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En prélude à l’élection présidentielle du 28 février prochain: Les candidats subissent la visite médicale
Publié le mardi 26 janvier 2016  |  La Nation
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© AFP par Charles Placide Tossou
Le Premier ministre Lionel Zinsou du Bénin
Lundi 22 juin 2015.






On se croirait dans une cour d’école un premier jour de classes. Entre l’isolement ou mieux, le dépaysement des uns, les retrouvailles sur fond d’échanges et de convivialités des autres, ou peut-être encore les nouvelles amitiés qui semblaient se créer. Toujours est-il que l’ambiance était bon enfant lundi 25 janvier au siège de la Cour constitutionnelle. Institution qui a convoqué les candidats à l’élection présidentielle du 28 février prochain pour leur faire subir des tests médicaux.

De la position qui leur a été imposée par les agents en charge de la sécurité de la Cour constitutionnelle, les professionnels des médias ont pu néanmoins s’apercevoir de quelques séquences non moins intéressantes, attenantes au déplacement des présidentiables, venus se faire examiner avant la publication de la liste définitive des candidats retenus pour le scrutin du dimanche 28 février prochain. Il s’agit en fait d’une obligation de l’article 44 de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990 qui stipule entre autres que «Nul ne peut être candidat aux fonctions du président de la République s’il … ne jouit d'un état complet de bien-être physique et mental dûment constaté par un collège de trois médecins assermentés désignés par la Cour constitutionnelle».

«Comme des écoliers»

Ledit collège ayant prêté serment au cours du week-end écoulé, les présidentiables ont été convoqués pour lundi 25 janvier tôt le matin. Sauf que tous n’ont pas fait l’option de la ponctualité. Alors que certains candidats sont venus très tôt, d’autres ont préféré prendre leur temps. Retard mineur pourrait-on dire pour Robert Gbian, Kamarou Fassassi, Eric Houndété, venus pour la plupart autour de huit heures. Puis, on pourrait déplorer le retard criard de certains candidats comme Kessilé Tchala Sarré et Gabriel Ajavon. Mais cela restera sans influence sur le déroulement de l’activité. L’attente va ainsi durer deux heures d’horloge, sans qu’on sache vraiment ce qui se faisait à l’intérieur de la Cour constitutionnelle où l’on a néanmoins noté quelques aller-venues de médecins et hommes en blouse.
10 heures 30 minutes. Les présidentiables sont enfin visibles dans la cour de l’institution. Et ce sont Fernand Amoussou et Daniel Edah qu’on aperçoit en premier. Comme s’ils avaient besoin de ce précieux instant pour échanger sur des affaires communes, (peut-être leur fief commun, le Mono-Couffo), les deux hommes s’isolent et s’engagent dans une discussion visiblement très sérieuse qui va durer presque dix minutes. Ils seront suivis deux minutes après par Karimou Chabi Sika et Robert Gbian. L’air sérieux, avec de grands gestes de main, les deux hommes échangent, tout en lisant un document solidement tenu par Karimou Chabi Sika. Le temps pour Pascal Irénée Koupaki de faire ses civilités à Kamarou Fassassi qui sera rejoint par Eric Houndété. On a également surpris un échange entre Abdoulaye Bio Tchané et Robert Gbian, puis entre ce dernier et son frère d’arme, le général Fernand Amoussou. Malgré cette petite scène qui est venue casser la monotonie qui régnait sur les lieux, quelques minutes plus tôt, l’impatience était toujours à son comble dans le rang des professionnels des médias. Certains candidats communément appelés «grosses cylindrées» n’étaient en effet toujours pas visibles et cela, comme on peut l’imaginer, alimentait les commentaires.
Cette impatience va vite s’estomper, lorsqu’un présidentiable tout de blanc vêtu traverse la cour de l’institution, cartable à la main, à pas pressés, sans trop s’occuper de ses pairs : c’est Patrice Talon. Ce n’est qu’à son suivant passage qu’il a eu le temps de converser un petit moment avant de disparaître à nouveau du champ de vision trop restreint réservé aux journalistes et autres chasseurs d’image. Suivra Célestine Zanou et sa longue robe multicolore dont le passage a pu apaiser ceux qui attendaient de dévisager les candidates. Mais, il aura fallu attendre bien plus tard pour apercevoir le Premier ministre Lionel Zinsou qui lui, n’avait visiblement pour seul compagnon que son téléphone portable.

«Pour que nous ayons un président bien portant»

L’obligation faite aux prétendants au fauteuil présidentiel de se soumettre à une série d’examens médicaux vise à s’assurer du bon état de santé du futur président de la République. Et c’est à cœur joie qu’ils s’y sont donnés, lundi 25 janvier. Après quoi, le collègue médical assermenté composé de trois titulaires et leurs suppléants statuera sur les résultats et donnera son avis à la Cour constitutionelle qui se chargera de valider ou d’invalider les dossiers à elle soumis. Il s’agit pour la plupart d’examens cliniques de médecine générale, de psychanalyse et de psychiatrie, d’électrocardiogramme, de radiographie, d’encéphalogramme et bien d’autres. Pour ce faire, des prélèvements de sang et d’urine sont faits aux candidats qui, à l’occasion, ont été répartis en trois groupes. Lesquels feront le tour entre la Cour constitutionnelle, le Centre hospitalier universitaire Hubert K. Maga (Chu-Hkm) et le centre d’imagerie médicale Sèzo.
«C’est assez bien organisé. On n’a pas perdu trop de temps. On nous a expliqué ce qu’il faut faire et on s’y est mis», a fait savoir Alexandre Hountondji. «Je peux vous rassurer que tout va bien», estime de son côté Natondé Aké. «On vient de nous remettre la composition des groupes. On nous a réparti en trois groupes et en fonction des groupes vous allez faire vos analyses suivant la programmation des sites», rajoute Victor Topanou. «On a fait des prélèvements ici, on m’a donné des documents et je dois aller au Chu-Hkm. Je n’ai pas du tout peur», déclare Issa Salifou de son côté. L’autre candidate assez rassurante, c’est Célestine Zanou : «Quand vous avez l’habitude de contrôler votre état de santé, vous avez quand même une certaine assurance. Tout va bien. Nous sommes dans le second filtre après le dépôt des dossiers pour que nous ayons un président bien portant physiquement, psychologiquement et mentalement et prions pour que tout se passe bien … Je suis en bonne santé», estime cette dernière. Cette série d’examens relève de l’ordre normal des choses selon le candidat Késsilé Tchala Sarré pour qui ce «bilan de santé est prescrit pour besoin de confirmation de l’état de santé du candidat». Même appréciation de la part de Pascal Irénée Koupaki qui, avant de prendre la direction du Chu-Hkm pour ses examens a déclaré : «Je fais partie du groupe qui a fait ses prélèvements ce matin. Ce sont des étapes très importantes. Il faut qu’on s’assure que le futur gouvernant est en pleine forme physique mentale et morale. C’est un bel exercice à accomplir et en tant que candidat je viens l’accomplir. Je me soumets aux instructions du collège des médecins». L’Exercice est plaisant, estime de son côté Patrice Talon qui aurait souhaité moins de tracasseries pour disposer du temps à d’autres fins. Marie Elise Gbèdo quant à elle se veut rassurante et l’illustre avec son bon état physique qui devrait lui permettre une fois élue de bien diriger le pays. Le candidat Marcel de Souza pour ce qui le concerne n’a pas aimé d'avoir été informé sur place des frais inhérents à l’exercice.
Au total, les candidats à l’élection présidentielle du 28 février prochain accomplissent cette obligation constitutionnelle avec sourire. Lequel se poursuivra encore pendant 48 heures. Le temps pour chacun d’eux de faire le tour des trois sites retenus à cette fin.

Notes d'humour

La séance de la visite médicale des candidats à l’élection présidentielle ne s’est pas déroulée sans quelques notes d’humour. En dehors des instants entre candidats tenus très loin des micros et caméras, certains propos retiennent néanmoins l’attention. C’est ainsi qu’à la question adressée au candidat Patrice Talon faisant état de ce qu’il serait «un président très en forme», celui-ci a rétorqué que « c’est peut-être un coup qu’ils montent».
Quelques minutes plus tard, les professionnels des médias qui manifestaient le désir d’arracher quelques mots au candidat Lionel Zinsou ont été soumis à 83 secondes de bousculade sur fond de « Reculez-vous un peu derrière» de la part de certains éléments de sa garde rapprochée, avant d’y parvenir. Pascal Irenée Koupaki lui, à la question de savoir ce qu’il fallait lui souhaiter pour la suite, a lancé tout souriant : «Je vais gagner». Un autre candidat, en guise de confidence, a fait savoir qu’à l’intérieur, le candidat Lionel Zinsou était esseulé. Pourtant, chose curieuse, ce dernier avant de prendre congés de la Cour constitutionnelle a déclaré entre autres : «Tous les candidats étaient dans une salle d’attente et cela permettait des échanges très sympathiques. L’ambiance est extrêmement détendue. Nous sommes contents de nous retrouver, de nous parler, et c’est très détendu». Pourquoi ne pas évoquer aussi ces instants singuliers faits de dépassements entre les candidats Patrice Talon et Lionel Zinsou sans que l’un ne se soucie de l’autre et sans le moindre regard. Et, enfin, mentionner l’accueil chaleureux réservé à certains candidats par les agents du Chu-Hkm et l’indifférence voire le dédain qu’ils ont par ailleurs affiché à la vue d’autres candidats. Au point où l’un d’eux a dû partir incognito des lieux avec ses gardes et son cortège après avoir vainement agité la main à son arrivée sans obtenir en retour la moindre adhésion à son geste, certains agents et parents de malades s’étant même donné le loisir de le bouder et de détourner le regard à son passage.

Josué F. MEHOUENOU
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