Déchirée entre l’option de la candidature interne et le choix à l’externe, l’Union fait la nation (UN) privilégie désormais la piste de l’ouverture. La voie de la désignation à l’interne est définitivement écartée. Plusieurs sources proches du comité dirigé par Bruno Amoussou sont formelles. La sentence est implacable pour les deux rivaux, candidats internes à la candidature unique. L’UN tourne ainsi dos à Eric Houndété et Emmanuel Golou. A moins d’un mois du dépôt des dossiers, l’Union n’a toujours pas livré officiellement son verdict.
Golou et Houndété dans l’illusion
L’introduction de trois autres présidentiables, Talon, Pik et Ajavon dans le processus avait entériné la logique de l’ouverture proclamée par les responsables de l’UN. Autorisés à aller sur le terrain pour une campagne en vue de la candidature interne, Houndété et Golou sont désormais en proie à l’illusion. Selon quelques indiscrétions, deux raisons fondamentales expliquent le revirement stratégique de cette alliance phare de l’opposition, résolument tournée vers l’exploration externe.
D’abord, l’éternelle question du financement de la campagne présidentielle. Ni Golou ni Houndété ne semblent avoir le pactole pour garantir à l’Union, une expédition électorale sans risque d’anémie. L’entrée en scène des puissances financières, anciens sponsors de la politique, privent l’Un de la manne nécessaire pour séduire l’électorat. Sans moyens et plongés dans le doute et les incertitudes, les opposants asphyxiés par le pouvoir ne peuvent confier leur destin à un candidat unique qui tire le diable par la queue. L’UN épuisée par la galère de l’opposition ne veut pas de candidats financièrement souffrants.
Ensuite, le défaut de charisme est un mal qui affaiblit la notoriété des deux candidats à l’interne. Combinée au gros handicap financier, cette faille liée à la personnalité des prétendants issus des entrailles de l’UN les a fragilisés. Pour la quête de suffrages, Amoussou, Idji et la troupe unioniste veulent faire la grande moisson. L’Un a donc décrété l’urgence et elle a écarté les candidatures potentiellement fatales aux ambitions imposées par l’échéance du 28 février prochain.
Seul problème : en confinant Houndété et Golou longtemps dans la caverne de l’illusion, l’UN a fait le lit des frustrations qui peuvent la condamner à l’implosion. Puisque la candidature à l’interne n’était finalement qu’un miroir aux alouettes, la réplique du duo Golou Houndété désormais unis par l’illusion, reste la grande inconnue de l’épilogue du feuilleton du choix du candidat unique.
Entre Talon et Ajavon
Après avoir évincé ses pièces internes, l’UN n’est pour autant pas sorti de l’auberge. La piste Pik est abandonnée. Sur les tablettes, les deux milliardaires sont au coude-à-coude. Au cœur des tractations pour la candidature unique, Talon et Ajavon provoquent la bipolarisation de l’Union. « Les deux sont des amis », précise une source proche du dossier. L’exode vers les opérateurs économiques semble irréversible.
La grande attente dans la publication des conclusions du comité a viré à la trainée de rumeurs sur fond d’une affaire de 5 milliards Fcfa destinée à corrompre les ténors de l’Union. « Ce n’est jamais perdu pour tout le monde les rumeurs et leurs effets », réagit immédiatement Sêhoueto et d’ajouter « je suis entré en politique par la porte des idées. J’y resterai par la force des idées et non de l’argent et autres vanités".
Tournée vers la candidature à l’externe, l’UN est à un point de non retour. Il reste une équation majeure à résoudre : choisir entre Talon et Ajavon. A moins que les jeux soient déjà faits.
Sulpice Oscar GBAGUIDI