l garde des souvenirs inoubliables des obsèques du Général Mathieu Kérékou auxquelles il a pris part à Natitingou. Dans l’interview publiée ci-dessosus, l’opérateur économique et probable candidat à la présidentielle, Sébastien Germain Ajavon l’a dit tout en affichant son attachement à la ville natale de l’ancien président défunt. Lire l’interview dans laquelle il dévoile en partie ses ambitions pour Natitingou.
Vous venez de prendre part, comme à Cotonou, aux derniers hommages de la nation au Général Mathieu Kérékou. Quelles sont les sentiments qui vous animent en ces instants où l’illustre homme est en train d’être porté vers sa dernière demeure ?
Il s'agit d'un événement grandiose auquel nous avons pris part. Vu la grande mobilisation nationale depuis que les hommages sont rendus à Cotonou à ce patriarche, vu l'immense déferlement des personnalités béninoises et étrangères sur Natitingou, vu la mobilisation des populations de Natitingou et environs, il n'y a pas de doute que nous avons assisté à un cérémonial d'adieu inoubliable. Certes, c'est une page de l'histoire du Bénin qui se ferme, mais nous avons le devoir de tirer de la vie du Général Kérékou - incontestablement le plus grand homme politique du Bénin- les arguments qui vont permettre à notre pays d'avancer.
Quels sont, selon vous, ces arguments qui vont permettre à notre pays d’avancer et qui vous tiennent tant à cœur ?
Si vous avez bien suivi Mgr Antoine Ganyè et les nombreux témoignages qui ont été faits, ils résument l'essentiel à retenir de cet épisode de l'histoire de notre pays. Le Général Kérékou restera, à jamais, pour nous Béninois, le symbole de l'humilité, de l'amour du prochain et de la remise en cause de soi. Mgr a surtout insisté sur le fait que c'est dans la crainte de Dieu qu'il puisait les ingrédients qui le rendaient humble et modeste. Au-delà de tout, Mathieu Kérékou nous laisse un héritage de paix, de cohésion nationale. Le culte de l'intérêt général a été un de ses points forts. Ça veut dire quoi? Que nous devons œuvrer à préserver cet immense héritage et à n'importe quel prix. C’est pourquoi, à la suite de Mgr, je me vois en train de dire ''Kérékou, vas là-bas, prie Dieu et supplie-le pour que jamais, au Bénin, on ne verse le sang pour des raisons politiques.
Mais, Kérékou, c’est aussi un nom que retient l’Afrique pour son œuvre quant à l’instauration de la démocratie en Afrique subsaharienne
Il y a un sentiment de légitime fierté qui m'anime à l'évocation du nom Mathieu Kérékou au regard du rayonnement qui est le sien quand on parle du processus démocratique en Afrique. Quel que soit ce qu’on peut lui reprocher, avec son pacifisme, l’amour qu’il éprouvait pour son pays et son sens de l’honneur, il a marqué l’Afrique d’une pierre blanche. En effet, personne n’a oublié la Conférence nationale des forces vives de la nation. C’est cet épisode de la vie politique du Bénin qui explique que nous soyons ici aujourd’hui à lui rendre hommage. Beaucoup de pays africains sont allés sur nos pas avec des succès relatifs. C’est ce qui grandit davantage Mathieu Kérékou aux yeux de l’Afrique parce qu’il a œuvré de sorte à ce que cette conférence nationale ne soit pas une mascarade. Il avait annoncé à l’avance que les décisions qui en sortiraient devaient s’imposer à tous ; et c’est ce qui s’est passé, parce qu’il a dû quitter le fauteuil présidentiel alors qu’il tenait bien le gouvernail ; il pouvait faire truquer les élections à son avantage, revenir sur ses promesses, refuser de passer la main et tout remettre en cause. Il a perdu les élections, a fait bon cœur contre mauvaise fortune et s’est réfugié dans ‘’les filaos’’. C’est cet homme que nous célébrons. C’est la mémoire de cet homme que plusieurs chefs d’Etats étrangers sont venus saluer.
Alors, Mathieu Kérékou a été porté à sa dernière demeure. Que peut-on faire pour que la mémoire de l’homme traverse les âges, les époques ?
Vous avez raison, la mémoire du Général Kérékou doit survivre au temps ; et ce ne serait que justice. Pour ce faire, les Béninois doivent réfléchir à la stratégie à adopter pour y parvenir. Je sais qu’une Fondation en son nom existe et est animée par d’illustres acteurs de la vie sociale et politique béninoise. A mon humble avis, ce n’est pas suffisant. Car nous devons déjà penser à créer le musée Mathieu Kérékou qui sera visité par nous-mêmes, nos enfants et les futures générations voire les étrangers. Il sera un lieu de tourisme didactique et intellectuel d’où transparaîtra la dualité du personnage. Car, c’est réellement de ce point de vue qu’il a marqué son pays. Autant certains le vouent aux gémonies pour la didacture des années phares du marxisme-léninisme, autant d’autres – et Dieu sait qu’ils sont nombreux – le saluent pour avoir mis le Bénin sur l’orbite de la démocratie, de la paix et de la cohésion sociale. C’est pourquoi l’Etat devra œuvrer pour que ce musée voie le jour. Dans le même ordre d’idée, autant la conférence nationale fera partie intégrante des programmes d’enseignement tant à l’école primaire qu’au collège, autant les rois sont dans les programmes scolaires, autant Mathieu Kérékou doit aussi être enseigné à l’école. La visite du musée Mathieu Kérékou consacrera le volet pratique des enseignements théoriques dispensés en classe. Sur un autre plan, nous devons instituer le 14 octobre de chaque année, jour de sa disparition, en un jour de réflexion sur l’unité nationale et la paix au Bénin. Au-delà, le 14 octobre de chaque année devra être un jour de fête où tout le Bénin aura les yeux tournés vers Natitingou où se dérouleront des manifestations publiques en mémoire de Mathieu Kérékou ; des cultes religieux, un forum sur l’état des lieux relatif à la paix et à la cohésion sociale, des compétitions sportives avec même des compétiteurs et équipes étrangères, des concerts, des jeux-concours, etc… ce sera la fête locale de Natitingou comme il y en a un peu partout au Bénin mais avec une envergure nationale en l’honneur de Mathieu Kérékou. Pour ce faire, cette grande métropole du Nord-Ouest de notre pays devra bénéficier d’un programme spécial que mettra en œuvre le prochain gouvernement. Il y a eu des programmes spéciaux un peu partout au Bénin. Je crois que c’est le tour de Natitingou d’avoir le sien.
Justement, la ville de Natitingou semble quelque peu délaissée
Effectivement, quand j’arrive dans cette ville, c’est toujours avec un plaisir immense que je contemple la nature. Ces collines qui cernent la ville et donnent l’impression de l’encadrer dans un élan protecteur, offrent un spectacle merveilleux. La nature y est verdoyante, l’espace très accommodant et les gens sympathiques et accueillants. Je me souviens que Natitingou a bénéficié récemment d’une opportunité d’investissements majeurs avec la fête tournante du 1er août. Avant cela, qu’est-ce qu’il y a eu ? Après, le 1er août à Natitingou, qu’est-ce qu’il y a eu ? C’est pourquoi, sans tarder, cette métropole du Nord-Ouest Bénin devra bénéficier de son programme qui va en faire la première ville touristique du Bénin. Pour le peu que je sais, elle ne manque pas d’atouts pour cela. Elle déborde même de potentialités surtout qu’elle est le passage obligé vers d’autres atouts touristiques dont regorgent les départements de l’Atacora et de la Donga. C’est dans l’intérêt de nous tous qu’elle concentrera des projets de développement. La qualité de la route qui y mène sera améliorée de même que le transport pour s’y rendre. Ce faisant, dans la foulée, une ligne aérienne s’imposera avec la construction d’un aéroport d’envergure internationale. Ainsi, il est temps de voir Natitingou figurer dans les catalogues du tourisme international. Figurez-vous que lorsque qu’une infime partie d’un tel programme va commencer par être exécuté, ce sera la grande ruée pour construire les hôtels, les établissements de plaisance, les écoles, les hôpitaux. Les hommes d’affaires vont flairer le bon coup et accourir. Personne n’appellera personne. Les gens viendront d’eux-mêmes parce qu’ils ont l’argent et ne savent même pas dans quel secteur investir.
Vous avez décliné ainsi votre programme pour Natitingou, si vous accédez à la magistrature suprême.
Ce n’est évidemment pas tout. Il y a beaucoup d’autres choses et pour toutes les villes et régions du Bénin. Mais, nous aurons l’occasion et le temps d’en parler et de faire des débats autour. C’est pour bientôt.
Propos recueillis pour Matin Libre par
Mike MAHOUNA