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Luc Atrokpo, la déchéance d’un roitelet
Publié le dimanche 13 decembre 2015  |  Autre presse
Luc
© aCotonou.com par CODIAS
Luc Atropko, le maire de Bohicon (À d) lors de la Passation de charge à la tête de la mairie d`Abomey-Calavi entre l`ancien et le nouveau maire de la ville dortoire.
Abomey-Calavi le 03 septembre. Passation de service entre le maire Partice Houssouguede et le maire Georges Bada




Session budgétaire embrouillaminesque, investissements contre productifs et fictifs, réfection virtuelle du stade Paulin Tomanaga, Luc Atrokpo profite de son « aura » pour passer sans cesse en force. Entre frustrations des conseillers d’opposition et complicité de la bande d’élus majoritairement analphabètes qui ne vivent et ne respirent que par lui et ses magouilles. Portrait d’un maire que les gaffes rattrapent.





Stade Paulin Tomanaga. Principal espace sportif de la ville. Sis entre Adagamé et Lissezoun. Dans le budget de l’année en cours, 50 millions ont été prévus pour le réaménager. Il n’en sera rien. Pas de travaux visibles et pour le prochain exercice encore, un montant supplémentaire est alloué aux mêmes travaux. Une situation qui a provoqué la chienlit lors de la dernière session budgétaire. Les conseillers de l’opposition ont dénoncé la délinquance financière du maire. Mais Luc Atrokpo peut compter sur sa majorité pour se sortir d’affaire. Maire craint de la Ville-carrefour, il fait face aux dilemmes que les circonstances lui imposent (des dissidences imminentes dans son camp) mais aussi aux gaffes accumulées d’un parcours de fée. Parcours de fée ? En apparence seulement. Plébiscité par les Soglo qui lui en veulent à mort aujourd’dui pour ce qu’ils qualifient d’ingratitude, il devrait gérer une fronde interne sans cesse durcie et affronter la mise en lumière de ses petites combines de nuit. Portrait d’un maire dont le destin se joue hic et nunc.



Leader aux pieds d’argile ?



C’est tout pompeusement qu’il est élu président de l’Association Nationale des Communes du Bénin (ANCB) après le renouvellement de son mandat à la tête du regroupement départemental des municipalités au niveau du Zou. Cet imbu du pouvoir ne manque aucune occasion d’en ajouter quelques iotas. Ces victoires factices qu’il exploite si bien « communicationnellement« , il ne les doit pas seulement à sa stratégie de communication de proximité à outrance, souvent mise en scène à coup de millions « volés à la mairie » pour « paraître ce à quoi il veut ressembler » selon un membre de son cabinet sous couvert d’anonymat, mais aussi à cette générosité de renard qui fait qu’il n’hésitera pas à balancer quelques centaines de mille voir quelques millions à un homologue en difficulté. Il a compris mieux que quiconque que « la main qui donne est la main qui tient et qui finit par reprendre« , pour paraphraser l’adage bantou. Entres taxes tactiques non enregistrées et gestion taciturne du Parc à Bus et autres gares de la ville, il a créé une génération de vaches grasses aux allures arrogantes, avec la silencieuse complicité de conseillers municipaux que la précarité a rendu « dociles« , sinon fiévreusement loyaux. Et il sait en jouer et en jouir. A ceux-là, il faut ajouter certains crèves-la-faim (anciens alliés qui ont tenté la dissidence et ont été précarisés pour servir d’exemples aux potentiels récalcitrants) qui comme des sangsues sont prêts à tout pour avoir ne serait-ce que de quoi survivre. Dans une ambiance de requiem reprise en chœur par tous et qui n’est inaudible que pour le principal concerné que l’ivresse de la puissance a rendu sourd. La contradiction, il ne la supporte point cet ancien séminariste qui n’a plus de catholique que ses irruptions pompeuses et exhibitionnistes, si ce n’est mises en scène, dans des églises du coin. Ses acolytes et lui ont commencé par comprendre que les choses changent, sous leur nez, depuis qu’une véritable opposition municipale a vu le jour. Il doit faire avec alors qu’il n’a régné jusque-là qu’en « tout-puissant-intouchable« .



Guerres internes et l’argent roi



200 millions de f cfa. C’est le montant minimum dépensé pour la construction de la salle de spectacle de la ville. Un éléphant blanc qui, sous la membraneuse couverture de latérile rouge qui couvre le sol de la ville, perd sa blancheur… « Aimant l’argent et ne vivant que par ça, il impose sa vision sans contestation » dénonce l’un de ses anciens collaborateurs qui n’a pas digéré selon lui, « les millions volés dans la ville et distribués ici et là pour se faire élire à la tête de l’association des maires du Bénin« , renchérit la même source pour qui, « il ne sert à rien d’en faire autant pour un poste honorifique« . Sur 23 conseillers municipaux, Atrokpo en compte 17. Une courte victoire pour le maire qui s’imagine, en rêve comme en se rasant le matin, un destin national. Prince Aligbonon, profitant de cette situation, n’a pas hésité à vouloir lui faire barrage, sans y parvenir. « Il vient juste faire du business chez nous, il n’est même pas de la ville, comment peut-on diriger pendant 18 ans une commune sans avoir aucune racine géographique et originaires ? » s’emporte un conseiller municipal qui dénonce « une gestion facile et conspiratoire » d’une ville stratégique par sa situation géographique. Pourtant, malgré les colmatages de la presse et les hymnes des griots, trois facteurs non négligeables concourent à faire le mythe Atrokpo. D’abord, le mythe Soglo, plus ancien et plus légitime. L’ancien président de la République, Nicéphore Soglo est originaire de la ville qui reste son dernier bastion. Une popularité naturelle dont peut jouir tout prétendant sur la liste RB (Renaissance du Bénin). Ensuite, l’argent de la mairie, dont une partie est habillement dilapidée au service des œuvres dites sociales et qui ne servent que l’image d’un homme qui s’aime trop. Au lieu d’investir pour le développement, il multiplie des sorties folkloriques pour jouer « le père Noël » même en plein été. 5.000f cfa par jour et par bus, une estimation quotidienne de 400 à 800 mille, c’est ce que le Parc à Bus de Bohicon rapporte, en moyenne 250 millions par an, une manne qui va directement au service « personnel » du maire avec la complicité des élus locaux sacs à dos. Des taxes parallèles sur les gares routières de la commune aux « surfacturations excessives » que dénonce un autre conseiller, le maire a de quoi disposer de fonds noirs aussi colossaux pour entretenir ou renforcer sa générosité déjà légendaire.



Narcissisme sous les tropiques et prétentions « présidentialisantes »



Il a réussi à s’imposer, entre mises en scène et autoritarisme, comme une personnalité « importante« . Au point que son président national de son parti, Lehady Soglo hésite à l’affronter. « Les gens me demandent d’être président, je ne veux encore » a-t-il confié. Que ne furent pas les difficultés de Léhady à mettre sur la liste municipale du parti qu’il préside un de ses proches ? Alors que le maire a constitué seul la liste (23 noms), en ramenant d’ailleurs tous les anciens élus sauf un. Tous ? Oui, parce que le plat public se mange en groupe et il le sait si bien que c’est avec eux qu’il orchestre et réussit ses combines. Mais que vaut-il ? Au fond, très peu sans le parti. « Je vais rester dans la discipline de groupe en ce qui concerne la candidature de la RB » concède-t-il avec sa fausse modestie à notre rédaction. Au fond, ayant appris son rapprochement avec Talon, le président national se préparait à s’offrir sa tête en cas de « dérapage« . Pourtant, sait-il mieux que quiconque qu’il ne pourra s’en sortir qu’en comptant sur les composantes du parti, lui que Lehady Soglo a plébiscité maire de la ville, contre l’avis même de ses parents. « Rosine avait voulu que son fils même prenne la ville » ajoute un visiteur de soir de la famille présidentielle pour qui, « maman voulait que la ville d’origine reste sous le contrôle familial ». Mais le fils a préféré son ami, Luc, sans savoir qu’il ouvre ainsi le trou noir qui risque de l’emporter. Très vite, encouragés par ses courtisans et quelques prétentieux élus locaux, le maire s’est vu président de la République, à défaut, faiseur de roi. Il brandit d’ailleurs la « sympathie » de Yayi Boni comme la preuve de son accomplissement personnel. Courtisé par Talon qui lui aurait remis une enveloppe d’appel, il craint juste une réaction du parti au cas où il aurait un candidat autre que celui de la Renaissance du Bénin. « Ce serait l’occasion idéal pour Lehady d’en finir avec lui » murmure-t-on dans l’état-major général du parti à Cotonou.



Son bilan…



La question parait saugrenue alors qu’il vient d’entamer un mandat mais la réalité sur le terrain dépasse ce que l’on pouvait imaginer. « Laissez-les dire, le président de la République même me considère comme le meilleur maire » maugrée-t-il en privé contre les attaques extérieures. En fait de dynamisme évoqué par Yayi Boni, il n’en est que dans les médias. Corporation chouchoutée du maire qui multiplie générosité et enveloppes pleines à l’endroit de la presse. Une presse qui le suit dans la marge sociale de son mandat. Des actions qui n’ont rien avec son poste de maire et dans lesquelles il excelle. Les tronçons Lissezoun-gare routière, les voies dépôt kazotti de Gbessousrame , le jardin jardin public Ponsa ( que les herbes ont envahi) ou encore Sbee gde Gbangnicon… les grands artères de la ville sont pire que des pistes rurales et le maire ne pense qu’à une seule chose, « combattre Lehady et renforcer son image d’élu humanitaire« , fragile option dans une ville qui reste à construire.
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