Le mardi 1er décembre 2015 s’est ouvert le petit musée de la recade au centre arts et cultures de Lobozounkpa que dirige Dominique Zinkpè. Un musée qui sauvegarde les recades des royaumes du Bénin notamment celles du royaume d’Abomey. Financé grâce à la Galerie Vallois et au Collectif des Antiquaires de Saint-Germain-des-Près ce musée abrite une collection inédite de récades, des sceptres de l'ancien Dahomey.
Démarrée par la déambulation des princesses de la cour royale de Porto-Novo, la Capitale du Bénin et par la performance de Prince Toffa, la cérémonie d’ouverture officielle du petit musée de la recade, a bénéficié des mêmes privilèges que l’on accorde à l’accueil d’un Roi au Bénin. Des chants d’allégresse, des panégyriques claniques ont agrémenté les festivités riches en couleurs. Les personnalités du monde culturel, l’ancien chef de l’Etat Nicéphore Soglo, le ministre de la Culture Paul Hounkpè ainsi que l’ancien ministre Ganiou Soglo dont la fondation a soutenu l’initiative, ont rehaussé de leur présence ce grand évènement plein de sens et de symboles. Il s’agit de l’arrivée des recades des royaumes du Bénin qui entre temps se sont retrouvées en Europe.Un retour au bercail des recades grâce à plusieurs acteurs du monde culturel dont au mécène Robert Vallois, son épouse et toute l’équipe de du centre des arts et cultures de Lobozounkpa. Dans ce musée autour duquel un monde fou est mobilisé, on voit entre autres les recades du roi Glèlè d’Abomey symbolisées par un lion, du roi de Gbéhanzin dont l’emblème est caractérisé par le requin et celle du Roi Gangnihessou. Aux dires De Dominique Zinkpè, la plupart des recades sont offertes par le donateur Robert Vallois. La cérémonie d’ouverture du petit musée de la recade a débouché sur le concert live du tout puissant orchestre Poly Rythmo qui a tenu en haleine le public pendant plus de deux heures d’horloge.
Henri MORGAN
Quelques impressions
GaniouSoglo, ancien ministre de la culture et prince d’Abomey : « c'est un grand privilège que d'avoir la possibilité d'accueillir, les sceptres sacrés de notre patrimoine culturel »
Je pense qu'il faut remercier Monsieur et Madame Vallois et toute leur équipe, ainsi que le centre art et culture de Lobozounkpa qui abrite aujourd'hui le petit musée de la recade et qui fait en sorte que les récades de nos ancêtres puissent être de retour dans notre pays. Je crois que c'est un grand privilège que d'avoir la possibilité d'accueillir, les sceptres sacrés de notre patrimoine culturel. Je suis content en tant que citoyen béninois et aussi beaucoup de fierté, faisant partir d'une famille royale. Je pense que les fils et filles du Bénin doivent être contents de retrouver ce patrimoine qui est important pour le pays de nos ancêtres, de nombreuses familles royales d'Abomey, de Porto-Novo. Je crois que c'est une belle chose.
Sœur Henriette Goussikindey, plasticienne : « J’invite les autorités et les personnes ressources à donner du tonus à l’art béninois, à revaloriser et à entretenir notre patrimoine »
C’est un plaisir, une joie et beaucoup d’émotion parce que béninoise, à mon âge, j’entends parler des recades, je les ai étudiées dans l’histoire mais je ne les ai jamais vues. Aujourd’hui, l’occasion m’est donnée sur cette même terre béninoise de découvrir et de contempler cette richesse qui fait partie de notre identité culturelle qui nous est revenue. Je profite pour saluer et remercier tous ceux qui ont contribué à l’arrivée des recades au Bénin. J’inviterai tous ceux qui apprendront que ces recades, l’histoire de notre patrimoine est revenue sur notre terre, à venir voir. On dit souvent en fon « nou non djè min houé noubo non gni tan an » comme pour dire qu’on ne peut vous raconter un évènement qui s’est déroulé en votre temps. Je voudrais inviter les autorités et les personnes ressources qui ont des moyens financiers de pouvoir donner du tonus à l’art béninois, à revaloriser et à entretenir notre patrimoine. C’est un privilège pour nous d’avoir nos recades avec la possibilité de les contempler à tout moment.
Propos recueillis par Henri MORGAN