Sur demande insistante des députés de l’Union fait la Nation, l’Assemblée nationale a ajourné l’examen et le vote du projet de loi portant autorisation de ratification de l’accord suisse relatif au projet d’électrification de 300 localités rurales en République du Bénin. Le rapport a été retiré et retourné à la Commission des Finances et des Echanges pour permettre au gouvernement de revoir sa copie.
147, 590 milliards FCFA, c’est le coût global du projet d’électrification de 300 localités rurales en République du Bénin. Ce financement a été saucissonné en deux tranches à raison de 91, 840 milliards FCFA d’un côté pour 260 localités et 55,750 milliards FCFA d’un autre, prenant en compte 40 localités. Les députés devraient autoriser au cours de leur séance plénière du mardi 19 janvier la ratification de la convention de crédit signée à Cotonou le 15 décembre 2015 entre la République du Bénin et le crédit suisse AG succursale de Londres dans le cadre du financement partiel du projet d’électrification de 300 localités rurales en République du Bénin. Il s’agit d’un financement partiel qui porte sur le montant de 55,750 milliards FCFA prévus pour l’électrification de 40 premières localités rurales. Mais l’examen du dossier n’est pas allé à son terme. Tout en saluant les efforts du gouvernement pour avoir décroché ce financement suisse, les députés ont relevé plusieurs insuffisances dans le montage du projet.
Leurs griefs ont surtout tourné autour des critères qui ont motivé le choix des 300 localités. Lesquels critères selon la plupart des députés laissent à désirer.
Du choix des localités
Certaines localités auraient été favorisées au détriment d’autres. Des communes comme par exemple Tanguiéta sur les 77 que compte le Bénin, ont été omises. Outre la question de sélection des localités, certains députés surtout de l’Opposition ont dénoncé le coût du projet qui cacherait des nids de surfacturation. Le moment choisi par le gouvernement pour envoyer le dossier à l’Assemblée nationale a été également fustigé par certains députés. « C’est un projet électoraliste et trompeur», alerte le député Sacca Lafia. Pour lui, voter un tel projet à la veille de la présidentielle prochaine, c’est donner les moyens de campagne au chef de l’Etat pour charmer les électeurs à voter pour son candidat. Il n’en fallait pas plus pour amener son collègue Antoine Kolawolé Idji, se fondant sur les dispositions de l’article 46 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale à demander l’ajournement de l’examen du dossier. Il sera renforcé dans sa position par ses collègues Patrice Nobimè et Rosine Vieyra Soglo. Pour ceux-ci, il faut retirer le rapport pour permettre à la Commission des Finances et des Echanges et au gouvernement de mieux étoffer le dossier. Ladite commission a accédé favorablement à cette doléance de report de l’étude du dossier. C’est ainsi que la séance plénière a été reportée sine die par le Premier vice-président de l’Assemblée nationale Eric Houndété, président de céans.
Il faut signaler que le projet d’électrification de 300 localités rurales devra permettre de porter à 1954 le nombre de quartiers de ville ou villages électrifiés au Bénin. Il y aura des effets positifs sur le secteur productif des zones concernées et contribuera à améliorer le capital social des populations en favorisant l’accès à l’énergie électrique dans les conditions optimales et la mise en place des outils de développement sociaux tels que l’éducation et la santé. Le projet permettra par ailleurs de contribuer à la réduction de la dépendance énergétique du Bénin vis-à-vis de la sous-région, l’accroissement des capacités de production de la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee), la lutte contre l’exode rural et le chômage des jeunes à travers la création d’activités génératrices de revenus.