Invités sur l’émission dossier du dimanche de ce 17 janvier 2016 pour se prononcer sur la thématique « Présidentielle 2016 : Les Nouvelles alliances », les Sieurs Cyprien Koboude (membre du PSD), Maître Ibrahim David SALAMI (professeur agrégé de droit à l’UAC et Avocat à la Cour) et le Professeur Abraham ZINZINDOHOUE (juriste, ancien Garde des Sceaux) ont fait à tour de rôle le diagnostic de la situation politique pré-électorale dans notre pays.
L’émission a en effet démarré par une vox populi de laquelle on retient une dénonciation collective de la multitude de candidatures pour le seul fauteuil de la Marina. Pour Maître Ibrahim Salami, cela participerait de la vitalité de notre démocratie, plutôt qu’une banalisation de la fonction présidentielle. Pour tout avis, l’ex Garde des Sceaux n’a fait que rappeler certaines études dans lesquelles il soutenait, à raison aujourd’hui, que « le multipartisme intégral a conduit le Bénin dans le décor ». La Charte des Partis politiques serait selon lui l’instrument de leur mort.
Le décor fut ainsi planté. Interrogé sur la situation de la grande alliance d’opposition qu’est l’UNION FAIT LA NATION et de son positionnement sur l’échiquier politique par rapport aux élections présidentielles de Février 2016, M. Cyprien Koboude a tenu à rappeler les critères qui auraient dû présider à la désignation du candidat unique de l’UN : grande expérience politique parlementaire, expérience gouvernementale, expériences de service dans une Institution Internationale, etc. cela dit, rien n’explique selon lui que l’UN n’ait pas son propre candidat. À entendre ce dernier, il demeure assez déçu de l’échec du processus de désignation d’un candidat unique au sein de l’UN; et, cela cacherait pour rapporter ses propos, des raisons que les militants du grand ensemble ne connaîtraient pas. C’est d’ailleurs cet échec, ce défaut de consensus qui avaient conduit M. Cyprien Koboude du PSD à affirmer au cours d’une sortie médiatique que « l’UN a été vendue aux hommes d’affaires ; l’UN est une coquille vide ». Ces propos, selon ses propres termes n’étaient pas dirigés contre la dignité des ténors de l’Union, mais étaient le coup de cœur d’un militant qui a tout donné pour l’UN et qui enfin de compte est simplement déçu qu’à l’heure des grandes questions l’Union brandisse la pancarte de son échec. Il déplore cette situation et soutient l’idée selon laquelle ayant buté sur le consensus autour d’une candidature interne unique, l’Union ne pourrait non plus arriver à une unanimité autour d’une candidature externe. À l’appui de ces propos, il explique que la démarche adoptée par les responsables de l’UN était déjà suffisamment biaisée, étant donné que chaque Chef de parti prenait ses propres attaches, les uns avançant dans les négociations plus que les autres. Les autres partis ont fait leur choix et bientôt ce sera le tour du PSD, a dit ce dernier qui a exprimé son amertume par rapport au fait que chaque parti membre de ce grand regroupement politique doit faire cavalier seul.
En général, nous devons retenir des interventions que nous assistons à une réorganisation de la classe politique, notamment avec l’alliance FCBE-RB-PRD dont l’annonce continue de tétaniser tous les esprits.
Le Professeur ZINZINDOHOUE désigne cette alliance comme un K.O trigonal, une candidature à trois logos destinée à sceller l’issue des élections. Il n’a pas omis de préciser que le Président Nicéphore D. SOGLO et la Présidente Fondatrice de la Renaissance du Bénin se sont démarqués de cette alliance de la RB avec la FCBE et « l’homme d’affaires de la finance internationale » Lionel ZINSOU et que, lui-même n’ayant pas été consulté, épouse cette démarcation. En ce qui concerne le PRD, Maître Ibrahim SALAMI a laissé entendre que son Président Maître Adrien HOUNGBEDJI « maîtrise ses éléments » et que dans les instances du parti il règnerait un bon ordre.
À l’heure d’aujourd’hui plusieurs questions se posent :
• les bases, les populations sont-elles prêtes à suivre les consignes de vote ?
• la FCBE survivra-t-elle au 06 Avril ?
• HOUNGBEDJI ne serait-il pas entrain de se contredire en ralliant un système qu’il a combattu depuis 2006 ?
• Evoquant l’exemple du parti
« ENSEENMBLE » du professeur Albert TEVOEDJRE, autres partis politiques pourront-ils survivre au 06 Avril 2016 ?
Tout ne serait qu’une question de stratégie ont laissé entendre les intervenants. De toute façon, il y aura une nouvelle recomposition de la classe politique après le 06 Avril 2016. Et, pour gouverner dans la paix et la concorde, le candidat qui sera déclaré élu, doit être vraiment celui que le peuple aura choisi. Les élections, indépendamment des alliances qui ont des effets psychologiques et politiques, doivent se passer dans la transparence, la clarté pour espérer préserver la paix.
Abordant la question du financement des partis politiques, M. KOBOUDE Cyprien s’accorde avec le Professeur ZINZINDOHOUE sur le fait qu’il faille réorganiser le système partisan béninois et régler le problème de leur financement, revoir leur mode de management et le mode de financement de leurs activités pour éviter les situations de défection, d’alliances précaires auxquelles nous assistons. Selon lui, si tout se passe normalement, il n’y pas de crainte quant à ce que le pays soit gouverné dans la paix et la sérénité. Cependant il revient sur un fait : « les gens pensent que les alliances sont capitales et peuvent bouleverser l’issue des élections ; sinon comment comprendre qu’on rallie pour une cause électorale, un système qu’on a combattu ». Cela cacherait des raisons qu’une fois encore les militants ignorent. Selon ses derniers propos, la première mission qui attend le nouveau Président est la réformation du système partisan, car du point de vue du Professeur Abraham ZINZINDOHOUE, les gens se font une idée erronée de ce qu’est un parti politique. Un parti politique n’a pas pour but d’enrichir ses membres et qu'il demeure longtemps ou non dans l'opposition ne devrait constituer un problème.
Comlan Hugues Sossoukpè