie des artistes comédiens, tee-shirts de couleur blanche et grise étaient porteurs de messages tels que : « Halte aux violences faites aux femmes et aux filles », « Non à toute forme de violences faites aux femmes et aux filles » ou encore « Une éducation sûre pour tous ». Sous deux bâches bien dressées se trouve assis ou debout un public composé de gens qui militent dans des organisations de droits de l’homme, conducteurs de taxi-moto et autres curieux. Devant eux, un car-podium.
Dans son costume marron, le coordonnateur du Wanep Julien Houssou a expliqué à l’assemblée qu’il s’agit d’une émission publique animée par un journaliste qui va recevoir des personnes ressources pour faire l’état des lieux et l’analyse des différentes formes de violences faites aux femmes et aux filles de même que les freins aux mécanisme de prévention, de dénonciation et de répression des cas de violences basées sur le genre. Après le mot de bienvenue de Louisa Talamini représentante de la GIZ pour qui les violences faites aux femmes constituent le plus grand scandale en matière de droits humains, le journaliste Wilfried Adoun, blanc sur du noir vêtu, a invité les personnes ressources à prendre place dans le car-podium. Il s’agit de Silvie Ehako Adohinzin, conseillère juridique du projet Empower, Marie-Gisèle Zinkpé, directrice de la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse, Fernande Adékoun, responsable du centre de promotion sociale de la Place Lénine à Akpakpa, Antoinette Fakamè Dadjo, membre de Rifonga et présidente de l’ONG Ligue Life, Siléméhou Prosper, assistant coordonnateur du projet Lutte contre les violences basées sur le genre à l’Institut Marie-
Auxiliatrice et Docteur Komlan Vidéhouénou Agossou, gynécologue.
Du concept aux formes de violence
Très enrichissants, les débats sur les violences faites aux femmes ont permis au public de se faire une idée sur le concept. Si pour Silvie Ehako Adohinzin le concept de violences faites aux femmes fait recours à tout acte dirigé contre le sexe féminin et qui porte préjudice à son corps ou à son bien-être, Antoinette Fakamè Dadjo le définit simplement par une phrase d’Aristote : « Ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse ». Elle a énuméré les formes de violences qu’elle rencontre souvent dans l’exercice de son métier. Il s’agit des violences physiques (coups de poing, des paires de gifle, le viol), des violences économiques (interdiction à une femme de mener une activité économique) et les violences morales. Sur ce dernier point, elle a suscité la réaction du public en affirmant qu’il y a des femmes qui viennent se plaindre du fait que leur mari ne fait que les lorgner à la maison. Ce qui constitue pour Antoinette Fakamè Dadjo un exemple de violence morale car cela créé chez la femme l’instabilité, le manque de confiance en soi, la culpabilité, toutes choses qui empêchent l’harmonie dans le couple. Prosper Siléméhou a ,quant à lui ,mis l’accent sur l’état dans lequel se trouvent les femmes victimes de violences. « Elles viennent dans un état très perturbé, elles sont stressées, ne tiennent pas des discours cohérents, arrivent difficilement à parler de ce qu’elles ont subi », a-t-il laissé entendre avant de regretter que ces mêmes femmes, une fois la plainte déposée et le processus entamé, certaines subissent des pressions et se rétractent. Pour Dr Komlan Vidéhouénou Agossou, le rôle du médecin est de rassembler les preuves, les traces de violence et à ce titre il enseigne que le 1er réflexe pour une victime est de se présenter dans un centre de protection sociale ou une gendarmerie avant de se doucher.
Bertrand HOUANHO