Mais on vous a donné l’occasion et vous avez été incapables de désigner quelqu’un parmi vous ?
Non. Je vous dis qu’il y a la plus haute instance qui est la conférence des chefs de partis qui ne s’est jamais réunie.
Depuis le choix de Zinsou, vous vous êtes tous tu, validant ainsi par votre silence ce choix.
On se réserve le droit à tout moment de dire ce qu’il en est, et vous allez m’entendre. J’ai déjà dit dans une interview que je ne me sens pas associé à cette manière de désigner. Je n’ai rien contre le premier ministre. Mais je dis que de la manière dont le candidat a été désigné, je ne me sens pas engagé du tout parce que j’estime que les principes établis n’ont pas été respectés. Si personne ne proteste, je dis que nous sommes traités comme des veaux parce que j’aurais été parmi les dix et tel que ça se passe, j’aurais élevé le ton.
Entre déçus de cette désignation, vous vous concertez ?
Bien sûr. Il y a des fronts qui se constituent, mais comme vous le savez au Bénin, il y a beaucoup de lenteur. Ça traine mais ça va venir. Monsieur Lionel Zinsou a ses chances. Moi je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent qu’il n’est pas Béninois. Lionel Zinsou est de quel pays ? Barack Obama est de quel pays ? Sarkozy est de quel pays ? Le problème est que Lionel Zinsou est dans le parti socialiste en France. Il n’était pas FCBE, à ce que je sache. Peut-être qu’il l’est et que moi, je ne le sais pas. Maintenant, on a établi les critères. Il ne les remplit pas. Qu’est ce qui a fait que c’est lui que la haute hiérarchie a préféré ? C’est à eux seuls de nous l’expliquer. Mais, je trouve que quand vous êtes des combattants, que vous êtes unis par un projet de société, que vous faites ensemble des combats pour le développement, normalement parmi vous, on doit pouvoir trouver quelqu’un, quelqu’un qui a participé à la lutte contre les privations des libertés, quelqu’un qui a lutté contre Ségbana, qui a connu les PCO, qui a connu la faim et la soif. Allez demander à celui qui a été désigné le prix du kilogramme de gari, que voulez-vous qu’il vous dise ?
Les ambitions que nourrissait Marcel de Souza sont-elles éteintes ?
Avez-vous jamais vu un homme éteindre ses ambitions ? C’est quand on est dans la tombe qu’on peut les éteindre. Je nourris toujours mes ambitions mais il faut toujours savoir prendre ses décisions au bon moment et au moment opportun. Regardez les gloires que nous avons actuellement. Il y a des coups de billets qui font qu’on n’entend plus rien, avec les hommes d’affaires. C’est notre constitution qui n’est plus au point. La constitution dit que ce sont les partis qui animent la vie politique. Mais on n’a mis nulle part que ceux qui sont candidats doivent être issus d’un parti politique. En Côte d’Ivoire, si vous n’avez pas un parti politique, vous n’êtes pas chef d’Etat. Mais ici, nous avons adopté le multipartisme intégral. Nous avons deux cents partis et nous aurons deux cents projets de société. Voilà le désordre que nous avons, et comment financer ces partis ? Tout ça ne valorise pas notre démocratie. J’ai vu un candidat à qui j’ai demandé s’il est terrorisé puisqu’on ne l’entend plus. Il m’a répondu qu’il est tétanisé parce que les hommes d’affaires donnent dix ou vingt millions lors des meetings. La pauvreté des populations est telle qu’elles saisissent l’occasion qui se présente à elles. J’ai vu des jeunes qui m’ont dit qu’ils prennent désormais cinq mille au lieu de deux mille. C’est une vue très courte et je crois que les choses vont s’améliorer avec l’alphabétisation. C’est malheureux parce que je ne vois pas quelqu’un de raisonnable se présenter au Bénin contre ces hommes d’affaire. Il va se faire écraser. Je nourris toujours mes ambitions et je cherche toujours le bon moment pour pouvoir intervenir. Si je ne suis pas roi, je peux être un faiseur de roi. C’est ça mon objectif. On ne peut pas être forcément chef d’Etat avant de servir son pays. Gbagbo a dit que le poste de chef d’Etat n’est pas un banc mais plutôt un fauteuil. Maintenant, quand on a la foule derrière soi, cela ne veut pas toujours dire qu’on est populaire. Car quand la foule vient, vous voyez les mêmes personnes qui sont à Zè, après elles sont à Allada pour dire sollicitation, et comme elles le disent, on va croquer les légumes. Mais, ce n’est pas évident que le jour où ils vont voter, ils puissent voter pour ceux qui ont donné de l’argent. Donc, voilà un peu la situation. Je souhaite que vraiment pour les élections-là, ce soit une élection festive, que ce ne soit pas ce qui se passe où les gens se tapent dedans, mais que ce soit dans la joie, dans le respect et qu’on ait quelqu’un qui sache comment mettre notre pays sur les rails du développement et surtout faire reculer la pauvreté puisque jusque-là, la pauvreté ne recule pas.