Plusieurs délégations de pays africains ont effectué, jeudi 10 décembre, le déplacement à Cotonou pour les hommages officiels au général Mathieu Kérékou. Parmi elles, trois chefs d’Etat venus des pays limitrophes du Bénin.
Le lieu était tout un symbole, le stade de l’Amitié étant l’un des joyaux qui portent la signature du général Mathieu Kérékou. La cérémonie d’hommages à l’ancien président de la République s’est aussi voulue sobre, la sobriété étant l’une des valeurs unanimement reconnues à celui qui a géré le Dahomey-Bénin pendant plus de 27 ans. Mais la présence des trois chefs d’Etat étrangers, à savoir le Nigérian Muhamadu Buhari, le Nigérien Mahamadou Issoufou et le Togolais Faure Gnassingbé, a rehaussé les hommages et est venue témoigner de la dimension de l’homme dont le charisme a rayonné au-delà des frontières du Bénin. «Le général suscitait de l’admiration au Togo. C’est un homme qui a toujours été au rendez-vous de l’histoire. Et on ne peut pas évoquer Mathieu Kérékou sans penser à feu Gnassingbé Eyadéma. Ces deux présidents ont incarné l’amitié et la fraternité entre les peuples», témoigne Faure Gnassingbé qui souligne que la disparition de Mathieu Kérékou est à n’en point douter une grosse perte pour le Bénin, la sous-région et le continent africain. Le président nigérien Mahamadou Issoufou y est aussi allé de son hommage à l’illustre disparu. Il retient de l’homme un artisan de rapprochement des peuples du Bénin et du Niger, au travers de plusieurs actions d’intégration économique. «Le Bénin n’est pas le seul pays à pleurer la disparition de Mathieu Kérékou. Il a marqué l’histoire de son pays, de la sous-région et de l’Afrique. J’ai tenu à être là pour exprimer la compassion du peuple nigérien», renchérit-il. Son collègue nigérian Muhamadu Buhari qui a connu personnellement le défunt pendant son mandat de président dans les années 1980, se souvient encore des boutades légendaires de Mathieu Kérékou dont l’humour agrémentait parfois les rencontres officielles. «Je me rappelle que nous avions fermé les frontières avec le Bénin parce que nous changions de devises. Il était venu au Nigeria me voir avec d’autres collègues chefs d’Etat. Et la question qu’il me pose est de me demander si je suis devenu fou pour lui fermer les frontières», témoigne-t-il avec sourire. En tant que doyen d’âge des chefs d’Etat de la CEDEAO, il a exprimé au nom de ses pairs de la CEDEAO les condoléances au peuple béninois.
Après avoir pris part de bout en bout à la cérémonie officielle d’hommages au stade de l’Amitié, baptisé désormais stade de l’Amitié Mathieu Kérékou, les chefs d’Etat étrangers se sont rendus au palais de la Présidence où ils ont procédé à la signature du livre de condoléances.
Le président de la République a également reçu des lettres de condoléances envoyées par plusieurs chefs d’Etat africains qui n’ont pas pu effectuer le déplacement de Cotonou. Il n’a pas manqué d’adresser ses remerciements à ses collègues présents dont l’arrivée dans son pays témoigne de l’attachement qu’ils ont pour le peuple et les dirigeants béninois.
Cap est désormais mis sur Natitingou où le général Mathieu Kérékou sera conduit à sa dernière demeure?