Un autre intrus prendra-t-il la maison Bénin au nez et à la barbe des gardiens du temple que sont les partis politiques ? Ils sont tous unanimes à fustiger le fait que depuis 1990 aucun homme issu d’un parti politique n’a réussi à prendre le pouvoir. 2016 devrait changer la donne mais pendant qu’on y est, les voilà plongés dans des calculs égoïstes.
Depuis qu’il a été annoncé que c’est le 1er ministre Lionel Zinsou qui va défendre les couleurs des Forces cauris pour un Bénin émergent, PRD, RB et UN sont dans le dilemme. Devant les chances de cet autre intrus d’occuper le fauteuil présidentiel, la réaction des partis politiques devraient être un bloc, une union sacrée autour d’un candidat représentatif issu d’un parti politique. Mais au lieu de cela, c’est le sauve qui peut. Chacun mesure, pèse et soupèse les avantages qu’il a à soutenir le candidat de la coalition au pouvoir. Or, il ne devrait même pas avoir débat, si tant est qu’il faut œuvrer à ce que ce soit un homme issu des entrailles des partis politiques traditionnels qui accède, cette fois-ci, à la magistrature suprême. Mais au lieu de cela, c’est la division, la cacophonie, le dribble qui règnent au sein de la classe politique. En réalité ce qui les unit, n’est pas plus fort que ce qui les divise. Et ce qui les divise, c’est la course pour être le premier dans les bonnes grâces du probable président. Tous autant qu’ils sont, ils ont envie de participer à la gestion du pouvoir en 2016. Ce qui ne va pas avec la volonté d’opérer un choix responsable et l’assumer lorsqu’il vous contraint à rester dans l’opposition.
Le mal qui ronge les partis politiques n’est donc pas l’intrus qui vient à chaque élection leur ravir la vedette. C’est leur incapacité à s’entendre. La preuve, c’est cette UN qui est maintenant réduite à une portion congrue alors qu’elle avait suscité chez beaucoup espoir, comme exemple de regroupement de partis politiques en 2011. Le PRD et la RB ont, par la suite, claqué la porte avec déballages à l’appui. Chacun ne voulait en réalité que prendre son indépendance pour mieux négocier en solo. Mais à la fin à quoi cela a servi ? Le PRD comme l’UN sont restés dans l’opposition. La RB, après avoir saisi la main tendue, est retournée dans l’opposition. Chacun d’eux se considère opposant dans son coin. Quel gâchis ! Guidés par les intérêts, ils vont encore certainement s’entendre pour porter un intrus au pouvoir et venir après chanter qu’il faut désormais que le président soit issu d’un parti politique. Mais de grâce, qu’ils se gardent de rendre le peuple responsable de cette situation, car comme l’avait bien dit Thomas Sankara l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas qu’on s’apitoie sur son sort.
Bertrand HOUANHO