Un génie. Cette appellation sied à Jowel Maestro. Cet artiste, dessinateur au fin doigté qui se fait appeler stylo-graphiste, fait preuve d'un grand génie. Et il faut aller à la rencontre de l’homme, si non de ses œuvres pour s’en convaincre.
On connaît les dessinateurs de rue, les graffitistes, les caricaturistes et autres bédéistes. Mais les stylo-graphistes, non. Pourtant, l’un d’entre eux arpente les rues de Cotonou, au quotidien, sans que rien ne filtre sur la finesse qu’il cache au bout de ses doigts.
Et lorsqu’on se donne le plaisir de visiter ses réalisations, de découvrir ses dessins, on peut admettre à l’instar de l’ancien ministre des Sports, Ganiou Soglo, que Jowel Maestro est un génie. « C’est merveilleux…fantastique… impressionnant ce qu’il fait comme travail… ». Samedi 26 décembre dernier, lorsque l’occasion lui a été donnée de toucher de plus près le travail de ce jeune dessinateur, ce n’était pas sans surprise. Cet étonnement de l’ancien ministre, nombre de visiteurs le partagent. Certains, éberlués, se demandent comment, du bout du stylo, on peut reproduire avec autant de finesse un portrait sans que le sujet choisi ne perde le moindre trait ou attrait de son personnage. C’est pourtant ce qu’il fait, Jowel Maestro.
Autodidacte et pourtant talentueux
Le premier trait captivant de ses œuvres, c’est qu’elles sont réalisées uniquement avec des stylos, d’où l’appellation stylo-graphiste. A première vue, cela, paraît étonnant. Mais l’artiste lui en a fait son quotidien et s’y plait. Même s’il confesse avoir pendant longtemps dessiné au crayon, comme nombre de dessinateurs, l’envie de perfectionner son art et de se singulariser l’a conduit vers le stylo. Jowel Maestro réalise deux types de portraits. Le premier est fait uniquement avec des stylos bleus et donnent l’impression d’une photographie en noir et blanc. Mais il y a aussi les portraits tout en couleurs, illustration grandeur nature du génie qui se cache derrière les doigts de ce dessinateur dont le calme contraste avec le talent. Lequel lui permet par exemple de reproduire un portrait qui soit sans différence majeure avec une photographie. Même les motifs et dessins des tenues arborées par le sujet objet de son travail gardent leur authenticité et leurs éclats par le soin des couleurs de stylos. Et ce n’est pas sans difficultés. S’approvisionner en matière première (stylos de couleurs) relève d’un chemin de croix pour Jowel.
«J’utilise le stylo comme médium artistique dans la réalisation de mes œuvres… Les stylos de couleurs reviennent plus chers et ne sont d’ailleurs pas disponibles sur le marché. Il faut les commander à Londres et/ou en France. En plus, ils sont en petits modèles et l’encre finit vite», détaille l’artiste. La plupart de ses portraits sont réalisés sur support papier A3. «Je commence par les yeux, ensuite le nez, la bouche, les oreilles… je forme le visage pour créer les zones d’ombre et de lumière. Je procède par hachure. Cela me prend énormément du temps et vu que je n’ai pas droit à l'erreur, j’y vais avec finesse. Je travaille trois à quatre heures par nuit sur trois ou quatre jours pour réaliser un portrait», a-t-il expliqué.
Dans le viseur…
Comment Jowel Maestro arrive-t-il à gérer les éventuelles erreurs ? Ne travaille-t-il pas avec un éternel recommencement ? A ces interrogations, le stylo-graphiste sourit, se gratte sa barbe touffue et rengaine qu’il y a une infime marge d’erreurs dans son travail. Il fait, dit-il, tellement attention pour éviter au maximum les erreurs, vu qu’il n’y a pas possibilité de gommer ce qui est déjà fait. Ce qui en rajoute à l’admiration que lui voue ses fans. D’où lui vient alors cet engagement pour le stylo et le dessin ? De son intelligence et de sa passion pour le dessin, puisqu’il confesse qu’il a commencé par dessiner très tôt en copiant un de ses frères aînés. Mais le petit Jowel qui hachurait les papiers avec le crayon, a vite tourné casaque. Une fois le baccalauréat empoché, il avait oublié papier et crayon pour faire face aux réalités de la vie active. Mais comme le naturel est têtu et revient en course de fond lorsqu’on essaie de l’éloigner, le virus du dessin l’a piqué à nouveau ces dernières années. Il y a donc succombé et s’y est remis. Avec engagement et projets. Et visiblement, cela lui marche. Sa Licence en communication, ses baccalauréats série F et A, il les a tous sacrifié en décidant d’abord de s’investir dans l’agro-alimentaire et mieux encore désormais dans les dessins industriels.
Pour ce qui est des nombreuses demandes de réalisation de portraits qui lui sont proposées, l’homme prend son temps et compte les satisfaire après sa première exposition organisée, samedi 26 décembre dernier à Cotonou. Dorénavant, ceux qui manifestent le désir de se faire faire des portraits par lui, seront satisfaits. Avec la différence que le musicien Richard Flash les a déjà tous devancé. Puisque la jaquette de son dernier album «Kpatagon» a été réalisée par Jowel Maestro, sollicité par le zookeur qui avait entendu parler de lui sur une émission. Dans les semaines à venir, la Côte d’Ivoire et le Togo lui tendent les bras pour l’accueillir et le présenter à leur peuple. Et si d’aventure le Bénin prenait le risque de laisser un tel talent à la traine, d’autres pays semblent déjà se positionner pour le promouvoir et lui font déjà une cour assidue à cet effet?