Cotonou - La Cour d'appel de Cotonou a repris dans la grande salle A ce mardi, la poursuite du procès de Cossi Codjo Allofa et Donatien Amoussou, accusés respectivement d’assassinat et de complicité d’assassinat dans l’affaire Dangnivo Pierre Urbain, disparu dans la nuit du 17 août 2010 , un procès suspendu le 14 janvier 2016 pour une exception d’inconstitutionnalité soulevée la veille par les conseils de la partie civile et soutenue par ceux de la défense.
A la reprise du procès, Me Olga Anassidé, l’une des conseils de la partie civile, a rafraîchi les mémoires en rappelant le problème d’exception d’inconstitutionnalité soulevée à la dernière audience par les conseils de la partie civile dont elle fait partie et soutenue par ceux de la défense basée sur l’article 302 a1 du code pénal considérée contraire à l’esprit de la Constitution. Elle a aussi fait part de la décision rendue par la Cour constitutionnelle sur ce problème soulevé.
Ensuite, la directrice des Ressources humaines du ministère des Finances, Estelle Djossouvi, a comparu pour fournir à la Cour, aux avocats de la défense et aux conseils de la partie civile des informations sur Dangnivo Pierre Urbain. Dans sa déclaration, elle fait savoir que le disparu était administrateur des services financiers et qu’en dehors de cela, il était coordonnateur d’un projet. Suite à des questions qui lui sont posées par la défense et d’autres avocats, elle a laissé entendre qu’elle ne sait pas si le poste de coordonnateur qu’occupait Dangnivo Pierre Urbain était sensible ou pas. Elle ajoute qu’elle ne connaît pas le contenu de ce projet. Pour en savoir plus, elle précise que le directeur de la Programmation est bien placé pour répondre. Par ailleurs, elle déclare que Dangnivo Pierre Urbain est disparu mais qu’il n’est pas retiré de l’effectif des agents du ministère. Enfin elle souligne qu’elle est DRH sous le ministre Mama Lawani depuis 2008.
Après elle, c’est l’officier de police judiciaire, Firmin Boko qui a comparu. Il a déclaré qu’il est le président de la commission chargé de retrouver les auteurs du disparu. Il a ensuite fait savoir que des investigations, il ressort que Cossi Codjo Allofa et Donatien Amoussou sont inculpés, car le premier a avoué les faits tout en décrivant la scène donnant la mort à Dangnivo et comment Donatien Amoussou a été cité dans cette affaire. Il a ajouté que l’accusé même a indiqué là où il a enterré le corps du disparu et a ensuite dit que des organes, oreilles et oeils ont été prélevés et mis dans un bocal à des fins précises. Tout ceci a été fait chez lui à Womey à l’arrière cour de sa maison.
Les avocats de la défense ont relevé des failles dans le travail fait par la commission, notamment celle de n’avoir pas lancé un mandat d’arrêt contre Evouna Atangana Priso pourtant important dans le dossier si l’on s’en tient aux déclarations de ce dernier et à celles des accusés et autres investigateurs de la commission de recherches. Les avocats ont fait remarquer à la Cour que l’officier Firmin Boko n’est pas un témoin. Suite à cela, les conseils de la partie civile et ceux de la défense ont demandé à l’officier Firmin Boko de donner deux noms de personnes qui ont auditionné Allofa. A cette question de Me Olga Anassidé, Firmin Boko a dit qu’il ne peut pas citer de noms estimant qu’il y avait plusieurs personnes. Il ajoute que sa mémoire n’est pas un livre ouvert et il a répondu à d’autres questions de compréhension de l’affaire selon sa capacité.
Me Théodore Zinflou a demandé à la Cour sur la base des interpellations- réponses que la Cour et l’officier Firmin Boko fournissent les deux numéros ayant servi pour les échanges entre Allofa et Dangnivo avant sa disparition. De même, il a demandé à la Cour l’organisation d’une sortie pour visiter les lieux où est exhumé le corps retrouvé à Womey toujours pour la manifestation de la vérité.
Il est à noter que le témoin Zossou Togbé a décaré à la barre qu’il ne connait pas les accusés et qu’il ne sait rien de cette affaire Dangnivo. Toutefois il est mécontent d’être torturé injustement pour une affaire dont il ne sait rien. Et informe que sa libération, trois (03) ans environs après son arrestation ,lui a valu le paiement d’une caution de cent (100.000) mille francs CFA .
Le grand frère de Donatien Amoussou, Auguste Amoussou a aussi comparu ce jour. Il a fait savoir à la Cour que c’est Evouna Atangana Priso qui détenait les informations sur la disparition de Dangnivo selon les dires de son propre frère Donatien Amoussou. Et que c’est dans la démarche de porter cette information à Akpaki Julien en collaboration avec son frère et Priso l’ami de son frère, que son frère a été arrêté et mis par la suite en prison tandis que Priso jouit de sa liberté. Ce qu’il trouve d’incompréhensible. Il a demandé à la Cour que la vérité éclate et que justice soit rendue.
La cinquième personne qui devrait être écoutée ce jour, est le médecin légiste Kpadonou. Son audience est reportée pour mercredi 27 janvier 2016.
C’est sur lui que la Cour a suspendu l’audience de ce jour pour être reprise mercredi à 9h 00mn.
La Cour était présidée par M. Félix Dossa, avec comme assesseurs MM. Jacques Hounsou et Armand Agbowaï. Le ministère public était représenté par Gilles Modeste Sodonou. Me Edouard Zavonou a tenu la plume.
ABP/JMN/TB