TRIBUNE DE M. ISSIFOU KOGUI N’DOURO
Béninoises et Béninois
Chers compatriotes, mes chers amis
Vous êtes de plus en plus nombreux à nous accompagner dans notre démarche et à suivre nos différentes sorties. Et je vous en remercie du fond du cœur.
Après avoir longuement médité et réfléchi sur le Bénin, notre bien commun, – son passé, son présent et son avenir, - après avoir analysé les facteurs endogènes et exogènes de notre environnement, vous le savez depuis quelques semaines, j’ai décidé de vous proposer ma candidature à l’élection présidentielle prévue en 2016.
Comme je l’ai souvent répété lors de mes tournées au plus près des populations, cette démarche n’est pas le fruit du hasard, ni d’une ambition strictement personnelle.
De toutes les questions que vous me posez, il y en a une qui revient régulièrement et de façon légitime. Celle de savoir qui je suis et ce que j’ai fait avant 2006.
Il est normal que je me présente aussi sur la période qui a précédé celle où j’ai occupé les fonctions que vous savez au sein du gouvernement du Président Boni YAYI, jusqu’en 2013.
Je suis venu au monde, grâce à Dieu et par l’intermédiaire de ma mère Ganigui DANKORO, princesse du Borgou, et de mon père, Kogui Ndouro BOUGOUROU II, de la chefferie traditionnelle du Barwu (Borgou). Je rends grâce au Seigneur de m’avoir appelé et gardé en vie, avec une femme et quatre enfants.
Le temps de l’école
Fils aîné d’une famille de sept enfants du Bénin profond, mes parents, qui ont le sens de l’histoire, m’ont envoyé à l’école à la fois par amour filial et par devoir civique.
Après mes études secondaires que j’ai terminées au lycée technique Coulibaly de Cotonou, avec un Bac série D, j’ai obtenu une licence en géographie à l’université nationale du Bénin, à Abomey-Calavi. J’ai ensuite effectué ma formation civique et militaire au camp militaire de Ouidah, c’était alors le passage obligé pour ma génération. J’ai pu ensuite faire une maîtrise de géographie – option aménagement de l’espace urbain toujours à l’université Abomey-Calavi. Après le diplôme d’études approfondies (DEA) à l’université Louis Pasteur de Strasbourg en France, j’ai soutenu ma thèse de Doctorat de 3e cycle, option aménagement de l’espace rural à Strasbourg.
Le temps du travail sur le terrain
Enseignant au collège d’enseignement général de Sè, dans le département du Mono (Bénin), j’ai fait partie des animateurs de l’équipe de football. Chargé de recherches dans le projet « couvertures forestières » de l’Organisation mondiale pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), puis directeur du projet plantation d’arbres sous l’égide du Programme des nations unies pour le développement (PNUD ex UNSO) et de la FAO, j’ai pu participer au programme de reboisement du territoire à travers les villes et les villages du Bénin. Toujours dans le département ministériel du développement rural et de l’action coopérative, en qualité de directeur général adjoint, j’ai assumé les fonctions de conception, de gestion et de coordination des programmes de développement agricole.
Le temps de l’expérience internationale
Recruté ensuite comme fonctionnaire international au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à la suite d’un appel à candidatures, j’ai successivement occupé au sein de cette organisation, les fonctions de Chargé de programmes, directeur adjoint des finances et d’ administrateur principal en charge du développement des unités hors-siège, à New-York, Lomé, Hanoi, Addis-Abeba, Libreville, Genève et Bruxelles.
En qualité de directeur adjoint des finances et de l’administration, j’avais en charge, l’élaboration des budgets, le suivi de l’exécution administrative et financière ainsi que l’évaluation des programmes de l’organisation et l’animation des conférences internationales.
Le temps de l’action politique au Bénin
D’abord jeune militant syndical au sein du Front d’action commun des élèves et étudiants du Nord (FACEEN), à la faveur du renouveau démocratique au Bénin en 1990, j’ai été membre fondateur de l’Union pour la démocratie et la solidarité (UDS), parti de gouvernement ou de l’opposition, toujours représenté au parlement depuis lors. Au sein d’une alliance de partis politiques, l’UDS a contribué en 2006, de manière très active, à l’élection du Président Boni YAYI. C’est dans ces circonstances que j’ai été nommé Ministre d’Etat en charge de la défense nationale, portefeuille que j’ai occupé jusqu’en 2012.
A ce poste régalien, j’ai eu l’immense honneur de servir mon pays – nos soldats et nos populations - à travers les missions diverses et variées de commandement et d’exécution propres à ce corps. J’ai alors assumé à maintes reprises l’intérim du Chef de l’Etat, Chef de gouvernement, présidé des Conseils de ministres et mis en place une politique intégrée « Armée/Nation ». Par ailleurs j’ai eu en charge les dossiers de renseignements d’intérêt militaire, l’animation ainsi que la gestion du quotidien social et des carrières des soldats, l’équipement, la construction et la réhabilitation des casernes, la construction et l’équipement de plus de 3 000 écoles pour les enfants de la patrie, la formation initiale et continue des soldats ainsi que la formation patriotique et civique des populations, la préparation et la participation des armées aux opérations de maintien de la paix à l’extérieur du pays, notamment en Côte d’Ivoire, en République Démocratique du Congo (RDC), au Mali, au Liberia et en Haïti.
En tant chef de délégation, j’ai conduit plusieurs missions de médiation et règlement des conflits en Afrique : Côte d’Ivoire, RDC, Tchad, Centrafrique. En qualité d’envoyé spécial j’ai pu rencontrer les Chefs d’Etat de divers pays d’Afrique, d’Europe et du Moyen-Orient, ainsi que les responsables des organisations régionales et internationales (ONU, Unesco, CEDEAO, CEMAC, UEMOA, OIF). Toujours en qualité de Ministre d’Etat, j’étais en contact permanent avec les responsables politiques ainsi que les acteurs de la société civile et du monde syndical.
Le temps de la rétrospection, de l’introspection et de la prospection
Depuis le 11 août 2013, à la suite d’un remaniement ministériel, je n’exerce plus aucune fonction dans l’administration béninoise. Cette pause politique m’a donné le temps et l’opportunité de revisiter mon parcours tant personnel que professionnel ainsi que les évolutions contemporaines du monde et de notre pays.
Au terme de cet examen de conscience et de cette réflexion, avec la foi en notre pays et l’éthique qui m’animent, j’ai décidé de proposer ma candidature à l’élection présidentielle de 2016.
Au lendemain de la Conférence Nationale des forces vives de la nation (février 1991), le 1er Ministre de l’époque, le Président Nicéphore Dieudonné SOGLO avait la lourde responsabilité de former un gouvernement d’union nationale. Il fallait choisir et placer les femmes et les hommes capables d’affronter les défis et enjeux colossaux qui attendaient le pays. L’idée commençait également à germer, de réfléchir à comment pérenniser les acquis de la conférence ainsi que les actions de la période de transition qui s’annonçaient capitale pour la suite. Le 1er Ministre de l’époque me fit appel au sein d’une équipe restreinte, composée de l’Ambassadeur Saturnin SOGLO et de moi-même, pour l’aider dans cette délicate mission de composition du gouvernement. Je ne me suis pas proposé mais j’ai avancé, soutenu et défendu les noms de plusieurs personnalités qui ont exercé des responsabilités de premier plan.
Je suis resté dans l’ombre, près du Premier Ministre, qui deviendra plus tard Président de la République. C’est dans ce contexte que j’ai également pu soutenir auprès du Président Nicéphore SOGLO, la candidature de celui qui deviendra Président de la BOAD, mon ami et frère, le Dr Boni YAYI. Il sera confirmé à ce poste par le Président Mathieu KEREKOU; ce qui sera déterminant dans la stratégie de conquête du pouvoir qui le conduira au palais de la Marina d’où il dirige les affaires de notre nation depuis le 6 avril 2006.
Au sein du gouvernement et ce, jusqu’au 11 août 2013, j’ai été Ministre d’Etat, Ministre de la Défense Nationale, puis le Ministre d’Etat chargé des Affaires Présidentielle du Président Boni YAYI.
J’ai ainsi, depuis très longtemps, pris le temps d’apprendre et de comprendre le système politique, social et sociologique de notre pays à travers les acteurs qui ont occupé successivement la scène et grâce aux différents mouvements que nous avons connus et animés.
Depuis 2013, à la suite d’un remaniement ministériel, je n’occupe plus de fonction au sein de l’administration béninoise. Ainsi, j’ai pu avec mon expérience, mais aussi avec l’introspection sur mon parcours et la réflexion prospective sur les enjeux géopolitiques et géostratégiques, structurer une pensée plus approfondie sur les destinées de notre pays avec des pistes concrètes de travail à travers douze chantiers pour mieux développer et moderniser le Bénin.
Pourquoi cette candidature ?
Je suis confiant qu’après les dix années du Président Boni YAYI, il est possible de reprendre le curseur là où il s’est arrêté et de donner à notre pays, à ses filles et fils, à ses femmes et à sa jeunesse, l’espérance d’une vie meilleure. L’armée béninoise dans tous ses compartiments peut en témoigner pour l’avoir vécue.
L’expérience du Président Boni YAYI a commencé à deux. Lui et moi, dans mon bureau à Paris. Nous avions de nombreux rêves communs et partagions une fierté commune. Sortis de milieux très modestes, la providence nous avait préservés et permis d’accéder à de hautes fonctions, lui comme Président de la BOAD et moi comme Directeur Adjoint aux Finances, puis Administrateur Principal en charge du développement des unités Hors Siège de l’une des plus prestigieuses organisations de ce monde. Nous étions animés par la ferme volonté de donner à tous les enfants du Bénin, notamment les plus défavorisés la possibilité de caresser ce rêve et d’y arriver en se donnant les moyens. Et pour nous, cela passait par l’exercice du pouvoir d’Etat.
C’est pourquoi je me suis impliqué aux premières loges du dispositif qui dès 1996, a fait du potentiel candidat Boni YAYI, le cheval gagnant de 2006, avec les déferlantes vagues d’espoir suscitées dans les cœurs des béninoises et des béninois.
L’école et la césarienne gratuites, l’autonomisation des femmes, la micro finance aux plus pauvres, la modernisation de l’agriculture, les infrastructures de désenclavement sont autant de chantiers que nous avions initiés dès le premier mandat. Ces chantiers étaient colossaux et méritaient d’être suivis et monitorés au plus près, évalués en permanence. Le régime de 2006 a connu de nombreuses réussites mais aussi quelques faiblesses. La réélection de 2011 devait permettre de rectifier le tir quand c’était nécessaire et d’engager de nouveaux chantiers. Mais la machine d’est arrêtée.
Aujourd’hui on peut noter un certain découragement, voire une certaine amertume au sein des populations (notamment chez les jeunes et les femmes) de nos villes et campagnes, ceci du fait de la situation sociale et économique délétère dans le pays. Il est de notre devoir, de rallumer la flamme de l’espoir. La finalité étant de remettre, sur la base d’une gestion orthodoxe et vertueuse du pays toutes les Béninoises et tous les Béninois dans l’esprit d’un développement harmonieux de toutes les régions du Bénin.
Je suis conscient des défis et de l’adversité auxquels nous devront faire face : l’éducation, l’employabilité et le chômage des jeunes est la première des priorités à laquelle il faudra s’attaquer. Ceci passe par les moyens qu’il faut donner à l’Etat et au secteur privé pour les rendre performants, soutenir et renforcer leur croissance et leur permettre de recruter. Les ressources humaines dans une politique et une démarche réfléchie et organisée ; l’énergie, l’eau, les télécoms et les réformes fiscales constituent la base de ces moyens.
La discipline, la lutte contre la corruption et le favoritisme, le sens du devoir, l’attachement à la patrie doivent être les constantes de la gouvernance.
L’innovation technologique, l’agriculture, la culture et le tourisme sont les voies à explorer et à développer.
Avec le Nigéria à l’est (marché potentiel de 200 millions d’habitants), le Togo et le Ghana à l’ouest et tous les pays de l’inter land, nous n’avons besoin de rien d’autre pour nous épanouir. Nous en avons les ressources et les moyens.
Le consensus politique impliquant toutes les grandes tendances ainsi que les acteurs majeurs des partis politiques de notre pays sera le meilleur atout pour réussir ce challenge. Nous devrons y associer les forces syndicales de toutes les corporations, les organisations de jeunes et de femmes à qui nous donnerons les moyens de se structurer, de se former pour mieux assurer leur rôle. Les forces vives de la nation joueront également leur partition : les aînés, les chefs religieux et traditionnels, les acteurs du monde des arts et de la culture, les sportifs, le monde paysan, les enseignants et chercheurs, les professionnels de la santé, les délaissés et les sans-emplois, les acteurs de la société civile, les organisations non gouvernementale et défenseurs des droits de l’homme, les professionnels des médias, les Hommes de la défense et de la sécurité dans tous les corps, la diaspora, les partenaires au développement, acteurs de la coopération et amis du Bénin.
Je compte sur mon expérience de la vie politique et du terrain, connaissant profondément le Bénin, et sur ma carrière de fonctionnaire international et d’acteur politique. Je suis décidé à tout donner pour être au service des jeunes et des femmes et de notre pays.
Ensemble avec vous, nous pouvons gagner. Ensemble, avec vous nous voulons gagner. Et ensemble, avec vous, nous gagnerons.
Issifou Kogui N’DOURO