A l’initiative du Projet de Compétitivité et de croissance intégrée (PCCI) qui se veut « Créateur de valeur », soutenu par la Banque mondiale, une compétition de plans d’affaires s’est déroulée au cours de l’année, et a enregistré plus de 2500 participants. A l’issue de ladite compétition, les meilleurs plans d’affaires ont été distingués lundi 21 décembre, au palais des Congrès de Cotonou, au cours d’une cérémonie placée sous le haut parrainage du Premier ministre, Lionel Zinsou.
Les petites et moyennes entreprises (PME) au Bénin font face à de nombreux obstacles dans leur développement : fiscalité complexe, très peu d’appuis et d’instruments de développement disponibles, impréparation de beaucoup d’entrepreneurs à l’élaboration de plans d’affaires et à la gestion d’entreprise. Ainsi, le secteur privé demeure informel à plus de 95% et concentré sur des activités commerciales, ne générant qu’une richesse limitée en termes de valeur ajoutée et de création d’emplois. Enfin le niveau d’accompagnement des institutions financières au Bénin au profit des PME reste faible. Le Projet de Compétitivité et de croissance intégrée (PCCI) est l’outil stratégique global du gouvernement béninois pour répondre à ces défis majeurs de l’économie nationale.
Pour Dieudonné Dahoun, Coordonnateur national du PCCI, la compétition est une réponse aux préoccupations des entrepreneurs dont les projets, souvent, sont soit mal conçus, soit dépourvus de plans d’affaires ou encore discriminés sur la base de critères subjectifs. Ce disant, il rappelle les critères de sélection et les mérites des récipiendaires. Puis se réjouit du succès de l’initiative, qui traduit toute sa pertinence.
Didier Acouetey, membre du Comité consultatif, remercie pour sa part ceux qui ont mis en place le programme, et félicite les lauréats. Lesquels, espère-t-il, seront des promoteurs actifs de la croissance intégrée du Bénin grâce à leurs PME, qui représentent 90% du secteur privé, et peuvent être de réelles sources d’emplois pour les jeunes. Même si les fonds qui leur seront alloués dans le cadre de ce programme sont en-deçà de leurs attentes, pour la plupart, Didier Acouetey ne doute pas qu’ils leur seront d’une grande utilité et qu’ils réussiront même à lever des fonds auprès d’institutions bancaires. Le tout, pour tenir le pari de la création de milliers d’emplois.
Au nom des lauréats, Dieudonné Alladjodjo et Pulchérie Ablawa Aholou expriment leur gratitude aux organisateurs pour cette compétition de plans d’affaires organisée dans la transparence. Et qui a permis aux lauréats de bénéficier du renforcement de leurs capacités. Cela a induit un chiffre d’affaires plus grand, un recrutement de nouveaux employés. Aussi promettent-ils de maintenir le cap après avoir été ainsi mis en lumière par le projet, en allant à la conquête d’autres marchés. De même, ils recommandent que le programme soit maintenu afin que d’autres promoteurs de PME puissent en bénéficier.
Un programme prometteur
Quant à Pocoun Damè Kombienou, ministre de l’Industrie et du Commerce, il fait remarquer que la compétition est intervenue à un moment où le gouvernement fait de gros efforts pour offrir de bonnes solutions au problème du chômage des jeunes. L’initiative s’inscrit dans une dynamique au niveau international, assure-t-il, invoquant la démarche du programme de la Fondation Tony Elumelu. En clair, la compétition de plans d’affaires rentre dans le cadre de la mise en place de solutions innovantes au profit des jeunes ; une preuve de la volonté du gouvernement de motiver et d’encourager les opérateurs économiques à créer de la richesse, afin de bâtir une économie forte basée sur le principe du partenariat public-privé.
Pour sa part, Katrina Sharkey, représentante résident de la Banque mondiale au Bénin, se réjouit de l’aboutissement de ce processus financé par son institution à hauteur de 25 millions de dollars US. Si le taux de croissance actuelle est insuffisant pour permettre de réduire significativement la pauvreté et donner du travail aux 100 000 nouveaux demandeurs annuels, elle relève néanmoins que le Bénin dispose d’un potentiel économique énorme qui a besoin d’être valorisé. De même, dit-elle, le Bénin dispose d’avantages comparatifs uniques sur un certain nombre de chaînes de valeurs susceptibles de générer la croissance et de contribuer à la création d’emplois.
A son tour, le Premier ministre, Lionel Zinsou, a manifesté sa joie et remercié tous les organisateurs. Sur la base d’expériences d’entrepreneurs partis sinon de rien, du moins comme en aventure, Lionel Zinsou enseigne la dureté de la tâche en même temps que son côté exaltant. Pour rassurer les lauréats et les encourager à la persévérance. Car, indique-t-il, tout est à construire dans la plupart des pays d’Afrique sub-saharienne et l’entreprenariat en est le moteur. Nourrissant les lauréats de conseils tirés de l’expérience des pays développés, il suggère que les efforts, à terme, devraient viser la réalisation des routes, des infrastructures énergétiques, des installations d’eau potable et le développement de l’agriculture. Dans tous les cas, la croissance doit suivre car la démographie galopante ne permet pas d’absorber les demandeurs d’emplois.
A signaler que les 137 lauréats du programme (dont 45% sont des femmes), recevront de 3 à 25 millions de FCFA et bénéficieront d’un suivi dans la mise en œuvre de leurs projets respectifs sur une période de 10 mois. En 2016, leurs entreprises devraient aider à créer environ 1300 emplois.¦.
Wilfried Léandre HOUNGBEDJI