Afin de mieux assainir le système éducatif notamment donner plus de valeur au baccalauréat béninois, la direction de l’Office du baccalauréat (DOB) a intégré des réformes dont certaines ne sont pas appréciées de tous. Au nombre de celles querellées figure l’exigence de la présentation de l’attestation du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) dans les dossiers de candidature.
L’attestation du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) est désormais obligatoire pour le dépôt de dossier à l’examen du baccalauréat au Bénin. Cette exigence fait partie des nouvelles dispositions prises par l’Office du Baccalauréat pour faire du premier diplôme universitaire au Bénin, un instrument éducatif fiable en accord avec le respect des textes et des décisions issues des différents forums et l’harmonisation des dispositions requises dans l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).
Des propos récemment tenus par Alphonse da Silva, directeur de l’Office du Bac (DOB) au cours d'un point de presse, il ressort que les pièces à fournir pour se présenter à l’examen du baccalauréat au Bénin doivent comporter une attestation du BEPC et le relevé de note pour les candidats qui ont été une fois à cet examen.
De nouvelles dispositions
Pour lui, le relevé de note est exigé pour appliquer les textes aux candidats ajournés. Puisque, explique-t-il, les textes énoncent clairement qu’un candidat ajourné doit se préparer au moins pendant deux ans avant de revenir postuler pour l’obtention de ce diplôme. Et d’argumenter qu’en l'absence de l’application de cette disposition, il a eu à découvrir un candidat qui a été ajourné sept fois consécutives.
Quant à la disposition liée à l’obligation de l’attestation du BEPC, Alphonse da Silva a indiqué qu’il a constaté que des candidats après l’obtention du BEPC diminuent leur âge. C’est ce qui fait qu’on observe, selon lui, des noms et prénoms très mal écrits sur les actes de naissance présentés. Cette réforme permet, a-t-il ajouté, d’assainir un tant soit peu le système éducatif. Il a aussi précisé que le rejet des dossiers des candidats sans BEPC ne sera pas systématique cette année scolaire. Ces dossiers seront autrement étudiés, a-t-il rassuré. Pour lui, l’Office du Bac est actuellement en train de sensibiliser les parents et les élèves sur les nouvelles dispositions.
Aussi, avertit-il, une étude minutieuse se fera des dossiers des candidats qui auront moins de 17 ans. Et ce, pour s’assurer de l’authenticité de leur acte de naissance. Il a ensuite rappelé que l’année dernière, un candidat s’est présenté avec un acte de naissance sur lequel il a 12 ans. «A quel âge a-t-il commencé les Cours d’initiation (CI)?», s’est interrogé Alphonse da Silva. A son avis, cette pratique est motivée par le désir des parents d’avoir le plus jeune candidat au monde. Ce qui fait qu’ils façonnent les actes de naissance de leurs enfants.
Les indignations de certains syndicalistes
«Le Bac a besoin certes de réformes. Mais il faut que l’Office du bac adopte une démarche participative en associant tout le monde», suggère Anselme Amoussou, deuxième secrétaire général adjoint de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA-Bénin). Pour lui, en ce qui concerne l’exigence de l’attestation du BEPC dans les dossiers de candidature pour le Baccalauréat, les raisons invoquées mettent en avant le taux élevé d’ajournés issus de la catégorie de candidats non titulaires du BEPC. Selon lui, le BEPC n’a jamais fait partie des pièces exigibles pour être candidat à l’examen du baccalauréat. Etre ou avoir été élève en classe de Terminale n’est nulle part exigé dans les textes de l’organisation du premier diplôme universitaire. Il soutient que jusqu’à présent, ces textes n’ont pas fait objet de modification. Donc, il ne revient pas, ajoute-t-il, à l’Office du Bac de changer les règle du jeu. «La détention du BEPC n’est pas une condition pour accéder au second cycle donc pour accéder en classe de Terminale», indique-t-il pour justifier sa position. «Il existe des milliers de personnes sans BEPC qui ont été de brillants lauréats du baccalauréat», martèle-t-il.
Par ailleurs, fait savoir Anselme Amoussou, cette décision ne tient nullement compte des candidats libres qui peuvent décider de renouer avec les études après avoir eu des difficultés à obtenir le BEPC et qui, la maturité aidant, décident de reprendre pour obtenir le Bac. «C’est un abus», dénonce Anselme Amoussou avant d’ajouter que l’Office du Bac devrait opérer les vraies réformes qui prennent un peu en compte les préoccupations des apprenants et aussi des enseignants. Par exemple, s’interroge-t-il, à quand la réforme permettant d’achever l’organisation du baccalauréat en deux semaines au lieu d’allonger les activités pour impliquer les mêmes personnes avides de perdiems.
«Cette décision ressemble à n’en point douter à celle prise récemment à l’UAC et qui faisait obligation aux nouveaux étudiants de passer par le filtre d’une étude de dossier», a-t-il indiqué en ajoutant qu’il pense sincèrement que ces réformes doivent être combattues. Car, a-t-il dit, les réformes doivent suivre un processus intelligent pour aboutir à une décision consensuelle?