C’est en toute humilité que j’ose prendre la parole après les nombreuses voix qui sont les plus indiquées pour se prononcer sur les grandes affaires de notre pays.
Mais, parce que quand un pays s’embrase c’est rarement ces grandes voix qui sont affectées, il me semble important pour chaque citoyen béninois perdu dans la foule des gens humbles, quelle que soit sa condition et son statut social, d’oser prendre la parole, et de dire sur la place publique de sa voix la plus authentique quelles sont ses craintes pour l’avenir de son pays.
Mais aussi, son espérance d’un grand destin pour sa patrie.
A mon humble avis, il est un discours frauduleux que celui qui veut présenter Lionel Zinsou comme un Français, illégitime à prétendre à quelque position publique au Bénin.
Qu’il soit né en France, qu’il y est grandi et passé toute sa vie, pour la constitution de notre République, ce ne sont pas des motifs qui discréditent ses prétentions à diriger le Bénin.
Et à aucun moment avant la fièvre électorale qui déferle actuellement sur le Bénin, nous n’avions vu en la Fondation Zinsou l’oeuvre de l’impérialisme. Nous avons d'ailleurs salué l’oeuvre remarquable d’une digne famille du Bénin.
Nous crions en un temps l’importance de la diaspora et en un autre nous crions halte à l’impérialisme. Quand on veut être démocrate, on l’est entièrement. On ne l’est pas selon les saisons et selon qu’il nous arrange de l’être ou pas. On l’est de façon authentique.
Evidemment, je ne perds pas de vue les problèmes que pourraient poser la candidature de Lionel Zinsou. Mais entendez-moi bien, s’il est de raisons fortes de s’interroger sur la candidature de Lionel Zinsou comme d'ailleurs sur celle de tous les autres prétendants au fauteuil présidentiel, ça n’est point sur son fond de teint ni sa taille, ni la couleur de ses dents, ni ses fréquentations, et encore moins sur les passeports qu'il détient.
Sur quoi faut-il donc interroger Lionel Zinsou?
Toutes les bonnes intentions que je portais pour Lionel Zinsou se sont effondrées le jour où il a accepté de porter sur une décision totalitaire du président Boni Yayi l’étendard d’un parti au sein duquel il n’est ni membre ni militant. Premier problème: s’il accepte de compétir au nom du parti FCBE sur une décision quia no minor leo de Boni Yayi, j’ai peur qu’il ne soit un homme qui ait peu d’égard aux lois. Il aurait été un candidat indépendant que je ne lui en voudrais pas. Mais si pour parvenir à ses fins, il est prêt à fouler au pied les lois qui devraient présider au choix du candidat des FCBE pour la présidentielle, j’ai peur que devenu président de la République, au nom de ses intérêts, il ne caporalise les médias, il ne mette des restrictions sur les libertés du citoyen, il ne s’acharne contre ses opposants.
Je m’inquiète davantage parce qu'en acceptant l'étendard FCBE, Zinsou assume, ne serait-ce que dans une moindre mesure, les scandales qui en dix ans ont constamment éclaboussé le régime du Président Boni Yayi. J'ai peur que ne se perpétue un système de corruption et d’impunité.
Si donc la candidature de Lionel Zinsou devrait susciter des inquiétudes, il me semble qu'elles devraient être pour une bonne part celles-là....
Xmael Ben Shola