Le Premier ministre, Lionel Zinsou, choisi comme candidat des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), issu des tractations au sein de la mouvance, aura du mal à conquérir le Pouvoir. Ainsi, consciemment ou inconsciemment, le Chef de l’Etat favorise les candidats Abdoulaye Bio Tchané (Abt) et Robert Gbian très influents dans le septentrion où Lionel Zinsou risque de faire piètre figure.
Après la désignation du Premier ministre, Lionel Zinsou, comme joker des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) à la prochaine élection présidentielle, deux candidats doivent plus se frotter les mains. Il s’agit de Abdoulaye Bio Tchané (Abt) et du Général Robert Gbian. Et pour cause ! Celui qui pouvait leur créer des ennuis dans le nord devrait être un candidat de taille de la majorité originaire de leur région. Lionel Zinsou, très peu connu du peuple béninois et natif de Savalou, ne pourra pas les inquiéter. Depuis les indépendances, l’expérience a montré que le Nord a toujours son leader pour qui il roule. De Hubert Maga, en passant par Mathieu Kérékou jusqu’au Président Boni Yayi, c’est toujours un fils du terroir qui y remporte les élections.
Ce n’est pas en 2016 que les populations de cette région feront exception à la règle. D’ailleurs, depuis l’annonce de la nouvelle de Zinsou comme candidat des Fcbe, on ne sent pas le septentrion acquis à sa cause. Les explications de certains ministres du Gouvernement n’ont pas permis de décanter la situation. En conséquence, ce serait les candidats Abt et Robert Gbian qui auront tous les arguments possibles pour écraser Zinsou et quelques leaders Fcbe qui font semblant de le soutenir. Apparemment, le Chef de l’Etat est conscient de la situation. C’est comme s’il est en train de jeter le Franco-béninois dans la gueule des loups qui ne lui feront aucun cadeau à la prochaine élection présidentielle.
Toutes les façons, le choix de Zinsou permettra Robert Gbian et surtout à Bio Tchané de ratisser large dans le septentrion. Par ce semblant de soutien de la mouvance au Premier ministre, on émiettera les voix des candidats originaires du Sud pour favoriser ceux du septentrion qui feront de très bons dans leur fief traditionnel. A voir la multitude de candidatures dans la patrie méridionale du pays, Robert Gbian et Abdoulaye Bio Tchané pourraient banalement se retrouver au second tour de ladite élection, si l’on ne prend pas garde.
Les autres difficultés de Zinsou
En dehors de ses difficultés sur le terrain politique, Lionel Zinsou doit chercher à justifier les passifs du Pouvoir en place. Les scandales et autres dérives du système-Yayi sont encore vivaces dans les esprits. En effet, les Fcbe soutenaient qu’après le Chef de l’Etat, ce sera un membre de son entourage qui prendra les rênes du pays pour pérenniser ses acquis. C’est l’expression de la détermination des Fcbe à maintenir le Pouvoir dans leur giron en 2016. Mais, les réalités actuelles du pays ne lui sont pas favorables. En effet, le peuple béninois est animé de la volonté de tourner définitivement la page-Yayi.
C’est dire que Lionel Zinsou pourrait subir la sanction populaire au moment opportun, c’est-à-dire à la prochaine élection présidentielle. Il fera à coup sûr les frais de la mauvaise gouvernance dénoncée par le peuple pour avoir été à l’école du Président Boni Yayi. Depuis 2006, on assiste à une série de scandales qui ternissent l’image des autorités actuelles du pays. Icc services, machines agricoles, concours frauduleux, affaire Cen-Sad et autres ont jeté de l’opprobre sur le Gouvernement.
Ces scandales ont fait perdre l’espoir aux Béninois qui avaient cru à la détermination du Chef de l’Etat pour opérer un véritable changement dans les mœurs. Cela signifie que l’élection d’un homme du système-Yayi au Pouvoir en 2016 serait comprise comme une perpétuation de la mauvaise gestion de la chose publique. Cet échec de la politique du Gouvernement amènera le peuple au changement. Qu’il vous soutienne que c’est parce que les Béninois avaient soif de la bonne gouvernance qu’ils avaient accompagné le slogan ‘’ça va changer’’ du candidat Boni Yayi pendant la campagne électorale de 2006. Par ricochet, la plupart des thuriféraires du régime du feu Président Mathieu Kérékou ont été sanctionnés. Donc, le candidat des Fcbe, Lionel Zinsou, risque de subir les mêmes sanctions.
Terrain peu favorable
Le contexte politique actuel est d’ailleurs peu favorable à l’émergence à la mouvance. Tout d’abord, le Premier ministre n’a pas la chance naturelle du Président sortant. En 2006, Boni Yayi contrôlait le septentrion jusqu’au département des Collines avec quelques incursions dans les autres départements. Le désir du changement l’avait beaucoup propulsé.
Ce qui n’est pas le cas pour Lionel Zinsou. Face à la multiplicité des candidatures, ce serait plus compliqué pour lui devant les candidats Abdoulaye Bio Tchané, Robert Gbian, Patrice Talon, Sébastien Ajavon, Pascal Irénée Koupaki et autres qui occupent le terrain du nord au sud. En plus de ces difficultés, il fera les frais du manque de cohésion au sein de la majorité présidentielle. C’est le cas de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Mathurin Nago, de l’ancien conseiller aux affaires politiques du chef de l’Etat, Alexandre Hountondji, l’ex-ministre de l’Economie et des finances, Adidjath Mathys, Sacca Lafia et consorts qui ne sont plus en odeur de sainteté avec le régime. C’est dire que la carte-Zinsou a peu de chances pour prospérer.