Leurs noms sont synonymes d’anecdotes politiques, de militants répartis dans tout le pays. Certains sont là depuis le renouveau démocratique, d’autres sont nés et ont grandi sous le régime du changement mais ils ont en commun, leur capacité de mobilisation de vote dans le pays. Portrait politique de 13 hommes qui décideront du sort du Bénin lors des prochaines élections présidentielles.
Boni YAYI
Que faut-il dire ? D’aucuns le prennent juste pour ce qu’il est, le plus grand stratège politique du renouveau démocratique.
Président de la République élu grâce à une alliance politique large, il a créé une force politique autonome, les FCBE qui grâce au leadership de Boni YAYI sont de loin la première force politique du pays loin devant les autres groupes avec 33 députés. Grâce à son programme de microcrédits aux plus pauvres, il détient le plus grand vivier électoral avec des femmes à qui ses déclarations d’amour ont fait mouche jusqu’au KO. Cet état de choses est renforcé par l’hydraulique villageoise, les lampadaires solaires, la césarienne gratuite et la scolarité gratuite.
Aujourd’hui malgré ses deux mandats, il reste très populaire dans le Bénin rural là ou les masses admirent sa simplicité, sa proximité et sa gentillesse. Sa voix comptera et il est à ce jour le seul politicien à jouir d’une envergure nationale capable de générer des scores dans toutes les régions du Bénin.
Alassane SOUMANOU DJIMBA
Ancien Directeur Général Adjoint de la SOBEMAP sous le Président Mathieu KEREKOU dont il était déjà un proche, Soumanou DJIMBA va croitre politiquement. D’abord nommé DG par le Président Boni YAYI, de la Société Béninoise de Manutention Portuaire, il rentre ensuite au Gouvernement en tant que Ministre de l’Enseignement Secondaire et de la Formation Professionnelle. Il aura réussi à se faire élire 2 fois député dans la 13ème circonscription composé de la ville de Djougou qui selon les résultats provisoires du RGPH4, est plus peuplée que Parakou. Soumanou DJIMBA incarne grâce à une construction massive d’école dans la région et des programmes de développement en concertation avec d’autres ministres, lui permet de bénéficier d’une grande sympathie électorale malgré l’occupation permanente de la région par un candidat, fils de Djougou.
Rachidi GBADAMASSI
Le buffle de Parakou, ainsi qu’on l’appelle est décidément l’homme fort du Borgou. Ancien maire, député et homme politique de terrain, Rachidi GBADAMASSI a bâti sa réputation comme plusieurs de cette liste par sa générosité mais aussi par ses années de mairie. Ces actes à l’endroit des sages, des dignitaires religieux et monarques de la zone.
Dans la 8ème circonscription électorale, Rachidi GBADAMASSI a fait 3 sur 4 aux dernières législatives, ce qui témoigne de son emprise sur la région. Il fait office de politique capable de se faire élire seul même contre la machine FCBE. Il détient les clés de la région d’où la cour assidue des candidats aux élections présidentielles
Issa SALIFOU
Homme d’affaires béninois, Promoteur du Groupe de presse Fraternité et de la société privée de téléphonie mobile Bell Bénin (BB Com), Issa SALIFOU, dit « Saley », se lance dans la politique au milieu des années 1990 comme conseiller puis maire de Malanville. Élu plusieurs fois député, il crée, en 2005, l’Union pour le Bénin du Futur-Relève de qualité (UBF), qui remporte onze sièges lors des législatives de 2007.
Son mérite est d’avoir pu se faire élire deux fois contre la grosse artillerie du Président Boni YAYI. En effet, pour effacer son hégémonie, les deux BAKO avaient obtenu des postes de choix. Mais malgré ce déséquilibre ainsi que les problèmes de ses entreprises, il a maintenu le cap pour résister du rouleau compresseur de la machine présidentielle.
Aujourd’hui dans l’Alibori, il sera le grand électeur déterminant au-delà du soutien du Chef de l’Etat sortant.
Komi KOUTCHE
Son histoire pourrait être qualifié de fabuleux destin. Economiste-Financier et Expert en Microfinance, Komi KOUTCHE a été Ministre d’Etat, Ministre de l’Economie et des Finances, Ministre de la Communication et des Technologies et de l’Information et de la Communication, ancien Directeur Général du Fonds National de la Microfinance, une ascension fulgurante due à la volonté du Président Boni YAYI.
Komi KOUTCHE aurait pu être Président de l’Assemblée Nationale, s’il n’avait été battu à 1 voix près. Elu dans la 9ème circonscription électorale, il a réalisé un impressionnant 3/3 pour les FCBE laissant d’ailleurs sur le tapis un ténor comme Grégoire LAOUROU. Komi KOUTCHE reste aujourd’hui l’homme fort des 9ème et 10ème circonscriptions électorales qui forment le département des Collines. L’homme à qui on prête une force financière conséquente et qui reste le plus visible des cadres de la zone n’aura aucun mal à conforter sa main mise sur la région.
Désiré VODOUNON
L’homme de l’Alliance PEU est depuis sa sortie de prison un homme courtisé et pour cause, il a tout de suite réussi à verrouiller sa circonscription électorale avec l’échec de Lazare SEHOUETO. N’eût été la décision controversée de prononcer son inéligibilité, Désiré VODOUNON serait lui même dans cette législature.
Homme d’affaires béninois, le patron du groupe HORHUDE s’est rapidement lancé dans des actions sociales d’envergure dans les 5ème, 23ème et 24ème circonscriptions électorales où il s’est quasiment substitué à l’Etat en construisant des écoles, en équipant des hôpitaux, en offrant la cantine scolaire et de nombreux autres dons difficiles à lister en absence d’inventaire.
Cette générosité extraordinaire affranchie de toutes périodes électorales, lui donne une avance conséquente sur les autres leaders politiques de la région.
Séfou FAGBOHOUN
L’homme d’affaires d’Adja Ouèrè, est toujours fort dans la région du Plateau malgré les ressources considérables investies par les Forces Cauris pour un Bénin Emergent. Et même s’il n’est pas élu député pour cette législature de 2015, il reste toujours un leader clé. Disposant d’une fortune colossale sous le Président Mathieu KEREKOU, Séfou FAGBOHOUN contrôlait plusieurs secteurs de l’économie béninoise. Cette force financière lui a permis de créer le Mouvement Africain pour le Développement et le Progrès, et d’entrer en alliance depuis l’Union pour le Bénin du Futur, l’Alliance Wologuèdè et finalement l’Union fait la Nation.
Son positionnement aux dernières élections législatives, était la preuve de sa loyauté et sa politique de groupe qui visait à sauver plusieurs de ses lieutenants. Les zones de Pobè, Sakété, Kétou, Ifangni, Adja Ouèrè, restent toujours sous sa grande influence surtout en l’absence de candidature d’Abiola.
Adrien HOUNGBEDJI
Docteur d’État en droit de la faculté de droit de Paris en 1971, il entre en politique en se faisant élire député, puis occupe à deux reprises les fonctions de président de l’Assemblée nationale de 1991 à 1995 et de 1999 à 2003.De 1996 à 1998, sous le premier quinquennat du président KEREKOU, il est Premier ministre, chargé de la coordination de l’action gouvernementale et des relations avec les institutions, ainsi que porte-parole du gouvernement. Il est élu coprésident du Parlement ACP-UE en 2001. Membre de l’Académie des sciences d’outre-mer, Il est grand-croix de l’Ordre national du Bénin, et commandeur de la légion d’honneur.
Il a créé en 1990 le Parti du Renouveau démocratique. Il aura participé à toutes les élections présidentielles après 1990 avec des scores conséquents. Auréolé de 10 Députés avec 7 sur 9 disponibles dans la région de l’Ouémé, Adrien HOUNGBEDJI, est élu le 20 mai 2015 Président de l’assemblée nationale. Cette position centrale et l’incapacité du parti, à lui trouver un dauphin en font le personnage central de la région et un acteur politique majeur dont l’avis compte au-delà même des circonscriptions sous son influence. Dans la configuration actuelle ou son parti le PRD est au meilleur de sa forme, le soutien de Adrien HOUNGBEDJI c’est presque au moins 10% se suffrage garanti pour les présidentielles du 28 Février.
Léhady SOGLO
Héritier de la dynastie politique fondée par son père et sa mère, Nicéphore SOGLO et Rosine VIEYRA, Léhady à la faveur des dernières échéances s’est affranchi de la tutelle de ses géniteurs en conduisant la Renaissance du Bénin aux élections en tant que Président de la Renaissance du Bénin malgré un score mitigé aux législatives. C’est en devenant le Maire de la première commune en poids financier du Bénin, dans un contexte tendu où il aura fallu construire une majorité, qu’il a révélé ses capacités politiques.
Conseiller du Président de la République, Nicéphore SOGLO, Léhady SOGLO a été suppléant puis élu à l’Assemblée tantôt sous la bannière de l’Union fait la Nation puis de la Renaissance du Bénin. L’Alliance RB-RP a compté 7 députés mais aussi les villes majeures que sont Cotonou, Abomey-Calavi, Bohicon, Abomey. Mais plus largement, l’électorat fon reste majoritairement loyal à l’œuvre de son père et le lui revaudra. Son influence ne peut être localisée tant les environnements où il évolue sont pluriethniques. Mais le Littoral et le Zou sont encore en grande partie sous son influence. Malgré certaines crises internes entretenues par des cadres de son parti la voix du président de la RB comptera pour beaucoup. Même si le parti devait connaitre le syndrome de division en vogue en ce moment, Lehady Soglo se retrouvera avec la majorité des électeurs traditionnels de la RB.
Valentin HOUDE
C’est un animal politique. L’homme fort de Zê mais plus généralement de l’Atlantique a un parcours riche en politique. Toujours élu depuis 1995, Valentin HOUDE a commencé à l’Alliance ARC avant de fonder le RPR en 1999. Ministre sous le Feu Général Mathieu KEREKOU, Valentin HOUDE a occupé les fonctions de la Jeunesse et des Sports, puis des Relations avec les Institutions avant de retourner à la Jeunesse et aux Sports. Deuxième Questeur à l’Assemblée Nationale de 2013 à 2015, il devient à la faveur du regroupement de large consensus politique des forces opposées à YAYI, le 1er Questeur en 2015 de la législature présidée par Me Adrien HOUNGBEDJI.
Lorsqu’il crée l’Alliance AND avec ses frères de l’Atlantique, Valentin Aditi HOUDE vient de mettre en place une force politique qui compte 5 députés et plusieurs arrondissements et communes. Malgré les dissensions qui minent cette alliance dans le choix du candidat pour les Présidentielles de 2016, Valentin Aditi HOUDE à travers sa régularité aux échéances électorales depuis 1995, est incontestablement l’homme fort de la zone.
Mathurin NAGO
Le Professeur Mathurin Coffi NAGO est un spécialiste de biochimie et sciences alimentaires à la Faculté des sciences agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi du Bénin, ancien Doyen de la Faculté des Sciences Agronomiques, Mathurin NAGO est entré dans la lumière politique à l’avènement du régime du changement.
Entré au premier gouvernement de Boni YAYI comme Ministre de l’Enseignement Supérieur, Mathurin Coffi NAGO est devenu le 3 mai 2007 le président de l’Assemblée nationale du Bénin puis réélu pour un deuxième mandat en 2011 avant d’être remplacé par Adrien HOUNGBEDJI en 2015. Président de l’UPD-Gamesu, membre des Forces Cauris pour un Bénin Emergent.
Suspectant le Président YAYI, de vouloir un 3ème mandat, il a pris ses distances et crée les Forces Démocratiques Unies qui sont sorties des dernières élections législatives comme un groupe politique majeur en emportant 4 sièges de députés et plusieurs communes notamment dans le département du Mono.
De l’enseignement à la politique, la reconversion est bien réussie et Nago malgré les choix personnels de ses députés FDU est aujourd’hui incontestablement le nouveau leader du Mono.
Bruno AMOUSSOU
Il est un ingénieur en agronomie et homme politique béninois. Apres l’effondrement du régime révolutionnaire, Bruno AMOUSSOU fonde le Parti Social Démocrate (PSD), l’un des principaux partis politiques du Benin à ce jour. De 1995 à 1999, il occupe la fonction de Président de l’Assemblée Nationale, puis de Ministre d’Etat chargé du Plan et du Développement jusqu’en 2005. AMOUSSOU a participé à 3 élections présidentielles. En 1990, il a reçu 5,8 % des voix et la 4e place, échouant ainsi à se qualifier pour le second tour. En 1996, il s’est aussi classé 4e avec 7,8 % des voix. Au premier tour des élections de 2001, il s’est encore placé 4e avec 8,6 % des voix mais a participé au second tour quand les candidats classés 2nd (Nicéphore SOGLO) et 3e (Adrien HOUNGBEDJI) se sont retirés de la course. Contre le président en exercice archi-favori KEREKOU, AMOUSSOU accepte le « match amical » et sen sort avec 16 % des voix. En 2011, il participe à la création de l’alliance l’Union fait la Nation, avec d’autres partis d’opposition. En Janvier 2012, il laisse la Présidence du PSD à Emmanuel GOLOU et se consacre à la Présidence de l’Union fait la Nation. Surnommé le renard de Djakotomey, Bruno AMOUSSOU reste l’homme fort du Couffo où il contrôle 3 sièges de députés sur les 6 disponibles mais son influence reste largement nationale avec la répartition de son ethnie d’origine, les adja.
Barthélémy KASSA
Agronome de formation et professeur assistant à l’université, Barthélémy KASSA commence sa carrière politique entre 2003 et 2004, lorsqu’il entre au Parlement en tant que suppléant de Daniel TAWEMA. Après un passage à la Commission Electorale Nationale Autonome, il entre au Gouvernement de Thomas Boni YAYI en tant que Ministre des Recherches Pétrolières et minières et est élu dans la foulée, député aux dernières élections législatives. Malgré son implication supposée dans l’affaire PPEA II du nom de ce projet néerlandais qui lui a valu une demande de son immunité à l’assemblée nationale, il demeure le patron dans l’ATACORA, exploit qu’il doit en grande partie à sa générosité et aux nombreuses réalisations (écoles, puits, bourses) dans la région. Bouffon pour les uns, stratège politique pour les autres il a endigué la concurrence dans sa zone et logiquement son candidat sera en tête des scores au soir du 28 février.