Le ballet des présidentiables se poursuit au siège de la Commission électorale nationale autonome (Céna). Lundi 11 janvier, à la suite des cinq dossiers de candidatures précédemment reçus, six autres candidats ont vu les leurs acceptés.
Six dossiers acceptés. Quatre rejetés. C’est le point effectué lors de la troisième et avant-dernière journée consacrée au dépôt des dossiers de candidatures en vue de l’élection présidentielle prévue pour le 28 février prochain. Lundi 11 janvier, c’est l’ancien ministre en charge du Commerce Issifou Moudjaïdou Soumanou qui, le premier, s’est porté à la Céna pour accomplir cette exigence inhérente à son ambition de briguer la magistrature suprême.
11 heures 15 minutes, une foule s’introduit dans l’enceinte de la Céna. A sa tête, marchant à pas rassurés et lents, Me Marie Elise Akuavi Gbèdo. Après ses précédentes tentatives infructueuses de 2001, 2006 et 2011, l’avocate-amazone se positionne à nouveau sur la ligne de départ. A son arrivée à la Céna, elle a été accueillie ainsi que l’exige le protocole, par le président de l’institution Emmanuel Tiando et la vice-présidente Géneviève Bocco Nadjo. Bref échange, puis la candidate est introduite pour ses formalités. Elle en ressort 20 minutes plus tard, souriante. Signe que son dossier venait d’être accepté. Ce qui lui donne droit à une déclaration de presse au cours de laquelle elle rappelle qu’elle n’est pas candidate pour la forme, mais plutôt parce qu’au regard de ses responsabilités anciennes et actuelles, elle a l’étoffe pour briguer la magistrature suprême et pour solutionner les maux des Béninois dont elle dit détenir des solutions.
«Je suis fière de moi et je pense que le peuple béninois que je connais bien et qui me connait sera fier de moi parce que ce n’est pas évident pour une femme de continuer de se battre à ce haut niveau de responsabilité… Ma candidature s’inscrit une fois de plus dans la continuité du combat que j’ai toujours mené. Les Béninois savent qui est Marie Elise Gbèdo. Au-delà du combat que j’ai mené pour la femme et l’enfant, j’ai dirigé des ministères». Ce sont là, quelques mots de l’ancienne ministre.
Le candidat de l’Alliance pour un Bénin triomphant (Abt), Abdoulaye Bio Tchané n’a pas effectué le déplacement au siège de la Céna. Il a laissé le soin du dépôt de son dossier à certains de ses lieutenants avec en tête de peloton, le professeur Sébastien Azondékon, coordonnateur national de ladite alliance. C’est donc lui qui s’est chargé d’accomplir, cette importante formalité. Après quoi, dans une brève déclaration à la presse, il a exprimé ses vœux pour ce scrutin. «L’ambiance qui prévaut à la Céna augure d'une élection paisible. La paix et la concorde sont des maîtres mots dans notre action politique. Nous souhaitons que ces élections soient très apaisées, paisibles, transparentes… Que le Bénin donne une fois encore la preuve de la vivacité de sa démocratie », a laissé entendre Sébastien Azondékon.
Des candidats confiants
A 17 heures 5 minutes, l’attention se porte sur un autre candidat : Issifou Kogui Ndouro. Ancien ministre de la Défense et ancien ministre d’Etat en charge des affaires présidentielles, l’homme compte bien occuper la plus haute fonction politique de son pays. Sans grand protocole, l’homme fait valider son dossier. Sa candidature, estime-t-il, est «déterminée par l’amour pour le pays». Alors même que celui-ci n’avait pas encore quitté le siège de l’institution, un autre candidat fait son entrée. Omer Rustique Ghézo dit être venu formaliser sa candidature, annoncée quelques semaines plus tôt à la place Goho d’Abomey et propose de «faire de cette élection un moment de fête et de paix».
A 18 heures, c’est au tour de l’ancien ministre en charge du Développement et député à l’Assemblée nationale, Marcel de Souza de venir lui aussi s’inscrire sur la liste des présidentiables de 2016. «Mon dossier a été accepté et j’ai eu le numéro 11 et nous sommes le 11 janvier. Pour moi c’est un bon signe », indique-t-il. «Face à la terreur financière, nous nous félicitions d’être venus nous battre presque les mains vides. Nous avons ce courage parce que nous avons fait une expérience et en déposant cette candidature, nous nous disons que nous n’allons pas nous laisser intimider… », a laissé entendre l’ancien ministre qui motive son action par le souci d’améliorer les conditions de vie des Béninois. Il sera d’ailleurs le tout dernier candidat dont le dossier, à jour, a été accepté par la Céna.
Sébastien Ajavon et trois autres candidats «recalés»
Décidément pour certains candidats à l’élection présidentielle du 28 février prochain. Tout porte à croire qu’ils agissent en méconnaissance des textes régissant le dépôt des dossiers. Au terme des deux premiers jours d’enregistrement des candidatures, ils étaient au total quatre prétendants, refoulés au niveau de la Céna, la plupart pour des pièces manquantes. Lundi 11 janvier, veille de la clôture des dépôts, quatre autres candidats ont subi à nouveau le même sort.
Et la grosse surprise reste sans doute le rejet du dossier de l’opérateur économique Sébastien Ajavon. Lequel dossier, emmené par le député Janvier Yahouédéhou et le maire de Ouidah, Séverin Adjovi, n’a pas pu être pris en compte pour défaut de pièces. Chose curieuse, quand on sait que les deux porteurs sont tous deux, d’anciens candidats à la magistrature suprême. «Le dossier de notre candidat n’est pas rejeté. Il est au complet. Mais nous avons découvert que l’attestation de résidence était obligatoire. Nous l’avons et c’est au dehors. Mais vu l’heure, nous nous disons qu’il vaut mieux revenir demain», s’est empressé d’expliquer le député Janvier Yahouédéhou avant de prendre congés des lieux.
Avant ce cas, trois autres candidats avaient connu le même sort, un peu plus tôt. Le premier a nom Augustin Tchémadon, venu au siège de la Céna avec un dossier incomplet. Il a donc été prié de faire le complément et de revenir éventuellement si son ambition de se porter candidat était toujours intacte. Idem pour Eugène Nouatin dont la tenue débraillée a tôt fait de retenir l’attention de plus d’un. Non en règle avec les dispositions réglementaires, relativement à son dossier, il a été prié de vider les lieux avec la possibilité de revenir avec un dossier complet. Après quoi, il a été éconduit par les agents des Forces armées béninoises assignées à cette tâche.
Jules Tobossou est venu lui aussi pour le même exercice. Mais son dossier ne sera pas accepté. Motif : défaut de pièces. Le candidat n’ayant pas pris le soin d’introduire son certificat de nationalité et les justificatifs du paiement de son impôt sur le foncier au titre des trois dernières années.
Josué F. MEHOUENOU