Nécessité de renforcer les capacités des enseignants)
Depuis bientôt une décennie, les échecs massifs des apprenants aux divers examens de fin d’année préoccupent plus d’un. Plusieurs raisons ont découlé des profondes analyses faites et des études réalisées. En dépit des mesures louables mises en œuvre par les autorités en charge du secteur, aucune lueur d’espoir ne semble toujours pointer à l’horizon. Lesvéritables raisons desdits échecs sont sans doute l’incompétence de plusieurs formateurs et l’inadéquation des formations reçues par ces derniers…
«Les résultats des apprenants aux examens de fin d’année reflètent le juste niveau des enseignants » révélait en 2013 au Centre culturel américain, Dr Désiré Baloubi, professeur titulaire de Chaire, chef de département à l'Université Shaw en Caroline du Nord aux USA. Ceci au cours de ses vacances au Bénin. Est-on alors tenté de dire que le niveau des enseignants béninois serait la principale cause des échecs massifs des apprenants aux examens de fin d’année ? Oui ! Cela n’est plus un secret encore moins une confidence. Le secteur éducatif souffre, en grande partie, de l’incompétence de ses principaux animateurs, les formateurs. D’abord, les enseignants vacataires représentent plus de la moitié de l’effectif total des enseignants béninois. Des vacataires sollicités et/ou embauchés par des chefs d’établissement scolaire sans aucun mécanisme permettant d’évaluer leurs capacités à dispenser les cours dans le strict respect de la démarche pédagogique. La réalité est que ceux-ci, malgré leur licence ou maîtrise obtenue dans l’une des facultés de nos universités, ne sont toujours pas à la hauteur de la tâche qui leur incombe. Un bachelier n’est toujours pas en mesure de former convenablement un écolier à l’obtention du Certificat d’études primaires (Cep). Un tour dans les salles de classe nous ont permis de nous rendre à l’évidence. Il n’est pas rare de voir des enseignants demander à leurs apprenants de se passer d’une leçon récemment apprise car elle serait fausse. Certaines explications échappent à ces enseignants. Toute chose susceptible de créer la confusion dans la tête de l’apprenant qui avait déjà de la peine à assimiler les notions qu’on lui inculque. Surtout avec l’avènement des Nouveaux programmes d’études (Npe) où les élèves ne songent qu’à bucher les leçons, il faudra véritablement s’inquiéter quant à la capacité de ces derniers à sortir de leur tête, une leçon erronée pour la remplacer par une autre. De plus, très peu d’enseignants vacataires préparent aujourd’hui les cours avant de se présenter dans la salle. Plusieurs chefs d’établissements ne contrôlent plus également les fiches de cours pour se rendre compte de la démarche utilisée et du contenu de la leçon. Le corollaire est que l’apprenant qui, du coup peine à intérioriser les savoirs construits, ne peut avoir la masse critique de compétence et de savoirs nécessaires pour réaliser un bon résultat en fin d’année ou aux examens nationaux. A ceci s’ajoute le recrutement des volontaires sans aucune formation spécifique reçue au préalable. Déversés dans les collèges et lycées, ces derniers, au lieu d’inverser la tendance, ne font qu’empirer les choses. Des professeurs titulaires ne sont guère exemptes des critiques. Beaucoup d’entre eux se dérobent à leur mission ou ne s’en préoccupent presque plus. D’autres préfèrent battre le record de jeunes filles élèves courtisées et réaliser les meilleures performances sexuelles de l’année. Voilà à quoi ressemble l’école béninoise. Cette vraie raison des échecs est restée longtemps cachée ou simplement négligée.
Nécessité de former les formateurs après la grève…
Il faudra sauver l’école béninoise en renforçant davantage les compétences des formateurs à travers plusieurs séminaires et stages de formation. Ceci en vue de garantir une formation de qualité aux apprenants surtout après des mois de grève. Car la démarche pédagogique sera loin d’être respectée désormais dans les salles de classes du fait que les enseignants soient contraints de mettre la pression pour achever les différents programmes. Chose curieuse, le gouvernement n’a plus recruté d’enseignants depuis plusieurs années et ceux qui dispensent les cours aujourd’hui n’ont pas été passés au tamis. Même si l’on peut se réjouir du récent recrutement lancé, la problématique reste intacte et inquiétante. Le mépris du niveau des apprenants devra cesser si l’on veut vraiment d’une relève de qualité.
Aziz BADAROU