Le fauteuil présidentiel est désormais très convoité par ceux-là qui ont servi une majeure partie de leur vie sous le drapeau national. Le colonel Oladé Akanni et les généraux Fernand Amoussou et Robert Gbian, sont bien déterminés à mener la bataille de 2016. La présidentielle suscite bien des passions qui peuvent donner lieu à diverses interrogations. Qu’est-ce qui a soudain réveillé cette envie du pouvoir chez les hommes en uniformes ? Car, il est clair que depuis le 26 Octobre 1972, que ce soit de la période révolutionnaire à l’avènement du renouveau démocratique, les Béninois ne retiendront qu’un seul nom venu de l’armée, celui du Général Mathieu Kérékou, en sa qualité de militaire et d’acteur politique. Personne ne peut dénier à l’homme du 26 Octobre ses qualités d’acteur politique. Il a cédé le pouvoir en 1990, mais l’a regagné successivement et démocratiquement en 1996 et 2001. Il ne s’agit pas d’une apologie du Général défunt, mais d’un devoir de mémoire pour s’interroger sur les motivations de la réapparition soudaine des hommes en uniforme sur la scène politique. Est-ce pour continuer à donner la preuve de ce que la discipline militaire peut conférer une certaine qualité et prédisposer à la gestion des affaires de la cité ?
En tous cas, ces candidats à la présidentielle peuvent exhiber l’exemple Kérékou, ou encore celui de l’actuel chef de l’Etat de la République fédérale du Nigéria, Mouhamadou Buhari. La peur du gendarme est le début de la sagesse, dit l’adage populaire. Mais les hommes de l’armée qui entrent démocratiquement dans la course au pouvoir, y vont souvent avec des objectifs précis. Déjà, le profil des trois officiers en compétition est rassurant sur leur capacité à exercer le pouvoir d’Etat. Le colonel Akanni est un ancien chef de bureau Europe Amérique en stratégies et relations internationales, qui a pris part à plusieurs missions onusiennes. L’ancien chef d’Etat major général, Fernand Amoussou qui a aussi effectué avec brillance sa mission onusienne n’est pas moins méritant. Et l’ex-Directeur du cabinet militaire du chef de l’Etat, le général Robert Gbian a tout aussi des arguments à revendre.
Quelle vision pour le prochain quinquennat ?
Au Bénin comme au Nigéria pour ne citer que ces cas, au regard des contextes, le peuple a pris la décision de confier sa destinée à ceux là qui sont longtemps garant de l’ordre et de la sécurité de tous. La question est donc de savoir si le contexte est aujourd’hui favorable à la candidature des hommes en uniformes sous nos cieux, qui ne font d’ailleurs visiblement rien pour se départir des rabâchements des politiciens. Si le colonel Oladé Akanni et les Généraux Fernand Amoussou et Robert Gbian, veulent jouer leur destin sur le terrain politique en 2016, ils doivent pouvoir par exemple, faire des propositions pertinentes sur les questions sécuritaires, notamment définir de nouvelles politiques, pour lutter contre l’insécurité récurrente et préserver le Bénin contre des menaces terroristes, pour la sauvegarde de l’intégrité territoriale. Il faudra se montrer capable de porter l’héritage du Général Mathieu Kérékou, reconnu comme un démocrate, un homme de paix, bâtisseur de l’unité nationale et développeur, même si l’on occulte bien souvent ce pan de sa vie. Le stade de l’amitié de Kouhounou, la rénovation de la présidence de la République, la construction de grandes infrastructures et bien d’autres réalisations portent la marque du Caméléon. Akanni, Amoussou et Gbian, peuvent relever ce défi. Ils en ont l’étoffe. Il reste à obtenir la confiance des Béninois dans les urnes le 28 février 2016.
Arnaud DOUMANHOUN