L’ancien député Saka Fikara a rompu le silence hier face aux violations répétées de la constitution béninoise par le président de la République, Thomas Boni Yayi. Des violations qui portent sur son refus délibéré de se conformer aux décisions de justice notamment celles rendues par les différentes instances au plan national et régional surtout la décision de la Cour Commune de Justice et d’arbitrage (CCJA). Sa sortie d’hier est une réponse par rapport à l’indifférence de la classe politique surtout les artisans de la conférence nationale de février 1990.
Nicaise AZOMAHOU
LIRE L’ENTIERETE DE SA DECLARATION
Messieurs,
Je vous remercie d’être là ce jour pour la déclaration que je voudrais faire. Je n’ai pas pu résister, devant l’actualité, de rompre au plaisir de faire autre chose que la politique depuis mon échec aux dernières élections législatives d’avril 2015.
Je croyais bien que je ne saurais faire autre chose. Après plus de 20 ans à l’Assemblée Nationale, je craignais ne plus pouvoir faire autre chose. Comme disait l’autre, j’ai eu le plaisir de me mettre à jour de mes lectures qui s’entassaient depuis 1975 que j’ai pris les responsabilités devant des étudiants de l’UNB, aujourd’hui UAC.
En liminaire, je voudrais préciser que l’objet de la présente déclaration n’est pas de vous entretenir sur le choix de mon Parti, le MDS, pour les prochaines échéances présidentielles. Nous le savons déjà, les militants et moi-même que nous nous alignerons sur le choix de l’Union fait la Nation (UN).
Si je suis sorti de ma torpeur, c’est à cause de la non réaction de la classe politique, du silence des démocrates et des acteurs encore vivants de la Conférence Nationale, face aux violations répétées de notre Constitution par le Président de la République, M. Boni Yayi, en l’occurrence, ses rébellions répétées contre les différentes décisions de justice des derniers mois.
A titre illustratif :
- Nous avons pris connaissance du communiqué du Conseil des Ministres, la plus haute instance exécutive de notre pays présidée par le Président de la République lui-même, en date des 23 et 25 octobre, communiqué par lequel, le Conseil des Ministres s’insurgeait contre la décision de la Cour Commune de Justice et d’arbitrage (CCJA). Rien ne se passa en dehors des différentes réactions des compatriotes sur les différents réseaux et medias sociaux, quelques articles dans les journaux et celle du magistrat Michel Adjaka dont je salue l’engagement, l’opiniâtreté et le patriotisme. Aucun parti politique en dehors du parti des Verts, si je ne m’abuse, n’a réagi. Un simple communiqué devrait être fait par l’UN mais rien n’a été publié à ce jour.
- Le samedi 28 novembre, le Président de la République a encore récidivé. Nous avons assisté, beats, à son show télévisé avec les différents acteurs du secteur ferroviaire et les représentants du groupe Bolloré où il a encore fait de graves déclarations par rapport à la décision de la Cour d’appel de Cotonou relative au dossier opposant le groupe Bolloré à l’entreprise Petrolin.
Cette absence de réaction vis-à-vis d’une violation aussi inadmissible de son serment par le Président de la République, a eu pour conséquence la ridiculisation de notre système judiciaire par le Président Boni Yayi. Ce comportement du premier des Béninois doit être analysé et perçu, au-delà de la simple violation de son serment, comme un appel à la rébellion contre notre institution judiciaire et même dans cette excitation militante de son parti, les FCBE, un appel à la violence contre notre système judiciaire.
Comme vous, les journalistes, les seuls qui, chaque jour, vous insurgés contre cette félonie, je n’ai pas pu continuer paisiblement mes lectures en retard. Je me suis alors proposé de redescendre dans l’arène.
Je saisis donc de l’occasion pour demander aux différents Ministres qui étaient présents aux Réunions du Conseil des Ministres des 23 et 25 octobre, s’il est vrai qu’ils ont décidé de se rebeller officiellement contre la décision de Justice de la CCJA.
Je voudrais particulièrement adresser la question à :
- Monsieur Lionel ZINSOU, premier Ministre, s’il a pu valider les différents éléments évoqués plus tôt et énoncés dans le communiqué du Conseil des Ministres,
- Monsieur François ABIOLA, le Professeur, l’intellectuel, s’il est solidaire de telles déclarations,
- Madame Evelyne da Silva Ahouanto, Avocate et fille de mon ami Francis da Silva, si elle adhère a de telles pratiques.
A vous, Mesdames et messieurs de la presse, je tiens à vous adresse un sincère merci. Nous ressentons, regardons, lisons au quotidien votre indignation, notre indignation commune.
En conclusion, mon indignation s’exprime à l’endroit de la classe politique et de tous les démocrates engagés du Bénin pour leur silence face aux différentes dérives de l’exécutif notamment en matière judiciaire. Et je voudrais rappeler ici que l’une des principales cibles du Président de la République, au cours de ces 2 mandats, outre les acteurs politiques, a été le système judiciaire qu’il a essayé de contrôler en vain. Nous nous devons d’être solidaire avec ce dernier surtout en ces derniers moments où le pouvoir délité, semble prêt à tout.
Vive le Benin
La lutte continue !