Sous l’égide du Président Nicéphore Soglo s’est tenue, hier au chant d’oiseau de Cotonou, une concertation entre des acteurs de la classe politique et de la société civile béninoise. Ils s’indignent contre la nature néocolonialiste de la candidature de Lionel Zinsou et entendent s’unir pour agir dans une même direction.
Les tractations pour la prochaine élection présidentielle n’en finissent pas de dévoiler des surprises. Mobilisés dans la salle de conférence du chant d’oiseau de Cotonou, des acteurs politiques de diverses obédiences soutenus par la société civile, s’indignent contre la candidature de Lionel Zinsou. En effet, ces personnalités réunies par l’ancien chef de l’Etat, Nicéphore Soglo voient en la candidature du premier ministre, la main invisible du néo-colonialisme. « C’est nous-mêmes qui devront choisir celui qui doit nous gouverner. La période de la colonisation ou de la néo-colonisation est terminée. Nous sommes à une époque où chacun a le droit d’affirmer son indépendance », s’est offusqué Nicéphore Soglo. Et certains n’hésitent déjà pas à appeler Paris à infirmer un quelconque soutien à la candidature de l’ancienne plume de Laurent Fabius sous François Mitterrand. Mais, il n’y a pas que ce facteur qui inquiète. D’autres acteurs doutent bien de la capacité du Premier Ministre à mieux cerner les défis économiques, politiques et sociaux auxquels le Bénin est confronté. Comme le Frère Melchior, ils ne manquent pas de raisons. « Il y a risque à faire prendre en charge ce pays par un candidat, sans doute de bonne foi, mais qui doit réaliser que ne parlant aucune langue de ce pays, il est déconnecté du vécu social. Exposé en permanence aux manipulations et aux ridicules », a souligné le Professeur Albert Tévoedjrè. La lutte est alors enclenchée. Des résolutions ont été prises pour faire prendre à la classe politique sa responsabilité.
Eviter à tout prix le K.O
Après un diagnostic qui relève en dit long sur les faiblesses du système partisan actuel et ce qu’ils appellent les dérives du pouvoir, pour les participants, il est temps d’agir. « Si nous n’occupons pas nos communes, arrondissements et villages et nous nous contentons de parler, on aura beau dénoncer, mais le recul néocolonial qui se prépare, je ne le souhaite pas pour mon pays, sera une réalité », prévient Alexandre Hountondji. Mais pour gagner la bataille sur le terrain, il faut bien s’assurer que l’élection se déroule dans la transparence. Et là encore, les acteurs politiques ne sont pas encore rassurés de la tenue d’une élection crédible. « Si vous vous accrochez à la Lépi, vous serez encore dribblez et le K.O va se réaliser. La réalité de la Lépi en dehors de la Lépi. Ce qui nous attend, c’est le bourrage des urnes et la falsification des résultats », prévient l’honorable Chabi Sika, qui affirme avoir écrit un ouvrage sur la Lépi. Avec le recours aux moyens électroniques pour compiler les résultats dans les 546 arrondissements du pays, les suspicions n’en finissent pas encore. La pléiade de personnalités politiques, adversaires des temps passés, partisans contre la candidature du premier ministre, n’entendent plus revivre le K.O de 2011, même s’ils reconnaissent le déclin du système partisan.
Fulbert ADJIMEHOSSOU (Coll.)