La lutte contre la révision opportuniste de la Constitution aura été vaine si le candidat des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) arrivait au Pouvoir en 2016. Sans ambages, une éventuelle élection de Lionel Zinsou serait simplement le prolongement de la gestion, tant décriée, du président Yayi Boni. Ce serait un troisième mandat déguisé.
Le président Yayi Boni prépare un troisième mandat. En effet, s’il advenait qu’après le président Yayi Boni, ce soit le tour de Lionel Zinsou d’aller siéger au Palais de la Marina, le Bénin aurait pris fait et cause pour le prolongement à trois du mandat de ce dernier. La démonstration est si simple qu’elle crève l’œil. Le candidat de l’Alliance des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) devrait être désigné sur la base de deux « ensembles de critères ». Les premiers dits « éliminatoires » sont les conditions constitutionnelles et légales d’éligibilité. Dans ce cadre, le candidat doit justifier les prescriptions énoncées dans les articles 43, 336, 337 et 340 de la loi 2013-06 du 25 novembre 2013, portant Code électoral en République du Bénin. Mais, le plus intéressant et qui justifie amplement le prolongement du mandat de Yayi Boni à partir du 06 avril 2016, ce sont les critères dits « d’appréciation ». Sur les neuf critères dont celui d’appartenance aux Fcbe, il faut s’attarder sur quatre d’entre eux. Il s’agit aussi du critère de s’engager à pérenniser et protéger les acquis démocratiques et de poursuivre les réformes engagées depuis une décennie par le Pouvoir de Yayi Boni. Il s’agit surtout du critère d’avoir des idées claires sur la poursuite et la mise en œuvre du projet de société 2011 du président Yayi Boni et d’avoir des ambitions et des objectifs précis pour le développement du Bénin. Il s’agit enfin, du critère de s’engager à ne pas remettre en cause les acquis de notre peuple depuis 1990 et poursuivre la politique sociale du régime du président Yayi Boni, conformément à sa vision de prospérité partagée et de solidarité nationale. En choisissant, de façon unilatérale, le premier ministre Lionel Zinsou, à la grande surprise et à la désolation des caciques et barons des régimes du Changement de la Refondation, le deal est clair. Le candidat reste d’abord redevable à Yayi Boni qui l’a imposé aux Fcbe, après qu’il a ravi la vedette à François Abiola qui était la deuxième personnalité de l’Exécutif jusqu’en juin dernier. Quel que soit le cas de figure, le candidat des Fcbe, élu président avec la bénédiction de Yayi Boni, sera un président téléguidé. De fait, il n’y aurait pas eu une alternance au sommet de l’Etat. Surtout dans le cas d’espèce où le candidat doit se mettre dans la posture du président Yayi Boni, pour poursuivre son œuvre, sa vision, ses réformes et in fine, accepter d’être comptable de la gestion, ce président n’aurait pas acquis une personnalité. Il ne sera qu’un bras opérationnel du président Yayi Boni. Choisir en 2016 le candidat Zinsou ou tout autre candidat des Fcbe, c’est offrir un troisième mandat au chef de l’Etat sortant. Et ainsi, la lutte contre la révision opportuniste de la Constitution n’aurait pas porté ses fruits.
Jean-Claude Kouagou