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En dépit de son statut de cité lacustre : Sô Ava sous le diktat du changement climatique
Publié le mercredi 16 decembre 2015  |  Matin libre
L`Afrique
© Reuters par Christian Hartmann
L`Afrique est le continent qui émet le moins de CO2, mais c`est celui qui est le plus vulnérable au changement climatique.




Cité lacustre avec des plaines inondables, Sô Ava reste, au-delà de la pêche par laquelle on l’identifie prioritairement, une commune favorable à l’agriculture. Selon une Monographie réalisée en 2006, le climat dans cette localité, est de type tropical humide caractérisé par l'alternance de deux saisons de pluies et de deux saisons sèches. La grande saison de pluies s’étend de mars à juillet et la petite, de septembre à novembre. La moyenne pluviométrique annuelle est de 1200 mm. Les températures varient entre un minimum de 22°C et un maximun de 33°C. Mais, visiblement aujourd’hui sur le terrain, la réalité est toute autre.

Située dans le département de l'Atlantique, Sô –Ava occupe la basse vallée du fleuve Ouémé et de la rivière Sô à qui elle doit son nom. D'une superficie de 209Km², la commune est limitée au nord par les communes de Zè, Dangbo et Adjohoun ; au sud par la commune de Cotonou, à l'est par la commune lacustre des Aguégués, et à l'Ouest par la commune d'Abomey –Calavi. Au nombre des sept (7) arrondissements que compte Sô Ava, à savoir : Ahomey-Lokpo, Vekky, Ganvié 1, Ganvié 2, Houedo-Aguékon, Sô-Ava et Dékanmè, le premier aura retenu notre attention à cause de sa dominance en terre cultivable mais en même temps le cri de détresse de la population qui s’adonne à cette l’activité agricole. Entre deux descentes en dix (10) mois, le constat est presque le même. Le refrain n’a pas changé non plus.

Nous étions vendredi 6 février 2015, quand, à la suite d’une visite guidée d’un cadre du ministère de l’Agriculture, natif de Sô Ava sur le terrain, nous découvrîmes le champ illimité « Tahia » situé dans le village Ahomey-Ounmè, arrondissement de Ahomey-Lokpo. Sur cette superficie que met en valeur l’Union communale des maraîchers de Sô Ava (Ucomas), constituée d’hommes et de femmes, gombo, tomate, piments, légumes, maïs, entre autres, y sont cultivés. La particularité ici est que ce sont essentiellement des produits bio, sans produit chimique. Le sol étant enrichit au limon après les périodes de crue. Sô Ava peut donc se targuer d’avoir de meilleurs produits sur le marché. La belle preuve, le 16 octobre 2014 à Glazoué, à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, la Fao a décerné une distinction dans le domaine de l’agriculture, aux deux groupements maraîchers de Sô-Ava. Et il a été démontré que les produits maraichers rencontrés à Akassato, Calavi, Cotonou, Zè, Ouegbo ont généralement pour origine Sô Ava

Cependant, tout n’est pas rose. Des problèmes se posent véritablement au secteur agricole à Sô Ava, particulièrement à Ahomey-Ounmè. En effet, avant la phase de la récolte, c’est la croix et la bannière. Et pour un champ qui se trouve dans une cité lacustre, cela pourrait paraître paradoxal. Le sol s’assèche jusqu’à une certaine profondeur et devient rocailleux. Ce qui sans doute agit sur les cultures et par conséquent sur le rendement. De retour dans la commune jeudi 10 décembre dernier, les inquiétudes du président de l’Ucomas, Alphonse Agbotomè, n’ont pas varié. « Avant, ce n’était pas aussi criard. L’eau irriguait le champ mais cette année, ça devient inquiétant. Aidez-nous pour que les gens nous viennent en aide», a-t-il lancé.

Des mesures d’adaptation s’imposent

Pour le président de l’Ucomas, comme solution à la situation, il y a l’option contraignante de l’arrosage qui se fait. Le champ étant situé entre 1 et 2Km de la nappe, il faut de longs tuyaux pour drainer l’eau jusque dans le champ. C’est un lourd investissement puisqu’il faut aussi une motopompe, du carburant etc. « Pour éviter les locations au quotidien, j’ai dû acheter au marché de Dantokpa, 3 rouleaux de tuyaux à raison de 50 000 F environ », a révélé Alphonse Agbotomè, l’air dépité. C’est une alerte, la situation est très préoccupante pour ces maraîchers qui n’attendent que les meilleures conditions pour produire. Sô Ava, grenier de qualité pour les communes limitrophes. C’est un plus pour l’agriculture béninoise. Et cet atout mérite d’être préservé. Il faut donc à défaut des collectivités locales, que le ministère en charge de l’agriculture ou toute autre structure compétente pense à la réalisation d’un système d’irrigation ou toute autre mesure d’adaptation dans le champ de Ahomey-Lokpo pour réduire les peines des maraîchers. La sécurité alimentaire en dépend .

A. Jacques Boco
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