Monument incontestable de la politique béninoise, Nicéphore Dieudonné Soglo fait l’objet de grandes consultations en cette veille de la présidentielle. Dans ce cadre, il discute avec tous les protagonistes. Candidats déclarés ou non font le tour de la résidence du président-maire qui a d’ailleurs reçu le premier ministre Lionel Zinsou. Au terme des échanges, il avoue avoir rappelé à son hôte sa grande surprise de voir le premier ministre débarquer par la machine FCBE dont la gestion durant les 10 dernières années est émaillée de grands scandales. Selon Soglo, « dans une ambiance où la population est davantage enfoncée dans la misère et la précarité avec les détournements de fonds publics, la mauvaise gestion, le régionalisme qui sont les maux qui caractérisent ce régime, voir un homme de la trempe de Lionel Zinsou venir par cette chapelle, nous interpelle ». C’est cela, justifie-t-il, qui a motivé sa volonté de discuter avec Lionel Zinsou pour le lui dire, le lui faire comprendre clairement et appeler le peuple à comprendre que « le choix se fera entre la peste et le choléra. Puisque d’un autre côté, on observe une perversion et une corruption effrayante dans le milieu politique, l’intrusion des milieux d’affaires dans le combat politique n’offre plus de perspectives à la jeunesse. C’est une situation propice pour les recruteurs de Boko Haram vis-à-vis de tous ceux qui refusent de choisir donc entre la peste et le choléra », a conclu l’ancien président qui appelle à la mobilisation. Voici l’intégralité de ses vérités au premier ministre Lionel Zinsou.
« J’ai été ravi de recevoir le premier ministre, Lionel Zinsou, avec qui nous avons abordé plusieurs sujets d’intérêt national. Je crois que le premier ministre connaît parfaitement les réalités du pays. Il faut que pour ce pays, on puisse répondre à toutes les priorités. Lui-même le sait. Il faut prendre des gens compétents. Vous savez que le premier gouvernement que j’ai formé ce sont 15 personnes, moi compris ! Et j’ai choisi vraiment des gens comme ça ! Et vous avez vu le résultat, lui-même l’a dit. Au bout d’un an, on était parti. C’est dans cette direction qu’il faut aller. On s’était vu dans l’avion, on s’était dit qu’il fallait qu’on se voie. Mais comme dans ce pays les gens passent leur temps à ce que j’appelle de la politique politicienne, ce côté-là ne me plaît pas du tout, où les gens mentent, racontent n’importe quoi. Ce que nous voulons, c’est que ce soit quelqu’un qui soit un patriote qui vienne travailler pour son pays. On lui a collé des tas de choses et tout. Il est le seul en mesure de nous dire pourquoi il est là. Il n’est pas parachuté de l’extérieur, parce que malheureusement, nous avons tous en tête tout ce que la France-Afrique a fait en Afrique francophone, donc les gens sont tétanisés là- dessus.
Il a, à mon avis, les atouts qu’il faut pour vraiment permettre à ce pays d’aller de l’avant. L’actualité préélectorale de la présidentielle prochaine recommande que je discute avec tous les protagonistes. Certains candidats déclarés sont déjà allés me voir. Aujourd’hui c’est le tour du premier ministre.
Nos échanges m’ont permis de découvrir l’homme, très compétent avec une grande culture. Je n’ai aucun doute sur sa maîtrise des grands enjeux de notre pays. Mais je lui ai rappelé ma grande surprise de le voir débarquer par la machine FCBE dont la gestion durant les 10 dernières années est émaillée de grands scandales. Rien que ICC Services a réduit considérablement le pouvoir d’achat de la population qui s’est davantage enfoncée dans la misère et la précarité. Les détournements de fonds publics, la mauvaise gestion, le régionalisme sont les maux qui caractérisent ce régime. Voir un homme de la trempe de Lionel Zinsou venir par cette chapelle nous interpelle. C’est cela qui a motivé ma volonté de discuter avec lui pour le lui dire. Tout le monde connaît ses qualités. Depuis des années, la fondation de sa fille, Marie-Cécile, réalise des choses extraordinaires dans tout le pays dans le domaine de la culture surtout. Vous connaissez mon attachement aux questions culturelles et à la renaissance africaine. Tout ceci est en contradiction avec ce que nous avons vécu au cours des 10 dernières années. Nous n’avons pourtant pas manqué de négocier avec le président Yayi Boni en 2006 avant d’appeler à le soutenir. Dès la formation de son premier gouvernement, il a jeté les accords dans les poubelles. C’est pour nous conduire plus tard au K.O en 2011 suivi des tensions à répétions. Les Béninois ont souffert et souffrent encore de sa guéguerre avec l’homme d’affaires Patrice Talon. L’épisode de la tentative d’empoisonnement a considérablement durci le débat public. Ce n’est donc pas un moment propice pour s’afficher dans un camp ou un autre.En tant qu’homme politique nous devons éviter de donner l’impression aux jeunes que le choix se fera entre la peste et le choléra. Puisque d’un autre côté, on observe une perversion et une corruption effrayantes dans le milieu politique. L’intrusion des milieux d’affaires dans le combat politique n’offre plus de perspectives à la jeunesse. C’est une situation propice pour les recruteurs de Boko Haram vis-à-vis de tous ceux qui refusent de choisir donc entre la peste et le choléra. J’ai parlé de tout cela avec le premier ministre. Nous avons convenu de nous revoir pour approfondir la réflexion notamment dans des domaines comme l’énergie, l’agriculture, la culture, la santé et autres. Pour ma part, je vais poursuivre mes consultations parce qu’il y a plusieurs personnalités politiques qui souhaitent me rencontrer toujours dans la perspective de la présidentielle ».