Présent au Forum «Africa finance and investment 2015 » (Afif) en Afrique du Sud, dans le cadre des échanges d’expériences en matière de la microfinance, le modèle innovant que constitue le Fonds national de la microfinance (Fnm), a une fois encore révélé certains de ses atouts au monde entier à la grande satisfaction du public.
A la tribune, le mercredi dernier à Cape Town en Afrique du Sud, Jean Comlan Panti, Directeur général du Fonds national de la microfinance (Fnm) du Bénin, face aux grandes figures de la finance au niveau mondial, a présenté le modèle béninois incarné par le Fnm en matière de financement agricole.
Le Dg/Fnm a ainsi présenté les interventions à vocation agricole que sont le Financement des activités agricoles en milieu rural (Faar), le financement des Micros et très petites entreprises (Mtpe) et le Crédit spécial d’appui aux cotonculteurs pour la gestion de la soudure (Csac/Gs) sans oublier l’accompagnement en termes de financement pour des projets comme le Pacer et le Pafilav. Trois interventions qui permettent de promouvoir l’agriculture et l’agrobusiness mais qui ont des modes opératoires totalement différents. Les résultats probants obtenus ont aussi été exposés.
Le Financement des activités agricoles en milieu rural (Faar) est une intervention qui octroie aux producteurs des crédits de production, d’investissement, de transformation, de stockage et de commercialisation. C’est donc un mécanisme spécifique d’appui au financement dédié à la chaîne de valeur agricole.
Quant aux Micros et très petites entreprises (Mtpe), c’est une intervention qui est mise en œuvre selon l’approche de la finance participative. Elle permet de promouvoir l’amélioration des conditions de vie des populations pauvres potentiellement actifs, à travers l’accès à des services financiers et une assistance technique appropriée. Dans l’opérationnel, le Fnm accompagne, assiste et organise le suivi tout en veillant à l’obligation de résultats de ses systèmes financiers décentralisés (Sfd), partenaires. Pour leur part, les Sfd en partenariat avec les promoteurs ont à charge la réalisation du projet, la prise de risque et le partage de pertes et profits. Particulièrement, les Sfd ont l’obligation d’organiser l’encadrement, le suivi et l’appui conseil.
Pour sa part, le Csac/gs facilite aux producteurs de coton l’accès à des crédits spécifiques leur permettant de faire face aux besoins liés à la période de soudure (période sans revenus).
De par ses innovations, le Fnm impacte désormais la couche agricole qui était presqu’exclue du système financier classique du fait du niveau élevé de risque de cette activité. Or, l’agriculture joue un rôle important dans l’économie béninoise. Selon les explications de Jean Comlan Panti, « l’agriculture procure des moyens de subsistance à 61% de la population rurale, occupe 48% de la population active, fournit plus de 80% des recettes d’exportation et contribue à plus de 36% (en 2011) à la formation du produit intérieur brut ».
De plus, il y a des atouts physiques et socio-économiques qui favorisent l’expansion agricole lorsque le financement adéquat est mis en place. Entre autres, il y a la diversité de zones agro-écologiques, la diversification de productions agricoles, la disponibilité des terres cultivables et des ressources humaines en majorité jeunes, l’existence d’importants marchés dans les pays limitrophes, etc.
Avec tout cet environnement, le Fnm ne pouvait qu’intervenir dans le secteur agricole.
Pour en arriver au financement agricole, l’approche a été méthodologique, a précisé Jean Comlan Panti, face à une assemblée constituée d’experts de la microfinance et de porteurs de projets venus des quatre coins du monde entier.
Une approche méthodique
Avant le démarrage du financement des filières agricoles, une étude contextuelle a été réalisée et a permis de déterminer entre autres, par zone agro-écologique du Bénin, les cultures qui s’y pratiquent et les périodes appropriées de mise en place des financements. Ceci a constitué la base du financement des activités agricoles en milieu rural. Compte tenu de l’évolution des données et dans la logique de l’adaptation de l’offre de financement, une cartographie des filières agricoles majeures du Bénin et la définition de mécanismes et procédures de financement adaptés ont été réalisées. Cette étude a permis de dégager les filières vers lesquelles sera orientée la politique de financement du Fnm.
Le Directeur général du Fnm s’est particulièrement appesanti sur les cibles des interventions et les résultats obtenus à chaque niveau tout en insistant sur les compétences particulières exigées des systèmes financiers décentralisés, partenaires du Fnm puisque l’institution s’est inscrite dans l’approche du fait-faire.
Il a aussi développé les enjeux de la problématique du financement de l’agriculture. Il s’agit notamment de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, de la stimulation de la croissance économique et de la création d’emplois.
Il faut dire que ce forum qui s’est tenu en Afrique pour la première fois, a regroupé d’importants bailleurs comme la Banque Européenne d’Investissement (Bei), la Banque Islamique de Développement (Bid), la Banque Allemande Kfw, l’International Finance Corporation (Ifc) ainsi que les porteurs de projets.
Cette intervention a été très appréciée du parterre de personnalités. Entre questions et propositions, les intervenants ont surtout félicité le Fnm pour son investissement dans un secteur pourtant très redouté par les institutions financières. Ils l’ont encouragé à poursuivre cet effort salvateur pour la jeunesse et important pour le développement.