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Rapport 2014-2015 d’Amnesty International sur la situation des droits humains : Des raisons de s’inquiéter pour l’Afrique et le Bénin ?
Publié le jeudi 3 decembre 2015  |  La Nation
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© aCotonou.com par CODIAS
Journée Mondiale de l`alimentation celebre par l`Organisation des Nations Unies pour l`Alimentation et l`Agriculture (FAO)
Malanville et Karimama, 16 et 17 octobre 2015. Cérémonie de remise des équipement et intrants agricoles aux populations sinistrés de Karimama et de Malanville






Rapport 2014-2015 d’Amnesty International sur la situation des droits humains : Des raisons de s’inquiéter pour l’Afrique et le Bénin ?

C’est un regard synoptique que jette le rapport, version 2014/2015 sur «La situation des droits humains dans le monde », précisément dans 160 pays. Lancé fin février 2015, son ambition est claire : procéder à une revue de la situation dans les principales régions du monde, déclinées en cinq. Région Afrique, Région Amériques, Région Asie-Pacifiques, Région Europe et Asie centrale puis Région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Puis, documenter les pratiques de négation ou de restriction des droits humains, qui ont eu cours sur la période de référence et qui varient d’un pays à l’autre ; mais aussi pour saluer les avancées. S’agissant de l’Afrique et du Bénin, la situation paraît critique, et le rapport suggère que des efforts doivent encore être faits.

S’ils ne sont pas définitivement consolidés, il ne faut pas, pour autant, s’accommoder de la réalité que révèle la situation des droits humains dans la région Afrique. A ce propos, le rapport renseigne que si de nombreux pays africains ont fait des efforts appréciables dans le sens de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, de réels défis restent à relever. En effet, note le rapport : «Une grande partie du continent a été confrontée à de violents conflits au fil des mois, certains connaissant une spirale particulièrement sanglante, comme en République centrafricaine, au Soudan du Sud et au Nigeria, d'autres perdurant du fait de situations restées dans l'impasse, comme en République démocratique du Congo (RDC), au Soudan et en Somalie.» Or, en pareille occurrence, les droits humains sont rapidement recouverts de plusieurs couvertures, sinon qu’ils sont aisément mis entre parenthèses. C’est précisément ce que constate le rapport, suggérant que : « Ces conflits ont été caractérisés par des violations graves et persistantes du droit international relatif aux droits humains et du droit international humanitaire. Ils ont engendré les pires crimes, l'injustice et la répression. La marginalisation, la discrimination et la négation persistante d'autres libertés fondamentales et droits socioéconomiques de base créaient en outre un terreau fertile pour l'émergence de nouveaux conflits et de situations d'instabilité. » Et ce n’est pas parce qu’il y aurait de bons indicateurs en termes de croissance économique que le respect des droits humains croît avec. En réalité, les constats du rapport sont édifiants : « Pour beaucoup, la croissance économique rapide ne s'est pas traduite par une amélioration des conditions de vie. Ces 10 dernières années, le taux global de pauvreté en Afrique a diminué mais le nombre total d'Africains vivant au-dessous du seuil de pauvreté (1,25 dollars des États-Unis par jour) a quant à lui augmenté. » Par contre, il se dégage du rapport une corrélation entre les conflits et la violation des droits, y compris les droits sociaux et économiques. Les auteurs du rapport ne constatent-ils pas que « Près de 40 % des personnes pauvres en Afrique vivent dans deux pays ravagés par la guerre : le Nigeria (25,89 %) et la RDC (13,6 %). » Et que « L'Afrique connaît l'un des taux de chômage des jeunes les plus élevés du monde. Elle demeure en outre la deuxième région où les inégalités sont les plus marquées, après l'Amérique latine. Tout ceci met en lumière le lien entre conflits et fragilité, d'une part, et privation des droits sociaux et économiques fondamentaux, exclusion sociale, inégalités et aggravation de la pauvreté, d'autre part.» Voilà pourquoi, à juste titre, le rapport appelle les dirigeants mondiaux à faire face au nouveau visage des conflits.

Bénin, des raisons de s’inquiéter ?

Fort de ces constats, en l’absence de conflits du genre de ceux évoqués supra, ne devrait-on pas s’attendre à une bonne perception de la situation des droits humains chez nous au Bénin ? S’il note que courant 2014 le président Boni Yayi a gracié (mot inapproprié en l’espèce, en raison de l’absence de condamnation définitive) les personnes mises en cause dans la fameuse affaire dite de tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat, personnes dont deux ont été en exil et six autres détenues préventivement (des prisonniers politiques selon l’institution de défense des droits humains), le rapport déplore des attouchements indécents voire les agressions contre la liberté d’expression, avec notamment la répression de manifestations pacifiques de forces opposées au pouvoir. Il épingle le Bénin pour la condamnation de journaux dont L’Indépendant, son promoteur John Akintola ainsi que l’auteur d’un article portant sur le financement présumé illicite de voyages à l'étranger du chef de l’Etat ayant écopé de peines de prison, le journal lui-même subissant une suspension temporaire. Mais le rapport devrait mieux documenter les sujets du genre, pour s’assurer si par exemple le procès a été mené suivant les règles de l’art, et si les mis en cause ont réussi à prouver leurs écrits comme le prescrit la loi.
En tout cas, faudrait-il s’étonner si le pays est épinglé pour cela ? Pas sûr…
Au demeurant, si le rapport devait prendre en compte la réalité fraîche à fin janvier, avec le célèbre coup de gueule du journaliste Ozias Sounouvou, suivi d’une vague de désapprobation populaire de la politique éditoriale de l’ORTB, et si l’on considère le dernier classement de Reporters Sans Frontières, qui voit chuter le Bénin de 9 places (84e contre 75e auparavant) l’on ne devrait pas être surpris…

Treize condamnations

Enfin, et ce n’est pas pour arranger le matricule du Bénin suivant les critères d’Amnesty international, le rapport relève que pour la période de référence, treize personnes étaient toujours sous le coup d'une condamnation à mort, bien que le Bénin ait ratifié en 2012 le deuxième Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), visant à abolir la peine de mort. Mais le rapport ne précise pas si ces 13 personnes sont tous des Béninois, ou s’il y a dans leurs rangs des condamnés du Tribunal pénal international pour le Rwanda, en séjour carcéral dans notre pays.
Somme toute, la situation des droits humains au Bénin demeure perfectible comme partout ailleurs, tant le combat d’Amnesty international est de parvenir à établir un monde où les droits humains ne souffrent la moindre remise en cause, la moindre menace. En attendant l’avènement d’un tel monde, gageons que notre pays, notre continent et le reste du monde entendront la mélodie des droits de l’Homme entonnée par Amnesty international, mais qui sonne souvent si mal aux oreilles des dirigeants et des administrations. Mais il faut bien se demander si cet autre monde, débarrassé de tout écueil aux droits humains est possible ; tant des défis nouveaux se révèleront au gré du développement, au gré des manifestations de l’insécurité de masse entraînée par le terrorisme par exemple… En tout cas, Amnesty International invite la communauté à ne pas fermer les yeux sur les violations des droits humains.

Wilfried Léandre HOUNGBEDJI
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