« C’est un vieil homme de plus de 80 ans qui t’envoie cette lettre, étonné que l’histoire réédite avec toi une des plus grandes impostures de la vie politique dahoméenne. Les annales familiales doivent t’avoir instruit qu’un de tes oncles a accédé au pouvoir en 1968 imposé par KOUANDETE comme tu l’es aujourd’hui par YAYI. Tu dois savoir que les Béninois d’aujourd’hui ne te nient ni ta « béninité » ni, – permets moi ce néologisme – ta « mahiyité ». Ils ne te reprochent ni une certaine compétence intellectuelle, ni une certaine expérience en matière financière et économique. Ils te reprochent surtout de vouloir forcer ton destin en entrant dans l’histoire politique de notre pays par effraction, d’être rentré dans le fourgon de YAYI pour perpétuer tout un système de corruption dont tu donnes chaque jour les preuves irréfutables. Souviens-toi ! Tu as commencé la campagne avec Mr KASSA qui aujourd’hui symbolise le détournement du Bien Commun. Tu as refusé de répondre à l’appel qu’on t’a lancé de dénoncer les examens frauduleux. Comment veux tu, dès lors, que les Béninois ne soient pas fondés à dire que tu es un « Gouverneur colonial » mandaté par le Colon d’hier – ce que communément nous appelons aujourd’hui la France-AFRIQUE – pour couvrir les crimes économiques, les atteintes à la dignité humaine du système YAYI.
C’est parce qu’ils savent que ton choix par YAYI repose sur la volonté de ce dernier de couvrir une gouvernance politique peu élogieuse, jalonnée de scandales les plus nauséabonds (affaire CENSAD, Affaire ICC, affaire machines agricoles… on en finirait pas d’en citer ; les crimes humains imprescriptibles comme la mort de DAGNIVO, celle du juge COOVI et d’autres que beaucoup connaissent mais ne peuvent dire, c’est donc parce qu’ils ont la conviction que tu es chargé de couvrir ce passé là qu’ils te récusent.
Peut être pourrais-tu penser à la phrase de l’Evangile : « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu ». On ne peut pas rentrer dans l’histoire du Bénin par cette porte et prétendre être accueilli. Tu n’es ni un messie ni un sauveur capable de se sacrifier pour ce pays ou le sortir de l’immense bourbier où l’a plongé YAYI. Si les Béninois, un peuple intelligent s’il en est, avaient vu en toi les moindres signes d’un salut, ils t’auraient accueilli comme le Président de leur espérance. Mais aujourd’hui les soutiens que t’apportent quelques quinquagénaires qui n’ont su rien faire dans leur vie sinon que de profiter honteusement de la politique sans aucune considération morale, donne à l’évidence la preuve que tu as partie liée avec des voyous et des bandits pour qui la politique reste le moyen privilégié d’arranger leur ordinaire. Oui cette alliance incongrue faite de fils de famille impolis et mal élevés et des politiciens les plus malpropres du pays, nous confirme, nous Béninois, que tu ne portes pas les signes d’un moindre salut et voilà pourquoi nous ne nous faisons aucune illusion sur ton action à venir, parce que nous sommes sûrs que tu es prisonnier de cette racaille politique. Plus que jamais, la présence insolite à tes cotés de cette mafia de jeunes arrivistes et de vieux politiciens corrompus nous confirme dans l’idée que tu es l’homme d’un système de recolonisation qu’on veut nous imposer par un K.O devenu la pratique électorale de tous les Présidents africains amis de la France.
Mon cher Lionel, si tu as cette lecture, cette bonne lecture du refus que le peuple oppose à ta candidature alors ressaisis toi. Mais si, au contraire, tu préfères accéder au pouvoir dans un bain de sang, le sang de ceux là que tu prétends vouloir servir, alors persévère dans ton entêtement et couvre toute ta famille du discrédit et de l’ignominie d’un Néron moderne dont tu prends l’allure.
Cette lettre n’est pas l’expression d’une haine quelconque que l’ancien que je suis nourrit envers ta personne, mais le cri du cœur d’un homme qui a plein de sympathie pour tes parents et qui veux épargner à ta famille, surtout à ton père que je sais très sensible, des slogans injurieux dont l’intelligence béninoise est féconde et que les tiens ne méritent pas ».
Cotonou, le 12 Janvier 2016
Antoine Robert DETCHENOU