Le débat sur l’alliance Fcbe-Prd-Rb pour la présidentielle de 2016 fait rage. Sur la toile, dans les canards ou en privé, cette union est au cœur des commérages. A tort ou à raison, pour une fois que des partis de l’opposition font bloc avec l’alliance au pouvoir pour soutenir un candidat, des Béninois leur jettent des pierres. Et pourtant, nul n’ignore qu’au pays de Boni Yayi, les regroupements politiques ne reposent sur aucune base idéologique. Et s’il est admis que généralement, ce sont les intérêts des uns et des autres et les contextes qui leur dictent leurs conduites, il est certain qu’au vu du parcours de la plupart des acteurs politiques, parmi les bons diseurs d’aujourd’hui, il y a beaucoup de mauvais faiseurs.
D’ailleurs, les Béninois doivent se souvenir qu’au nombre des pourfendeurs et des plus virulents en critique contre la nouvelle alliance politique, il n’y a pas si longtemps, il y avait les meilleurs défenseurs du président Boni Yayi et des Fcbe. Alors, de quoi accuse-t-on le Prd et la Rb ? Quel acteur politique veut faire la morale à qui ? En tout cas, la position du Prd et de la Rb relève de la realpolitik. En plus, ce ne sont pas les anciens caciques Fcbe reconvertis en opposants qui sont les mieux indiqués pour accuser qui que ce soit de retournements de vestes et parler d’alliance contre nature. C’est dire qu’a priori, il n’y a aucune raison que le choix du Prd et de la Rb soulève tout le tollé qu’on observe.
Sinon, quel problème y a-t-il eu quand l’Honorable Marcel de Souza a tourné dos aux Fcbe et à Boni Yayi ? La terre n’a pas tremblé. Sans commentaire et aucun bruit, l’ancien homme du sérail, ministre d’Etat et beau-frère du chef de l’Etat a claqué la porte des cauris à la recherche d’autres alliés politiques. Même le revirement du bouillant député de la 8ème circonscription électorale, Rachidi Gbadamassi qui a tourné casaque contre Boni Yayi pour se retourner chez le candidat Sébastien Ajavon n’a pas fait l’objet d’autant d’attention.
Savoir raison garder
De même, qui n’a pas remarqué qu’il n’y a presque pas de polémique quand Alexandre Hountondji qui crache, par ces derniers temps-ci, bruyamment dans la soupe qu’il a longtemps consommée est devenu opposant ? Au contraire, il a été applaudi. C’est ainsi que personne n’a été ému quand Chabi Sika, le bras droit de Boni Yayi s’est mis à critiquer le régime en place. Du jour au lendemain, aucun Béninois ne lui en a voulu qu’il se mette à parler du concept ‘‘Soyons nous-mêmes’’ et tire à boulets rouges sur le régime qu’il a presque dix ans durant défendu. Même Sofiath Schanou, la Secrétaire parlementaire et ardente défenseuse du yayisme n’a pas fait exception à la règle de la realpolitik à la béninoise.
Les exemples des Fcbe désormais abonnés au micmac politique sont légion. Et la grande leçon à retenir de toute cette agitation dans le landerneau politique est que les acteurs politiques et même les analystes doivent se mettre à l’esprit que quand on gagne dans l’euphorie, il faut aussi savoir perdre dans la dignité. Il ne faut donc pas qu’applaudir que lorsque c’est le malheur qui frappe le pouvoir et l’alliance Fcbe. Il faut aussi savoir apprécier à leur juste valeur, les négociations et la maestria qui ont permis d’aller à l’ouverture. Et si le bon sens recommande qu’il n’y ait pas une démocratie à double vitesse et à géométrie variable, c’est tout simplement dire qu’en toute chose, les Béninois doivent savoir raison garder.
Angelo DOSSOUMOU