La "Françafrique" est un "mythe", a estimé mardi le Premier ministre béninois Lionel Zinsou, pour lequel les rapports de domination entre la France et ses anciennes colonies africaines "n'existent plus qu'à l'état résiduel et folklorique".
"La Françafrique, c'est un mythe mais c'est vrai qu'il y a beaucoup de gens qui pensent en Afrique" que la France "occupe trop de place", a déclaré M. Zinsou sur la radio France inter.
Banquier d'affaires franco-béninois, Lionel Zinsou avait été nommé Premier ministre du Bénin à la surprise générale en juin. Il fait figure de dauphin du président Boni Yayi après avoir été désigné la semaine dernière candidat du parti du pouvoir à la présidentielle de février 2016.
"La vraie situation, c'est que la France a perdu pas mal de terrain en termes de parts de marché, en termes d'influence", a poursuivi Lionel Zinsou, en soulignant l'entrée en force sur le continent des pays émergents, Chine en tête.
"Nous avons eu des réseaux de domination qui ont duré plus longtemps que la période de la colonisation et se sont étendus dans les premières années de l'indépendance", a-t-il jugé. Mais "désormais, l'Afrique est en soi une puissance qui a sa dynamique propre et donc les rapports de domination et d'exclusive sont des choses qui n'existent plus qu'à l'état résiduel et folklorique".
"La France a évolué", a ajouté le Premier ministre béninois. Pour elle, "les plus importants des pays en termes d'investissements" en Afrique sont "le Nigeria, l'Afrique du sud" qui "sont en dehors du pré carré" français constitué des anciennes colonies francophones.
Lionel Zinsou a par ailleurs pris la défense du franc CFA, accusé par certains politiques et économistes africains de freiner le développement de l'Afrique.
"Le franc CFA est une monnaie d'intégration africaine entre 13 pays africains" ce qui "est très important pour développer des grands marchés intérieurs", a estimé l'ancien banquier.