Le secteur éducatif béninois aura été marqué en 2015 par des événements aussi bien positifs que des situations moins bonnes. Côté positif, les enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire ont bénéficié de la signature de leur statut. Côté négatif, les résultats des examens de juin et juillet 2015 ont été médiocres, sans oublier les perturbations des activités académiques à l’Université d’Abomey-Calavi.
L’année 2015 sera marquée en lettres d’or dans les annales de l’éducation nationale. La raison, c’est la signature le 21 novembre dernier du statut particulier du personnel enseignant du secteur public de la maternelle, du primaire et du secondaire. Un document attendu depuis plusieurs années. Mais cette victoire n’a été possible que grâce à la détermination des enseignants réunis au sein de leur Front de lutte. Consciente que c’est le dernier mandat du président Boni Yayi, cette structure faîtière de combat syndical a, dès le mois d’octobre 2015, déclenché un mouvement de débrayage qui a duré cinq semaines. Et les cours ont pu reprendre seulement le lundi 30 novembre dernier après que le Front aura consulté la base pour lever la motion de grève. Grâce à ce document, des enseignants de la maternelle au secondaire en passant par ceux du primaire ont, entre autres, gagné 25% d’augmentation de salaire, frais d’obsèques pour enseignants décédés, la création du corps des conseillers pédagogiques au secondaire, du corps des éducateurs de la maternelle, la possibilité pour les instituteurs titulaires de maîtrise de passer directement le concours des inspecteurs. Et pour rattraper le temps perdu du fait des journées de grève qui étaient passées de 72 à 96h par semaine, le Front a suggéré et obtenu qu’il y ait modification du calendrier scolaire. Ce qui fut fait et les dates des congés scolaires ainsi que des examens de fin d’année ont été modifiées pour respecter les normes en matière de masse horaire de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (Unesco).
L’autre bonne nouvelle, c’est l’extension de la mesure dite de «gratuité de l’enseignement» aux filles des établissements publics du second cycle de l’enseignement secondaire. Cette mesure est intervenue près de deux mois après la rentrée scolaire 2015-2016. Bien que bonne, cette mesure tardive du gouvernement crée des dysfonctionnements au sein des collèges. Certains parents d’élèves avaient déjà payé les frais de scolarité. C’est pourquoi, il a été demandé aux chefs d’établissements de faire le point pour que le gouvernement puisse leur permettre de restituer les fonds perçus. Des acteurs du système éducatif ont estimé que cette décision vient aggraver la situation. Car la subvention prévue pour les filles de la maternelle, du primaire et du premier cycle du secondaire n’est jamais mise à disposition à temps.
Les mauvaises nouvelles
Bien qu’il n’y ait pas eu de grève en 2014-2015, les résultats des examens nationaux ont été moins bons que ceux de l’année précédente (2013-2014) marquée, quant à elle, par des mois de débrayage en milieu scolaire. Ce paradoxe se note notamment au niveau du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) qui a affiché en 2015 un taux de réussite de 30,16% contre 47,57% en 2014. Ce qui a fait ironiser certains observateurs que l’année marquée par la grève aura été plus bénéfique. Le taux de succès au Certificat d’études primaires est resté relativement stable entre 2015 et l’année précédente, soit respectivement 89,61% et 89,56%, et les syndicalistes parlent de résultats politiques. Et au niveau du Baccalauréat, le taux d’admissibilité est toujours demeuré bas, même s’il s’est amélioré en 2015, soit 34,44% contre 23,71%. Pour les observateurs, ce sont les mêmes apprenants du cours primaire reçus massivement au CEP qui prennent part aux examens du BEPC et du BAC dont les taux de réussite n’atteignent, presque jamais depuis quelques années, les 50%.
Du côté de l’Université d’Abomey-Calavi, l’année 2015 a enregistré de longs mois de grève des étudiants. Motif : la décision de suppression de la seconde session dans les facultés classiques. Dans leur furie, les protestataires ont été violents et des biens meubles et immeubles ont été endommagés. Cet état de choses aurait obligé les Forces de l’ordre à faire usage de la force avec des étudiants blessés et des arrestations effectuées?
Alain ALLABI