Le Général Mathieu Kérékou, décédé le mercredi 14 octobre 2015, est porté à sa dernière demeure le week-end écoulé, sur les hauteurs du quartier Dassagaté, à Natitingou. Auprès de sa mère, il y repose désormais pour toujours. Depuis l’annonce de son décès jusqu’aux funérailles, que n’a-t-on pas entendu du Général. Des éloges de toutes parts. Ce qui au finish nous oblige à la conclusion que cet homme est véritablement unique en son genre. Kérékou doit demeurer un modèle pour tous ceux qui aspirent à présider aux destinées de ce pays.
«Le Roi Kérékou est mort, vive le Roi» titrions-nous, le jeudi 15 octobre 2015, au lendemain du décès de l’ancien président de la République, Mathieu Kérékou. Cette phrase garde tout son sens, compte-tenu de la dimension qu’incarne le Général Mathieu Kérékou, rappelé à Dieu le 14 octobre dernier. Ce qui est étonnant, depuis le décès jusqu’à son inhumation ce week-end, tout s’est passé comme si l’homme, durant tout son règne, n’a été qu’un bon dirigeant. On aurait dit que le Bénin n’a pas connu dix-sept (17) ans de régime de parti unique, autrement dit un régime de dictature avec tout ce que cela implique. Aucun homme n’est parfait certes, mais si les Béninois, malgré cette réalité évoquée au sujet des tristes moments de l’histoire de notre pays, sont presque unanimes à reconnaître que le Général est un homme spécial, un dirigeant hors classe, c’est qu’inévitablement, il a posé plus d’actes en bien qu’en mal. Kérékou est l’incarnation de beaucoup de bonnes choses pour notre pays.
Parallélisme entre Yayi et Kérékou
Pourquoi Yayi ne peut jamais être Kérékou ? Premier élément : Kérékou est perçu comme un rassembleur, artisan de l’unité nationale. Vingt-neuf (29) ans durant, il n’a jamais tenu des propos qui mettent à mal l’unité nationale. La preuve, tous les discours prononcés lors de ses obsèques l’ont témoigné. Même ceux dits par son successeur au pouvoir. A Cotonou comme à Natitingou. Mais Yayi, on se rappelle, il y a quelques années, furieux qu’il était contre l’opposition, est allé jusqu’à dire qu’il va faire descendre les siens au sud. Propos que beaucoup ont jugés en ce moment de très graves. Donc, Yayi a les siens. En un mot, sous Yayi, il y a la fracture nord-sud. Par contre, Kérékou dispose des siens au sud comme au nord, à l’est comme à l’ouest et au centre du Bénin. Les siens sont partout. Conclusion : Kérékou est un rassembleur, Yayi un diviseur. Nouvelle preuve s’il en est. Tout le monde était aux obsèques du Général, même ses anciens «camarades de lutte» qu’on croyait loin de lui. D’anciens cadres du Prpb, d’anciens ministres et collaborateurs du parti unique. C’est inédit. Aujourd’hui, loin de nous tout mauvais présage, s’il arrivait que Yayi se retrouve dans les mêmes conditions, ce n’est pas évident. Deuxième élément : pendant 27 ans de règne, à aucun moment on a dénoncé ouvertement l’organisation des concours sous Kérékou. Ce qui ne veut pas dire que tout était parfait. Par contre, en dix ans, Yayi a réussi à mettre dans la tête des Béninois que seuls certains pouvaient réussir à des concours dans ce pays. Si bien que dans des régions du pays, beaucoup se refusent de passer les concours sous prétexte qu’ils n’ont aucune chance de réussir. Troisième et dernier élément : Kérékou voue un respect total aux institutions de contre-pouvoir. Un vrai démocrate. C’est lui qui a permis la douce transition période révolutionnaire/renouveau démocratique, avec la mise en place et le respect des institutions de la République. La séparation des pouvoirs était effectivement une réalité. Aujourd’hui, on a l’impression que Yayi a réussi la vassalisation des institutions de contre-pouvoir. Si bien que la responsabilité au sommet de l’Etat n’a plus de valeur. Alors que c’est le phénomène contraire que Kérékou incarne. Toutes comparaisons faites des citoyens et qui font percevoir aujourd’hui Mathieu Kérékou comme un homme extraordinaire.
Grégoire Amangbégnon