Le président de la République était, lundi 28 décembre, devant le Parlement pour son traditionnel discours sur l’état de la nation. Pour ce dernier exercice de son deuxième quinquennat, il a défendu les acquis de son gouvernement et ouvert des pistes de réformes d’avenir.
Son discours de lundi 28 décembre soulevait en lui une émotion particulière d’autant que c’est sa dernière intervention devant le Parlement en tant que président de la République. Mais Boni Yayi s’est résolu à défendre devant la Représentation nationale les acquis de son dernier quinquennat et dégager des pistes de réformes pour son successeur. «Malgré les limites inhérentes à toute œuvre humaine, j’ai la conviction que les politiques mises en œuvre ont permis des avancées certes significatives, mais susceptibles d’être consolidées dans la durée», souligne-t-il.
Les acquis, le chef de l’Etat les perçoit dans tous les compartiments de la gouvernance du pays. Au plan politique, il évoque un train de réformes politiques et institutionnelles visant à consolider les acquis de la Conférence des forces vives de la nation. Il en est ainsi de la loi portant code électoral qui facilite désormais la conduite du processus électoral, la loi portant lutte contre la corruption et les infractions connexes. «Pour approfondir le processus démocratique en cours, il parait indispensable d’aller plus loin dans les réformes», pointe-t-il. Boni Yayi suggère alors l’instauration d’un dialogue politique, aux fins de surmonter les méfiances, de réaliser une union sacrée pour aborder avec sérénité et patriotisme les difficultés qui freinent le progrès dans le pays. Il revient aussi sur les défis de réformes du système partisan béninois ainsi que ceux touchant la nécessaire révision de la Constitution.
Ses résultats économiques !
Le gouvernement finit l’année en cours avec une estimation de croissance de 5,2% qui, à l’analyse du chef de l’Etat, confirme les bonnes performances économiques du pays. Bien que le pays n’ait pas atteint les Objectifs du Millénaire pour le développement, il se console tout de même des effets induits par la courbe ascendante de la croissance sur la pauvreté. Pour Boni Yayi, la réduction de la pauvreté monétaire dont l’indice est passé de 44% en 2006 à 29% en 2015 se traduit par le transfert des actifs aux populations pauvres sous forme de mise en place d’infrastructures sociocommunautaires de base. Le Bénin peut se réjouir aussi des acquis en matière d’assainissement des finances publiques dont le résultat le plus récent concerne l’opération d’apurement de tous les engagements de l’Etat en instance au Trésor public. « Cette opération a permis d’injecter dans l’économie 210 milliards de francs CFA, représentant la totalité des instances de paiement au Trésor public en vue de relancer le secteur productif », assure-t-il.
Le climat des affaires aura aussi reçu une cure de jouvence avec des réformes qui ont permis d’attirer d’importants investissements directs étrangers. Le rapport 2015 de la CNUCED crédite le Bénin de 377 millions de dollars d’IDE. « L’économie béninoise aurait ainsi absorbé en 2014 plus de sept fois le montant de capitaux étrangers en 2006 qui était de 5 millions de dollars, soit une augmentation de plus de 600%», précise-t-il. Boni Yayi estime tout de même que la consolidation de ces acquis requiert la poursuite des réformes engagées dans le cadre Doing Business. A savoir, l’efficacité de l’administration, la dématérialisation des procédures douanières, fiscales, judiciaires et administratives, l’accès aux facteurs de production, la sécurisation du cadre juridique de construction et de l’habitat, l’élimination de tout obstacle à la libre circulation des personnes et la facilitation du financement des jeunes entrepreneurs sans garantie.
Mais le défi d’une justice crédible et impartiale tient à cœur au chef de l’Etat. « Les efforts consentis pour l’amélioration du climat des affaires et la lutte contre la corruption ne sauraient porter leurs fruits sans une justice crédible qui assure la célérité dans le traitement des dossiers et garantit le droit de propriété et de liberté d’entreprendre, ce qui suppose l’absence d’insécurité judiciaire et la prévisibilité des décisions de justice», affirme-t-il. Le secteur, poursuit-il, a besoin d’être réformé en profondeur, notamment en matière d’allègement des procédures pouvant permettre la saisine de la Haute cour de justice, le vote d’une loi visant l’autonomisation effective de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption, le vote d’une loi spécifique visant la création d’un parquet financier.
Un pari sur l’énergie
Le chef de l’Etat n’a pas manqué aussi d’énumérer les acquis sociaux de son gouvernement, en l’occurrence dans les secteurs de l’éducation, de la santé et d’appui aux couches les plus vulnérables. En matière de promotion de l’emploi, plusieurs mécanismes ont été mis en place pour favoriser l’employabilité des jeunes.
La question énergétique reste tout ce même prioritaire aux yeux du président de la République. Il informe ainsi que le gouvernement a négocié et signé des conventions de concessions pour plus de 700 Mw et des accords d’achat d’électricité pour près de 200 Mw. Pour le compte de l’année qui s’achève, des travaux ont déjà commencé pour une capacité totale de 272 Mw toutes sources d’énergies confondues, avec des investissements privés de l’ordre de 600 milliards de francs CFA à investir pour les trois prochaines années. « La stratégie du gouvernement est de jeter dès cette année, les bases pour atteindre une autosuffisance énergétique dans un horizon de trois ans», parie-t-il. Des infrastructures énergétiques se complètent à d’importants projets routiers. Le président de la République annonce qu’un total de 2000 km linéaires de route, d’un coût total de 1300 milliards de francs CFA seront lancés dans les tout prochains jours.
Le rayonnement international du Bénin s’est renforcé ces dernières années, fait aussi observer le chef de l’Etat. Il se réjouit ainsi qu’à la suite de la présidence en exercice de l’Union africaine en 2012, le Bénin soit encore désigné pour présider de 2016 à 2018 la commission de la CEDEAO.
Pour le reste, Boni Yayi souhaite que l’élection présidentielle se déroule dans la paix et la transparence et qu’elle soit surtout un moment de fête et de consolidation de la démocratie. «C’est mon dernier message devant vous, mais je suis certain que j’aurai l’opportunité de rencontrer chacun de vous. Nous travaillerons ensemble où que je sois, pour le bien de notre patrie commune», conclut-il¦Boni Yayi sur le chantier du Parlement
En marge de son discours sur l’état de la nation, le président de la République s’est rendu sur le chantier du nouveau siège du Parlement. Boni Yayi a fait le tour de certains de ses compartiments afin de s’enquérir de l’évolution des travaux. Selon le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Noël Fonton, les gros œuvres sont déjà achevés. « Il est actuellement question de monter les charpentes. Les matériels sont déjà dans le bateau. Des experts canadiens sont attendus cette semaine », confie-t-il. Il rassure que le gouvernement met la pression nécessaire afin que le maître d’ouvrage livre le chantier dans les meilleurs délais. Sans vouloir fixer une date précise pour la finalisation des travaux, Noël Fonton indique que l’Etat espère la livraison du nouveau siège du Parlement avant la fin du mois de mars.
Le chef de l'Etat s'est également rendu dans la zone sinistrée du marché Dantokpa où il est allé voir le niveau d'évolution du chantier de reconstruction des boutiques lancé par le gouvernement¦
G.A