"J’aurais mauvaise grâce de bouder mon plaisir ce mardi avec le vote intervenu au sein la Commission des lois contre l’étude, en l’état, du projet de révision de la constitution du 11 décembre 1990 engagé, de manière forcenée et non transparente, par le gouvernement du Président Yayi.
Si la chronique de cette ‘révisionniste’ obsessionnelle d’un système de pouvoir en panne vient de s’enrichir d’un épisode significatif avec le rejet dudit projet, ce n’est point sans rapport avec le signal d’une certaine collusion au niveau de la douteuse concertation des présidents d’Institutions. Ce sentiment n’avait-il pas été finalement communiqué, la semaine dernière, à travers la décision Dcc 13-124 du 12 septembre 2013 de la Cour constitutionnelle dispensant le Gouvernement de l’avis motivé préalable de la Cour suprême sur un projet de révision constitutionnelle ?
Mieux, et loin de tout triomphalisme à courte vue, il y a lieu de souhaiter que le clairvoyant vote exprimé par la Commission des lois offre plutôt aux tenants et chantres d’un projet de révision déconsolidante de notre constitution l’occasion de faire l’apprentissage de l’humilité et de l’honnêteté intellectuelle. Car, à la vérité, et y compris probablement parmi ceux qui semblent viscéralement attachés au texte du 11 décembre 1990, nombre de nos compatriotes demeurent, après 23 années de mise en œuvre laborieuse, mais, ô combien instructive, pour la plupart incapables d’en cerner l’esprit, la portée et les articulations fondamentales.
Au-delà des escarmouches et passes d’armes sur la forme qui vont se poursuivre, malgré tout, devra venir un moment pour un débat de fond, débarrassé du pitoyable monologue cathodique pompeusement orchestré sur la chaîne de télévision de service public. Loin de ce narcissique folklore qui a peut-être pour fonction de flatter un bien brouillon et brutal complexe impérial, va nécessairement advenir le temps du débat politique au cours duquel des déchaînements de passion peuvent légitiment se révéler.
Il le faudra, en effet, sans grotesques manipulations, mais en toute lucidité, dans la vérité et la liberté. A mille lieues de l’unanimisme abêtissant programmé et grossièrement mis en branle dans le déploiement autoritaire qui se soutient de la corruption, se nourrit de l’exploitation de l’analphabétisme démocratique, la révision consensuelle se veut radicalement appel à l’intelligence et à la tolérance qui élèvent à la dignité d’une authentique citoyenneté.
Sentinelles de l’esprit des lois que véhicule notre Constitution, les Honorables Députés, après y avoir manqué, en mai 2006, lors de leur tentative de révision opportuniste, ont une historique occasion de s’en faire désormais les conservateurs au moment où sourd du tréfonds du peuple qu’ils représentent, un redoutable soupçon quant à la collusion des gardiens attitrés du temple démocratique et républicain.
Donnons-nous la main, filles et fils du Bénin, pour consolider le patriotisme de notre Constitution ! Voilà assurément une condition pour construire et développer notre nation " !