Le gouvernement n’a pas encore les moyens de sa politique visant à en finir avec le commerce de l’essence de contrebande, communément appelé « Kpayo ». La lutte aura été dure, très dure, mais sans la victoire effective de l’autorité publique. Après environs quatre (04) mois de lutte, le gouvernement peut éventuellement se réjouir d’avoir réduit le nombre de bouteilles et de bidons sur les étalages. La vérité est que le terrain est en train d’être libéré progressivement. La faute au répit constaté dans ce corps à corps avec les acteurs de ce commerce. En conséquence, le marché se réveille progressivement même avec la création de nouvelles stations informelles. Les berges lagunaires d’Abomey-Calavi, Cotonou et Porto-Novo continuent de fournir du carburant de contrebande sous le regard impuissant de l’armée. Le ver est donc dans le fruit et il faudra le retrouver.
Absence d’un dialogue gouvernement-contrebandiers ?
En réalité, une multitude de raisons justifient cet échec. Il s’agit, entre autres, du « refus du Chef de l’Etat » d’échanger avec l’association des commerçants de l’essence de contrebande sur la situation. Le dialogue n’a pas été organisé malgré la main tendue des acteurs de ce commerce. A plusieurs reprises, on a entendu les responsables inviter le Chef de l’Etat à les impliquer dans cette lutte. A aucun moment, lors de ce dernier bras de fer, il n’y a eu des pourparlers avant même qu’un camp ne refuse la mise en application d’une décision finale. Dans ses interventions faites dans la presse, l’association des importateurs d’essence de contrebande a confié avoir la solution à cette situation. Mais, leurs cris ont été de l’eau jetée sur le dos du canard et le commerce résiste à toute tentative visant à l’étouffer.
La pauvreté et le chômage, des éléments de proximité
Au Bénin où le chômage et la pauvreté ne trouvent pas encore de solution, le commerce informel survient comme une porte de sortie. Diplômés sans emploi et apprentis se ruinent vers la vente de l’essence de contrebande afin de joindre les deux bouts. Au contact, il se révèle que l’apport de ce commerce fait qu’ils ont du mal à se retirer sans l’assurance du gouvernement. Pour la majorité des vendeurs, « il n’est pas question de prendre le risque de laisser ce commerce malgré les risques encourus ». Durant plusieurs années, le « Kpayo » a permis aux populations de survivre. Ce qui fait dire aux démographes que « c’est un amortisseur social ». La seule solution résiderait donc dans la mise en place effective, par le gouvernement, des éléments concrets d’une reconversion des acteurs de ce commerce. Si rien n’est fait de façon palpable dans ce sens, la situation va tout le temps perdurer au grand dam du peuple béninois.
L’accueil maussade et la pénurie dans les stations Sonacop
Au Bénin et particulièrement à Cotonou, les clients ont perdu leur importance dans les stations Sonacop. Ils sont souvent nargués par certains pompistes. Malheureusement, c’est souvent le cas. Dans ces circonstances, le client ne peut que se rabattre chez les vendeurs le moins cher et le plus accueillant. Il se note donc un problème de formation des agents de la Sonacop. Le marketing a même déserté le forum. Or, l’Etat n’a cessé de jouer sa partition en leur payant leurs salaires. Un contrôle s’impose désormais pour procéder à la radiation des agents indélicats, peu soucieux des objectifs de cette lutte que le gouvernement mène depuis peu. A tout cela, s’ajoutent les nombreux bras de fer entre forces de l’ordre et contrebandiers. Les plus récents sont ceux de Djrègbé dans l’Ouémé et des cas d’accidents qui ont souvent endeuillé les familles aujourd’hui dans l’incapacité d’aider le gouvernement à mener cette lutte. En conséquence, les stations réglementaires de vente de carburant avaient presque retrouvé l’affluence. En dépit de tout, le prix du carburant est actuellement à 500 fcfa voire 450 fcfa, selon les localités contre 580 fcfa dans les stations.