La présidentielle de 2016 approche à grands pas et toujours, aucune position politique officielle affichée par le président Bruno Amoussou. En dépit des événements majeurs qui ont marqué l’actualité politique ces dernières semaines, à environ un mois du premier tour du scrutin le 28 février prochain, le renard de Djakotomey se mure dans un silence pesant. D’abord, très attendu sur le non choix du candidat unique de l’Union fait la nation (Un), l’ancien président de l’Assemblée nationale se réfugie, pour le moment, derrière un communiqué laconique de l’alliance qu’il préside pour s’abstenir de s’expliquer sur cette option politique.
Un non choix à justifier !
Pourtant, avec le chapitre des candidats à l’interne recalés, l’indécision autour des candidats à l’externe que sont Patrice Talon et Sébastien Ajavon et l’accord sur le ‘‘tout sauf Lionel Zinsou’’, Bruno Amoussou et le comité en charge de la désignation du candidat unique de l’Un devaient davantage plus d’explications à leurs militants et sympathisants.
D’ailleurs, pour moins que cela, le renard de Djakotomey avait habitué ses admirateurs à sortir de sa tanière. Et si le président de l’Un ne trouve aucun intérêt à laisser à la postérité le pourquoi du non choix entre les deux candidats à l’externe et les raisons qui sous-tendent l’embargo sur le choix de Zinsou, rien ne saurait justifier qu’il n’explique à la nation son point de vue sur l’avenir de l’Un et qu’il continue de garder un mutisme sur l’alliance Fcbe-Prd-Rb.
L’alliance Fcbe-Prd-Rb ?
Toujours est-il que très impliqué dans la victoire de Me Adrien Houngbédji au perchoir le 19 mai 2015 et étant l’un des ténors de l’alliance Wologuèdè en 2006 avec la Rb puis de l’Un en 2011, Bruno Amoussou est sur l’échiquier politique une référence. Mais, depuis des mois, sur des questions qui engagent l’avenir de son pays, cette grande figure politique de l’histoire du Bénin laisse ses compatriotes sur leur soif. Car, Bruno Amoussou a forcément sa petite idée sur le choix commun opéré pour la présidentielle de 2016 par le Prd et la Rb, deux des grands partis de l’opposition, et ce serait un euphémisme d’affirmer que ses commentaires ne laissent pas indifférents. Aussi, les Béninois s’impatientent-ils de voir la fin de la longue hibernation du renard de Djakotomey, pour l’entendre décrypter le choix du premier ministre Lionel Zinsou par le Prd et la Rb.
Le Psd, Golou et 2016 ?
L’autre dossier sur lequel Bruno Amoussou est très attendu est la position du Psd. Car, même s’il est vrai qu’il n’en est plus le président et que c’est à Emmanuel Golou que cette tâche est désormais dévolue, il n’en demeure pas moins qu’il continue d’avoir une certaine influence au sein du parti qu’il a porté sur les fonts baptismaux avec l’avènement du renouveau démocratique. Toujours par rapport au Psd, le renard de Djakotomey est bien placé pour lever l’équivoque sur l’imbroglio qui entoure la non désignation de son poulain Emmanuel Golou pour la candidature unique à l’Un.
L’ambition présidentielle du frère cadet ?
De même, l’ancien président de l’Assemblée nationale est-il bien indiqué pour couper court ou confirmer les rumeurs faisant état d’un rapprochement entre le candidat Lionel Zinsou et le Psd. Le parti du Dadjè national serait-il l’un des tout premiers de l’Un à trahir le pacte anti Zinsou ? La piste de l’Internationale socialiste qui pourrait conduire le Psd à s’allier avec Lionel Zinsou serait-elle plus forte que celle du pacte noué au sein de l’Un contre le candidat de l’alliance Fcbe-Prd-Rb ? Ou encore, le président Bruno Amoussou comme Nicéphore Soglo et Albert Tévoèdjrè n’a-t-il plus aucune emprise sur le Psd ?
Si, seul le renard de Djakotomey peut répondre à ces différentes questions, il est aussi le seul à pouvoir fixer les Béninois sur l’appréciation qu’il fait de la candidature de son frère cadet le Général Fernand Amoussou. Très tôt annoncé pour la course à la présidentielle de 2016, il serait intéressant de s’assurer que l’ambition du Général candidat n’a pas, en définitive, influé sur le désistement de dernière minute de Emmanuel Golou. Pour tout ceci, Bruno Amoussou doit parler. C’est un devoir républicain.
Angelo DOSSOUMOU