Supposée révélation de Dieu sur la présidentielle de 2016 : Le jeu dangereux de certains « pasteurs »

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Publié le mardi 8 decembre 2015 | Matin libre

© Autre presse par DR
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La messe des soutiens pour la présidentielle de 2016, ne se dira pas sans les pasteurs. Pourtant, leur mission première est de sauver les âmes en perdition. Toute chose qui passe par l’annonce de l’évangile et nécessite assez de temps. Aujourd’hui de plus en plus, ces « sauveurs d’âmes » délaissent leurs églises et s’entichent désormais des lieux de soutien aux présidentiables. Le champ de la politique devient pour les pasteurs une prédilection. En cette période de précampagne, ils sont nombreux à agiter leurs langues « prophétiques » et « révélatrices ». A tel, Christ a révélé que ‘’Pik’’ sera président. A l’autre, c’est Abt, Patrice Talon ou encore Lionel Zinsou. On les voit défiler sur nos écrans de télévision sans aucune jugeote. La prédication du ‘’nouvel évangile’’ est servie avec maestria, à qui veut l’entendre. Même des jours de jeûnes seraient mis à profit pour ridiculiser davantage le Seigneur.

Le ridicule…

Dans ce spectacle, une certaine église a perdu de sa crédibilité. Elle est devenue une véritable caverne d’Ali Baba. De nos jours, à raison, le titre de ‘’pasteur’’ rebute ; l’évangile est indigeste et le nom du Christ profané. « Mon nom est blasphémé parmi les païens à cause de vous (chrétiens)» avait déjà affirmé ce dernier dans les Saintes écritures. Christ est vendu par de gens, prêts à satisfaire leur appétit dont la voracité n’a d’égal que leur désamour pour Dieu. Des « faux prophètes » qui n’ont pour Dieu, que leur ventre.

Dans un monde où la perte des valeurs gagne de plus en plus les cœurs, on se demande où ces ‘’apôtres de Dieu’’ trouvent du temps pour se consacrer à la politique. En effet, dans leur domaine point de laxisme. Des âmes se meurent dans l’ignorance par faute d’évangile et de suivi. Les transfuges hommes de Dieu devraient s’en préoccuper. Nul doute, Christ est devenu une marchandise qui se vend à peu de frais. Un réel fond de chantage et de commerce.

Et pourtant…

Combien de prêtres catholiques sont montés au créneau pour demander de voter pour tel ou tel présidentiable? Combien de chefs traditionnels, d’Imans se sont affichés pour doigter tel autre candidat ? « Il est venu nous soumettre son projet ; nous avons prié pour lui…20 candidats peuvent venir ici. Nous leur ferons la même prière ». Ainsi s’exprimait le roi de Kétou, sur l’une de nos chaînes de télévision, quand Pascal Irénée Koupaki, est allé le voir. Pareillement, lorsque des leaders Fcbe de Natitingou, étaient allés rendre compte, à l’autorité traditionnelle, du choix porté sur Lionel Zinsou pour représenter les Cauris lors du scrutin du 28 février 2016, cette dernière a affirmé qu’elle préfère se retirer pour échanger avec ses pairs. Sagesse ou intelligence? Même les prêtres du Fâ n’appellent aucun nom de candidat après leur consultation. Ils définissent simplement des critères et laissent chaque citoyen se faire une idée du prochain président. Ce n’est pas encore le cas chez desdits pasteurs qui visiblement ne sont plus loin des magiciens.

Censurer le sacrilège pour éviter le pire…

Les structures compétentes doivent condamner et censurer ces déclarations qui ont tendance à rassurer le candidat et à l’emmener à croire dur en ses chances. De telles déclarations supposées provenir de rêve que Dieu a emmené tel prophète ou pasteur à faire sur telle personne, pourraient inciter, à des troubles lorsque le concerné se retrouverait dans une situation contraire à ce que « Dieu même a fait révéler ». Imaginez un instant, face au scénario contraire à la proclamation des résultats, le cas avec Abdoulaye Bio Tchané ou Pascal Irénée Koupaki déjà gonflés à bloc et dont l’assurance de la réussite a été déclarée urbi et orbi par des « hommes de Dieu ». Non, il faut arrêter d’éprouver Dieu, de banaliser le Christianisme pour des intérêts mesquins. Au nom de la paix et de la stabilité dont le pays a fortement besoin ces moments cruciaux, il faut que les autorités habilitées prennent leur responsabilité.

Cyrience KOUGNANDE