Un président élu, des options politiques. Le Bénin est à la croisée des chemins. Le mandat du prochain locataire de la Marina appelle à des choix pour l’avenir politique du quartier latin de l’Afrique. Et si d’ici quelques semaines, les électeurs béninois sont appelés aux urnes pour décider de la nouvelle carte politique de leur pays pour la période allant du 6 avril 2016 au 6 avril 2021, il est toutefois évident que jusqu’au bout, ce sera une féroce rivalité entre défenseurs de la rupture et ceux de la continuité. Car, le premier enjeu de la présidentielle de 2016 au Bénin, c’est d’abord une onction au système politique en place avec un renouvellement de confiance à un homme du sérail face aux candidats de l’opposition.
Dans le cas d’espèce, nous avons le premier ministre et candidat des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), Lionel Zinsou qui est appelé à en découdre avec les opposants au régime que sont, entre autres, Abdoulaye Bio Tchané, Patrice Talon, Pascal Irénée Koupaki, Sébastien Ajavon…Entre une alternance dans la continuité et une rupture totale avec le système Yayi, la parole est aux électeurs qui se prononceront dès le 28 février 2016.
Le second enjeu du prochain quinquennat, ce sont les réformes politiques. Sur ce volet, il y a d’abord l’épineuse question de la révision de la Constitution du 11 décembre 1990 et aussi l’orientation à donner au système partisan au Bénin au lendemain du 6 avril 2016. Et si, pour ce qui est de la révision de la loi fondamentale, l’unanimité se dégage sur la nécessité d’améliorer cet outil de développement, n’empêche qu’il y aura forcément des réticences au moment de passer à l’acte.
S’attendre à des surprises !
Le large consensus pour l’indispensable révision de la Constitution et les moyens d’y aller pourront-ils être acquis dès les premiers mois du prochain mandat au risque d’essuyer, si elle n’intervient à court terme, le refus de ceux qui craignent qu’elle ne soit opportuniste ? Seule la classe politique est capable d’y apporter une réponse. Mais, pour le moment, elle est écartelée entre les candidatures des hommes d’affaires, incapable de choisir en son sein un porte-étendard et comme c’est le cas depuis l’ère du renouveau démocratique, de jouer aux accompagnateurs et aux contemplateurs. D’où, l’inquiétude de bon nombre d’observateurs qui appellent déjà à une réflexion sur le système partisan au Bénin.
Le troisième enjeu du scrutin du 28 février prochain, tourne autour de la configuration du pouvoir ou pour être plus clair, la coalition qui s’installera à la Marina au soir du 6 avril prochain. A ce niveau, il faut compter avec des combinaisons inédites. Ainsi, la mouvance Fcbe peut, pour franchir la ligne d’arrivée de la course à la présidentielle, se retrouver avec certaines forces de l’opposition. De même, il ne serait pas surprenant que l’opposition, exclusivement, fasse bloc pour aller à la conquête du fauteuil présidentiel, et vice versa. Mais, sauf miracle, la grande certitude est qu’aucune des chapelles politiques ne peut à elle seule gagner la bataille du 28 février 2016. Des alliances qui, forcément, auront pour certaines leur dose de surprises, sont donc attendues pour cette compétition qui consacrera la succession de Boni Yayi.
Toujours par rapport à l’avenir des partis et alliances politiques, surtout à l’épreuve de la présidentielle de 2016, nul ne cache ses appréhensions. Résisteront-ils à cet écartèlement causé par les assauts des pouvoirs financiers ? Si certains y arrivent, il est plus que sûr que la prochaine élection présidentielle sonnera le glas de la plupart des formations et mouvements politiques qui, ces 25 dernières années, ont animé vaille que vaille la vie politique nationale. La preuve, à quelques heures de la clôture du dépôt des dossiers de candidatures pour la présidentielle de 2016, l’actualité des chapelles politiques est faite de rivalités et de divorces. Au Fdu de Mathurin Nago, à l’alliance Soleil de Sacca Lafia, à l’And de Valentin Aditi Houdé, à la Rb de Léhady Soglo, au Prd de Me Adrien Houngbédji…l’heure est à tout, sauf à la cohésion et à la sérénité. Des exemples de dissidences sont légion et la saignée n’est pas prête de s’arrêter avant le 13 mars prochain, si la présidentielle devrait être sanctionnée par un second tour. Attendons de voir.
Angelo DOSSOUMOU