La population de la ville de Bassila a été témoin de la résurrection d’une partie de son patrimoine culturel à l’occasion de la sixième édition du festival Anii, tenue du 18 au 20 décembre dernier. Un exploit rendu possible sur une dizaine de danses traditionnelles en voie d’extinction, grâce à cette initiative portée par le promoteur dudit festival, Adamou Dine Djeriwo.
Satisfaction. C’est le sentiment majeur qui animait le promoteur du festival Anii, Adamou Dine Djeriwo à la fin de la sixième édition de cet évènement, organisé il y a quelques jours dans la localité de Bassila, département de la Donga au nord du Bénin. A l’instar des populations, des anciens, des notables et autres têtes couronnées, la marche vers la résurrection d’un pan du patrimoine culturel de cette région, amorcée via ce festival n’a laissé personne indifférent. Les organisateurs qui s’étaient fixés comme objectifs de restaurer les danses traditionnelles en voie de disparition dans le pays Anii peuvent ainsi se frotter les mains. Liesses populaires et réjouissances... Au son des tam-tams, chants et pas de danses traditionnelles en voie de disparition, l’émotion était vive. «Depuis que nous sommes mariées, nous n’avions plus eu droit à de pareilles réjouissances qui nous rappellent notre jeunesse », ont confessé des personnes âgées, visiblement très comblées par le spectacle, et pas moins nostalgiques.
Cette ambiance de fête n’enlève rien à la menace qui pèse sur un pan important de la richesse culturelle. Le festival Anii aura néanmoins eu le mérite de remettre sur scène, environ une dizaine de danses parmi le lot. C’est ainsi par exemple que les spectateurs ont pu apprécier la danse « Atchembayo » exécutée pour faire l'éloge des personnalités charismatiques et pour assurer l'éducation de la jeunesse par des récits empreints de morale et d'expériences de vie exemplaires ou amères. Il y a eu aussi la danse traditionnelle «Gabata» destinée à la démonstration de forces occultes et la capacité de provoquer la transe.
Danse de souplesse physique sur un ton comique, le «Goumbé», qui s’apparente quelque peu à celui exécuté en milieu Idaasha véhicule ici des messages désopilants.
Restaurer un patrimoine en agonie
Le clan des chasseurs a fait la démonstration de la danse «kpokoto». Une simulation des techniques de chasse et une démonstration de forces occultes détenues par les danseurs. «Atimbali» qui est rythmée par les louanges à l’endroit des personnalités et qui annonce leur sortie ou leur prise de parole n’a pas été occultée. Les échassiers montés sur de longs bambous, ont démontré la maîtrise des techniques d’équilibre et des pas rythmés à travers la danse «Gagalo». Les femmes ont fait parler d’elles par la danse «Toro». A travers un cercle et des clapes des mains, elles se cognent les fesses. La danse «Toro» est pratiquée lors des célébrations de mariage. La caste des cultivateurs a fait la démonstration de la danse «Biriti» qui s’exécute lors des travaux champêtres et reste une source de motivation des cultivateurs. Le rythme «Waa» n’a pas manqué de tenir en haleine le public, tout comme «Ikouli», une danse rythmée par des flûtes et qui exige souplesse physique de la part des danseurs et transmet des messages instructifs décodables par les initiés.
Le public a donc pris du plaisir tout au long du festival. Ce qui laisse croire, de l’avis des organisateurs, qu’un signal fort est donné quant à la restauration du patrimoine en agonie du peuple Anii. Et un peu comme pour tisser la nouvelle corde au bout de l’ancienne, le ballet moderne de la ville de Bassila composée des petites filles du roi a aussi presté, pour enrichir les tableaux prévus dans le cadre de la sixième édition du festival Anii?
Josué F. MEHOUENOU