Sur le chemin qui mène à la Marina, deux anciens amis se retrouvent victimes de leurs stratégies. Boni Yayi en optant pour le choix de Lionel Zinsou se trouve confronter aux mêmes misères que Patrice Talon dans son envie de faire accepter sa candidature par la classe politique.
On se souvient du rôle qu’a joué l’homme d’affaires dans l’élection de Maître Adrien Houngbédji. Grâce à sa fameuse télécommande, les partis politiques qui se réclamaient de l’Opposition politique au régime Yayi ont retrouvé l’entente le temps d’une élection. Cet exploit réussi, Patrice Talon n’avait certainement plus de doute sur un futur retour de l’ascenseur. Très tôt mis dans la confidence, Candide Azannaï avait invité, lors d’un séminaire de l’Un à Grand-Popo, tous les probables candidats à la candidature de l’Un, à taire leurs ambitions personnelles. Il voulait sans doute baliser le terrain à son ami Patrice Talon. Mais la mayonnaise n’a pas pris. Pire, au moment où l’homme a le plus besoin de leurs soutiens, aucun de ses partis de l’Opposition qui, à un moment donné, ont bénéficié des largesses de l’homme d’affaire n’a encore porté son choix sur l’homme. Au même moment, les soutiens pleuvent sur son compère Sébastien Ajavon. Cela peut être assimilé à une forme d’ingratitude de la classe politique envers Patrice Talon.
Dans le même temps, le choix porté sur Lionel Zinsou par Yayi Boni ne fait pas l’unanimité au sein des Forces cauris pour un Bénin émergent. Ceux-là même qui ont, tout le temps, été dans les arcanes du pouvoir, qui ont été nommés à divers postes de responsabilité par Yayi Boni, refusent de suivre la consigne de ce dernier. Alors qu’ils doivent tout à Yayi Boni, ils se trouvent maintenant des talents de contestataires tout simplement parce que leur bienfaiteur est en fin de mandat.
L’un comme l’autre Yayi et Talon sont victimes de l’ingratitude de la classe politique. Mais Talon plus que Yayi parce que lui au moins a encore le temps de corriger le tir. Tant qu’il tient encore en main le pouvoir d’Etat, Yayi Boni a encore la latitude de réunir les Fcbe autour de Lionel Zinsou. Certains n’attendent d’ailleurs qu’il leur fasse des promesses. Il peut aussi changer d’approche. Au stade où il est, il s’agit plutôt pour lui de convaincre les gens sur l’opportunité d’un tel choix et non d’imposer Lionel Zinsou envers et contre tous car il y a six mois, beaucoup de ses lieutenants ne savaient rien de l’homme. Aujourd’hui encore, ils n’en savent pas davantage si ce n’est le rôle qu’il a joué dans l’organisation de la Table ronde de Paris. Cette méconnaissance qu’ils ont de Lionel Zinsou se traduit dans la pauvreté des arguments qu’ils développent sur le terrain afin de le faire accepter par la base. Tout ce qu’ils ont comme argument, c’est qu’après Y, c’est Z ou encore l’homme connaît la finance internationale. Il est difficile de convaincre un tiers quand on n’est pas soi-même convaincu de ce dont on parle. Si les gens qui sont chargés de vendre le produit Zinsou aux populations ne savent pas grande chose sur l’homme, l’entreprise est d’ores et déjà vouée à l’échec. Boni Yayi gagnerait donc à changer sa stratégie si tant est qu’il tient à assurer la victoire à son joker.
B.H