Les fidèles des fidèles volent désormais de leurs propres ailes. La journée du dimanche 03 janvier dernier a consacré le divorce entre Boni Yayi et deux de ses soutiens les plus constants. Rachidi Gbadamassi et Sofiatou Schanou, tous deux députés estampillés Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), le premier élu dans la 8ème circonscription électorale et la seconde élue dans la 19ème circonscription électorale, ont exprimé publiquement leur désapprobation au candidat de leur coalition. Annoncés dans les rangs pour porter Lionel Zinsou à la victoire, ils se sont purement et simplement désolidarisés du mouvement d’ensemble des Fcbe.
Les vrais rebelles
Contrairement au trio formé par Karimou Chabi Sika, Alexandre Hountondji et Marcel de Souza qui se sont contentés de manifester leur désaccord quant au processus ayant conduit au choix de Lionel Zinsou comme candidat des Fcbe, le duo qui fait parler de lui depuis dimanche dernier a préféré l’acte à la parole. Rachidi Gbadamassi, à travers son soutien à l’opérateur économique Sébastien Ajavon, vient de prouver à Boni Yayi que les deux ne sont pas sur les mêmes longueurs d’ondes. Son absence au Conseil national des Fcbe qui s’est tenu le 18 décembre dernier était un prélude à l’acte posé avant-hier. C’est à Parakou, son fief électoral, que Rachidi Gbadamassi a dit « non » au chef de l’Etat et à son dauphin, en jetant son dévolu sur Sébastien Ajavon. La simple présence de Sofiatou Schanou à la déclaration de candidature de Sébastien Ajavon vaut rejet par elle du candidat désigné par Boni Yayi. Il est aisé de comprendre à présent son absence sur le terrain lorsqu’il s’est agi pour les « cauris » d’aller à la rencontre de leurs bases respectives pour porter la cause de Lionel Zinsou.
Des représailles en vue ?
Ces deux députés qui sont restés fidèles ces dernières années aux mots d’ordre du chef de l’Etat ont pris leur destin en mains à l’approche de la présidentielle. Vraisemblablement, ils n’ont pas digéré le choix porté sur Lionel Zinsou par le chef de l’Etat. Sans tambour ni trompette, refusant de jouer les marionnettes contre leur gré, ils ont courageusement et résolument, pris leurs distances avec le régime en place. Ce n’est pas chose facile de ne faire qu’à sa tête lorsqu’on appartient à un regroupement politique qui prône les idéaux du chef de l’Etat. Dimanche, quelques heures seulement après avoir signé unilatéralement l’acte de divorce avec les Fcbe, Rachidi Gbadamassi était déjà dans le collimateur du gouvernement. Un communiqué signé du secrétaire général du gouvernement réprouvant ces attaques à l’encontre du premier ministre candidat a été rendu public. Manifestement, ce n’est que le début des représailles.
Des probables émules
D’autres rebelles moins courageux et sûrs d’eux sont certainement alignés dans les rangs des Fcbe. Il faut dire que jusqu’à présent, tous les ténors de cette alliance n’ont pas encore rallié la barque Zinsou. Pour preuve, Arifari Bako se fait toujours désirer. Connaissant la manière dont fonctionnent les acteurs politiques de chez nous, ce ne serait pas étonnant si dans un proche avenir, les rebelles sont rejoints par d’autres grands électeurs qui ne digèrent toujours pas le choix opéré par Boni Yayi. C’est un fait que Rachidi Gbadamassi et Sofiatou Schanou, deux poids lourds des Fcbe, se sont libérés de la peur en s’affranchissant de la tutelle de Boni Yayi. Reste à savoir s’ils sont assez charismatiques pour faire des émules.