Les Béninois attendaient d’avoir les raisons de son choix et de celui de son parti pour la présidentielle de 2016. Depuis hier, ils les ont avec d’amples explications. C’était au cours d’une émission consacrée au décryptage de l’actualité nationale. Serein et plein d’assurance, c’est Adrien Houngbédji, la deuxième personnalité du Bénin et président du Prd qui s’est chargé de justifier, sans langue de bois, le choix du premier ministre Lionel Zinsou comme porte-étendard du Parti arc-en-ciel pour la présidentielle du 28 février prochain. « Nous avons fait vingt cinq ans d’opposition et participé à des combats qui portent sur nos valeurs. Mais, le Prd a été créé pour assumer des responsabilités au sommet de l’Etat. Nous sommes opposés à Boni Yayi mais pas à celui qui vient après lui. Ce qui arrive après, ne regarde que Lionel Zinsou », a-t-il affirmé.
D’ailleurs, le seul moment au cours de l’émission où le président Houngbédji a donné à penser à des regrets de n’avoir pas pu accéder à la magistrature suprême, c’est quand il a rappelé l’épisode de son échec à la présidentielle de 2011. « Nous avons été aux élections cinq fois. En 2011, nous avons gagné. La Cour constitutionnelle a dit que c’est un autre qui a gagné… », s’est-il plaint. Et, même si urbi et orbi, il a affirmé : « je ne suis pas malheureux de n’être pas devenu président de la République. Je n’ai pas d’amertume… », les téléspectateurs se sont fait leur religion. Cette page sombre de son histoire politique refermée, le leader du Prd se focalise maintenant sur la présidentielle de 2016 avec l’objectif de faire élire le candidat de la coalition Fcbe-Prd-Rb, Lionel Zinsou.
Les leçons de Houngbédji
L’opposant au régime Boni Yayi n’a également pas eu du mal à justifier la non désignation d’un candidat issu des rangs de l’opposition par sa formation politique. D’abord, a-t-il constaté, la cohésion au sein des partis opposés au régime en place qui a prévalu le 19 mai 2015 pour son élection au perchoir n’existe plus. Car, pour lui, si elle existait, l’opposition aurait eu un candidat unique. Alors, se désole le président du Prd, parmi les 32 députés qui se sont ajoutés aux 10 du Prd pour le porter au perchoir, il y a 7 candidats à la présidentielle de 2016. « Est-ce que nos maigres voix plus l’un d’eux font-ils un président de la République ? Nous ne voulons pas gaspiller nos suffrages. Pour être élu, il faut avoir plus de 50%. Nous voulons participer à la gestion du pouvoir en 2016 et celui qui a le plus de chance, c’est le candidat des Fcbe. Il a des chances de faire le K.O », a-t-il assuré tout en rappelant que c’est la première force politique et que le Prd et la Rb la suivent immédiatement.
D’autres raisons ont motivé le Prd et Me Adrien Houngbédji à choisir Lionel Zinsou. D’un ton ferme, l’invité du plateau de la chaîne nationale a laissé entendre que le Conseil national du Prd a décliné l’offre des candidats indépendants ou des hommes d’affaires. Ceci pour plusieurs raisons notamment la confusion du genre. « Sur quelles bases voulez-vous qu’un parti soutienne un candidat indépendant ? Ce n’est pas satisfaisant pour un parti comme le Prd. Nous ne voulons pas d’un chef d’Etat commerçant, et nous n’allons pas attendre qu’il soit élu avant de dénoncer ce que nous craignons », a-t-il confié.
Houngbédji avec expérience !
Toujours sur la candidature de Lionel Zinsou, le président du Prd s’est évertué à démonter les polémiques autour d’un quelconque soutien de la France au premier ministre béninois. « A chaque élection, on trouve toujours qu’un candidat est soutenu par la France. En 2006, c’était mon cas », s’est-il amusé. Mais peu importe. Le président du Prd garantit au candidat Lionel Zinsou qu’à la présidentielle du 28 février 2016, il récoltera plus de suffrages que le Prd n’en a eu lors des dernières élections législatives.
D’ailleurs, samedi prochain, à l’occasion du Conseil national extraordinaire du Prd, la candidature de Lionel Zinsou sera entérinée avant son officialisation par le congrès du parti arc-en-ciel. Et si l’emblème du Prd figure sur le logo du candidat Zinsou alors que le Conseil national n’en a pas encore décidé, Me Houngbédji est direct : « Nous avons décidé que ça soit à notre conseil national que la candidature de Zinsou soit entérinée mais, il y a eu un fait inattendu. C’est le problème du logo. Nos électeurs n’ont jamais voté l’emblème cauri et la solution que nous avons trouvée, c’est d’avoir les trois logos ».
Aussi, au cours de cette sortie médiatique, le président Houngbédji s’est prononcé sur la gestion du parlement, les réformes politiques et la pléthore de candidatures à la présidentielle au Bénin. « Il faut jouer sur les 15 millions et opter pour un système de parrainage pour avoir moins de candidatures », a-t-il conseillé. L’invité de l’Ortb n’a également pas oublié de préconiser des réformes, surtout politiques, après la présidentielle de 2016. Ceci, afin que nous accédions véritablement au développement. Il ajoute : « Le prochain mandat doit être celui d’une transition consacrée aux réformes ». Mais déjà, à l’Assemblée nationale, le président Houngbédji use de son expérience pour un parlement moderne et exemplaire.
, Angelo DOSSOUMOU